L’élection est un moment au cours duquel l’ordre est mis en jeu dans l’inscription des électeurs, la nomination des candidats, l’affichage et la vérification des listes, le vote lui-même, puis le décompte et l’annonce des résultats
Par Hachim Mohamed
Ce 14 janvier, les Comoriens sont appelés aux urnes pour élire et le président de l’Union et les gouverneurs de trois iles pour les cinq futures années.
Visiblement pour décourager les électeurs d’accomplir leur devoir civique à défaut d’entraver l’accès aux bureaux de vote dans des circonscriptions clés de Moroni, ils sont nombreux les présidents de bureau interrogés par nos soins à être formels quant aux difficultés à se retrouver sur les listes.
Sur le terrain nous avons pu constater que la cartographie des circonscriptions dans la capitale a été chamboulée, obligeant les votants à se livrer à un véritable parcours de combattant pour rattraper le meilleur bureau et pouvoir déposer in fine les bulletins de son choix dans les urnes.
Toujours au chapitre des couacs, le retard dans l’ouverture des bureaux de vote et au déploiement des kits électoraux a également émaillé le double scrutin.
La ville de Mdé a voté tôt
Sur les premiers bureaux visités dans le déplacement sur le terrain, Iroungoudjani est le quartier de ces circonscriptions où les premiers votants croisés après avoir choisi leurs candidats en lice sont souriants. Amina et Zaourata disent qu’elles n’ont pas attendu longtemps pour faire ce qu’elles devaient faire une fois derrière le paravent. Elles disent qu’à part la pluie, les personnes âgées qui ont des difficultés à lire sur la liste leurs noms, dans l’ensemble les votes se passent dans le calme et la sérénité.
Interrogé, sur les assesseurs, un président d’un bureau de vote à Mdé qui a requis l’anonymat répond qu’ils sont tous là en plus des mandataires des candidats de l’opposition. Sur l’arrivée et l’installation de kits électoraux, il dit qu’il les a réceptionnés à 5 heures du matin, se démarquant ainsi de certains bureaux de vote de Moroni-Nord, où il fallait attendre jusqu’à 9 heures avant le début des opérations.
« On m’a arraché de mon lit avant l’heure de la prière du matin ! Par bonheur, je suis le premier à glisser les bulletins dans les caisses », a-t-il raconté.
S’agissant des heures d’ouverture des bureaux de vote dans la plupart des circonscriptions de Moroni, la fourchette se situe entre 7 heures et 9 heures passées dans le déroulement des opérations.
S’il y a quelque chose qui, pour insuffisances et anomalies dans l’organisation a attiré l’attention dans les bureaux de vote visités, ce sont les mandataires de cinq candidats au poste de président et ceux des candidats au poste de gouverneur de l’opposition qui étaient difficiles à chiffrer nonobstant les réponses approximatives des présidents des bureaux de vote.
À l’échelle des assesseurs, certains présidents font état du manque d’un membre, parfois remplacé par un autre quand la CENI a été saisie sur la question. Les mandataires trouvés sur place sont au nombre de deux à 5 personnes et rarement au complet selon la loi électorale.
Perturbation accidentelle ou délibérée
Le double scrutin pour le choix du président de la République et les 3 gouverneurs des iles a connu une scène qui frise la tentative de magouilles politiciennes.
Un habitant de la ville d’Iconi et diplômé d’une école de formation professionnelle au Sénégal raconte qu’en allant dans le bureau de vote où il est inscrit sur les listes affichées, sur les lieux, on lui fait savoir qu’il ne figure pas sur la liste des votants et qu’il devait faire le tour des bureaux du Bambao pour retrouver son nom. Quand il a retrouvé le bureau de vote où il est inscrit, on lui a montré une liste longue comme le bras. Il lui a fallu beaucoup de patience et d’efforts avant de retrouver son nom sur une liste.
Une présidente et un président de BV
Le vote sur le double scrutin s’est déroulé dans un contexte de vive tension dans une capitale quadrillée par la police et dans le non-respect total des règles démocratiques les plus élémentaires à certaines localités de trois iles, notamment à Anjouan.
Sur les tendances après la fermeture des bureaux de vote en ce soir du 14 janvier, le bloc de tous les candidats de l’opposition en lice a récolté une part importante du vote sanction, ratissant beaucoup plus large que sa base habituelle.
Contactés au téléphone des agents de la CENI ont livré le tableau de la fin du processus électoral. Ces deux interlocuteurs sont formels pour dire qu’il n’y a pas eu d’incident et que les décomptes des bulletins se sont bien passés.
Sur les PV des 9 bureaux de vote de la ville d’Iconi postés par l’agent de la CENI Elmamoune, le président sortant Azali Assoumani est arrivé en tête avec 1394 voix, suivi en deuxième position par Dr Salim Issa Abdallah avec 271 voix et en troisième position Bourhane Hamidou avec 161 voix.
Pour le poste de gouverneur dans la ville d’Iconi, c’est Moussa Ibrahim qui est passé devant avec 1350 voix, suivi en deuxième position par Mzé Mohamed Ibrahim avec 562 voix et en troisième position Sagaf Mihidhoir avec 27 voix.
Dans le bureau de vote de la présidente Chaima et celui du président Elmamoune, la première citée affirme que la fermeture était intervenue à 18 heures et l’autre à 18 heures 30.