Nous apprenions, par voie de presse, que de janvier à mars 2023, plus de 90 étrangers en provenance de l’Afrique de l’Est ont été déposés sur l’île comorienne de Mwali par la délinquance des passeurs. Des passeurs sans scrupules qui ont fait croire à ces hommes, femmes et même des enfants qu’ils les déposaient sur l’île sœur des de Mayotte, encore sous administration française.
Par Nourdine MBAE DJAE
Je trouve dommage que ce sujet n’ait pas pu susciter un intérêt conséquent, une préoccupation à la hauteur de sa gravité de la part des médias comoriens. Pourtant, ce fait a souligné une vulnérabilité de plus dans notre pays, des dysfonctionnements en matière de sécurité sur nos côtes maritimes, une fragilité de gestion face aux risques migratoires vers Mayotte. Or la question de Mayotte est encore au centre de l’amitié diplomatique singulière entre les Comores et la France.
C’est un risque majeur auquel les autorités politiques en premier, la société civile, les citoyens avertis en second ne devraient se résoudre à l’inaction et au silence. La France doit encore être interpelée et rappelée sur la table des négociations afin de mesurer l’impact dommageable qu’elle fait endurer à la partie souveraine du pays. Elle fait exposer la nation komori à des drames énormes par son maintien à Mayotte.
Notre pays doit se préparer pour la gestion de ce risque en amont et en aval. L’occasion est là pour remettre en cause les Accords mixtes franco-comoriens signés le 22 juillet 2019 entre les autorités françaises et les officiels comoriens fraîchement illégitimés par la mascarade électorale du mois de mars. D’autant qu’un tiers des députés Wakomori étaient déjà, à l’époque, contre les négociations entre Jean-Yves Le Drian et Amine Soeuf.
Dans la même semaine, Mediapart révèle que le gouvernement français cache un « rapport explosif » réalisé en janvier 2022 sur la situation précaire et tendue au sein de la société maoraise. On y apprend que la France chercherait à renvoyer dans la partie souveraine des Comores des enfants en situation irrégulière non scolarisés et des adultes après une vaste opération policière visant également à détruire l’habitat précaire. Notre pays est sur une crête, menacé de tomber par cette bombe sociale à laquelle les Accords mixtes signés à Paris facilitent officiellement la réalisation. L’opinion doit être réveillée, agir et faire réagir contre ces menaces nouvelles qui rôdent sur nos côtes.