Ancien ministre de la Justice, Djaffar Ahmed Mansoib est un des cadres importants du parti Juwa et un fidèle de l’ex-président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Plutôt en retrait, il a pourtant été désigné Directeur de campagne de Salim Issa Abdallah. La mission paraissait impossible avec un candidat peu connu, il y a encore quelques jours et un parti qui semblait sans direction et en hibernation. Pourtant, après la réussite du meeting du stade Missiri, tout semble possible pour les militants du plus grand parti des Comores.
Propos recueillis par Hachim Mohamed et MiB
Masiwa – À moins d’une semaine de la fin de la campagne électorale, quelle est votre stratégie à Ngazidja ?
Djaffar Ahmed Mansoib – Dr Salim a choisi de mener une campagne de proximité qui ne nécessite pas une logistique lourde. Ses déplacements à travers Ngazidja, pour le moment, se déroulent sans encombre.
L’accueil dans les villages et les villes de l’île reste chaleureux. Je saisis cette opportunité pour remercier tous les habitants qui arrêtent leurs jeux de dominos ou des cartes pour écouter les messages du Dr Salim. Et chaque fois que nous faisons la prière dans une mosquée, on invite spontanément Dr Salim à s’adresser aux fidèles. Le plus souvent un duan est prononcé en faveur de notre candidat.
Masiwa – Est-ce que vos militants ont eu des soucis avec ceux du régime en place ou avec des habitants des localités où vous vous rendez ?
Djaffar Ahmed Mansoib – Nous n’avons jamais rencontré une quelconque adversité pendant nos déplacements, la sérénité et l’image positive qu’incarne Dr Salim appellent le respect et la tolérance.
Masiwa- Les portraits de votre candidat n’étaient pas présents sur les murs des villes, pourquoi ?
Djaffar Ahmed Mansoib – Il y a eu un problème de réception de notre matériel de campagne. En attendant, nous avons comblé le vide par le biais des réseaux sociaux.
Masiwa – Votre candidat bénéficie-t-il d’une protection de la part des forces de l’ordre ?
Djaffar Ahmed Mansoib – Je ne pense pas que les candidats de l’opposition bénéficient d’une quelconque sécurité assurée par le ministre de l’Intérieur. Nous croyons en l’engagement de nos électeurs et de nos militants, ce sont eux qui protègent notre candidat. Qu’ils en soient ici remerciés.
Masiwa – Comment évoluent les équipes de campagne sur le terrain ?
Djaffar Ahmed Mansoib – Pour Ngazidja, la plus grande partie de Mbadjini, Dr Salim est allé à la rencontre de la population pour des échanges sans filtres ni protocole. Il arrive aussi que Mzimba Attoumane Saandi et d’autres personnalités, notamment Djaffar Abasse, Razida sillonnent le Mbadjini, le Mbude… Dans les 18 villages, le candidat Salim n’a eu de cesse d’inviter les populations à aller voter massivement, tout en leur assurant que tous les bulletins seront comptabilisés.
Dans le Mitsamihuli, notre candidat Midhoire Sagaf utilise la même méthode : une campagne de proximité.
Masiwa – Quelles sont les mesures phares que compte prendre votre candidat s’il est élu ?
Djaffar Ahmed Mansoib – plutôt que de parler de mesures phares, citons d’abord les mesures d’urgence. Le diagnostic est alarmant. Il faut avant tout améliorer la vie quotidienne des Comoriens.
Pour cela Dr Salim diminuera les taxes sur les produits de première nécessité commercialisés par les sociétés d’État, notamment le pétrole et le riz. Un sac de riz à 12500 FC, ce n’est plus tenable.
Les taxes douanières subiront aussi une diminution sensible, afin que tous les produits importés soient accessibles. La prise en charge gratuite pour les soins d’urgence contribuera également à améliorer le quotidien des Comoriens. L’hôpital de Hombo (Mutsamudu), qui tombe en ruines, est une urgence vitale.
La liste des mesures d’urgence à prendre est longue et pourtant il faut avoir une nouvelle approche pour nos sociétés d’État. Des milliards sont investis notamment à la SONOLEC et pourtant l’accès à l’électricité reste difficile, les coupures et autres délestages se poursuivent.
Il est aussi urgent de se pencher sérieusement sur la question des retraités. Il est inadmissible qu’après tant d’années à servir l’État et le peuple comorien, un fonctionnaire à la retraite peine à percevoir sa maigre pension. Il est aussi inconcevable qu’à la veille de prendre sa retraite, on exige du fonctionnaire de verser une somme assez conséquente à la caisse de retraite pour qu’enfin il puisse espérer percevoir sa pension de retraite.
La liste des mesures d’urgence que Dr Salim doit prendre, une fois élu, est longue, mais au demeurant nécessaire pour permettre aux Comoriens de vivre dignement.
Et pour parler des mesures phares réalisables durant son mandant de deux ans, on citera le rétablissement de la Cour constitutionnelle et de la Commission anticorruption.
Il faut aussi revenir sur la loi qui donnait à l’Université des Comores son autonomie. Il est impératif que nos enseignants assurent l’éducation de nos enfants dans la sérénité.
Cette même sérénité doit être aussi visible au niveau de notre Justice. Pour cela, l’État doit consacrer dans sa loi de Finances un budget réel et effectif pour le bon fonctionnement de notre Justice et la formation continue de nos magistrats.
Masiwa – Pensez-vous que des élections transparentes et sans fraudes sont encore possibles ?
Djaffar Ahmed Mansoib – Le 14 janvier une nouvelle page de notre histoire doit nécessairement être écrite. Et cela passe par le déroulement d’une élection libre et transparente. Le Comorien doit librement choisir son président. Chaque bulletin doit être comptabilisé. Nous avons cinq candidats et ensemble nous mutualisons nos forces et nos stratégies pour sécuriser ces élections. Le choix et la volonté du peuple doivent être respectés à l’issue de ces élections. Le 15 janvier, les Comoriens, y compris les prisonniers politiques, Ahmed Abdallah Sambi et Dr Abdou Salami, pour ne citer que ces deux-là, fêteront la victoire du mouvement « Nalawe ».