La dégradation des conditions d’existence de la population, même des classes moyennes, mène le pays au bord de l’explosion. Car la famine frappe à la porte. Déjà des émeutes du riz surgissent comme à Mirontsi lorsque des jeunes ont intercepté un camion transportant du riz, la scène donnant lieu à des échauffourées avec l’escorte du chargement devenu précieux.
Le pouvoir cherche à se défausser sur la covid et les conséquences de la guerre en Ukraine. Il va de soi qu’il s’agit de facteurs aggravants, mais qui ne doivent absolument pas masquer l’immense responsabilité du pouvoir Azali.
Qui plus est, face aux pénuries et à l’affolement des prix de première nécessité, le gouvernement ne semble pas s’alarmer outre mesure. Il cherche à faire porter le chapeau aux petits producteurs qui ne respecteraient pas l’encadrement des prix. Le gouvernement croit pouvoir tromper la population en invoquant des subventions dont personne ne perçoit les effets en dehors du prix de la baguette.
Les vrais problèmes sont escamotés.
Pire encore, le gouvernement poursuit son bonhomme de chemin autour de l’émergence, multiplie les manifestations démagogiques avec les partenaires. La Banque Mondiale évaluerait son soutien aux sinistrés du cyclone Kenneth !?. Des forums des partenaires se pencheraient sur la coopération avec les Comores. Etc. Etc. Pendant ce temps, la plus grande partie de la population n’arrive pas à joindre les deux bouts.
Comment comprendre que les autorités n’ont pas été capables de planifier l’approvisionnement du pays en riz, la denrée de base par excellence ? Comment l’ONICOR peut-il tomber en faillite ? Des voix s’élèvent depuis des dizaines d’années pour stigmatiser la politique consistant à attendre la nourriture du pays de l’étranger. Cette alarme n’a jamais été entendue même lorsqu’on importait du lait de coco, des ignames, etc. de Tanzanie.
Le fils du président agit comme un ministre
Pourquoi la Société comorienne des Hydrocarbures exigerait-elle un paiement comptant aux stations distributrices des hydrocarbures ? Chacun sait que les sociétés d’État sont des vaches à lait pour les prédateurs du bien public et donc plombent le pays.
En réalité le pays est mené vers une impasse par le président Azali et les siens.
Depuis la dissolution de la Cour Constitutionnelle en 2018, le président Azali agit en monarque absolu. Il s’est doté d’une Constitution sur mesures qu’il ne respecte même pas. Il s’est fait élire président pour cinq ans renouvelables en attendant mieux. Il nomme son fils Conseiller en lui octroyant des privilèges insensés comme celui de parapher des documents officiels au même titre qu’un ministre. Après le neveu, voilà le fils propulsé sur les devants de la scène.
L’arbitraire au pouvoir
Le président Azali se permet suivant ses envies de bousculer et humilier publiquement des ministres, des Conseillers, des chefs religieux. Il maintient en prison qui il veut comme il veut, Sambi depuis plus de quatre ans sans procès, Dr Salami après un procès illégal puisque la Cour de Sureté de l’État n’existe plus dans la liste des juridictions, l’homme politique et journaliste Agwa après un simulacre de procès et tant d’anonymes qui croupissent dans des conditions abominables dans les geôles du pouvoir.
Son pouvoir est donc remis en cause par tous ceux qui ne sont pas de son clan. En 1999, le colonel Azali s’était emparé du pouvoir par un coup d’État militaire. Tout le pays avait accepté. Aujourd’hui, après ce que bien d’observateurs considèrent comme un coup d’État institutionnel, seuls ses partisans acceptent sa présidence. Ce qui crée une situation sans précédent dans le pays, une grave fracture de la classe politique comorienne génératrice d’instabilité fondamentale.
C’est ce contexte, base d’une gestion clientéliste du pays et propice à la corruption, qui a mené le pays dans l’impasse. Dont malheureusement personne ne voit comment en sortir. Puisque l’Opposition officielle, qui n’inspire guère confiance au regard de son passé aux affaires, ne présente aucune perspective.
Cette instabilité, c’est du pain béni pour la France. Dans ses ingérences grossières dans les affaires internes du pays, elle peut aisément nous sortir de son chapeau maléfique, un nouveau pion qui sera peut-être encore plus nuisible qu’Azali.
C’est pour cela qu’il ne faut pas seulement militer pour le départ d’Azali. On doit sortir la tête haute de la crise actuelle. Et pour cela, il faut batailler sur deux fronts :
– gagner les présidentielles de 2024 en créant un vrai front uni autour d’un programme transitoire et d’un candidat. Programme transitoire puisqu’il s’agit de doter le pays de véritables institutions avant l’installation d’un nouveau pouvoir. Le candidat devrait être de préférence originaire de Ndzuani tout en respectant les dispositions de la Constitution actuelle.
– faire naître rapidement une nouvelle force politique capable de prendre la relève du FD et de mener le combat patriotique comorien vers de nouveaux sommets.
Telle est l’orientation fondamentale de UKOMBOZI (voir sur internet la plateforme ukombozi.net).
Idriss le 08/09/2022