Ce 25 mars 2021 au Stade de Maluzini, l’équipe de football des Comores était aux prises avec l’équipe nationale du Togo dans le cadre de la cinquième journée des éliminatoires de la Can 2021 au Cameroun. Les Coelacanthes se sont qualifiés pour la toute première fois pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) sur le score nul de 0-0. Par Hachim Mohamed.
Une ambiance de folie
Avant le début du match, Moroni et ses environs étaient au « veri» de l’équipe nationale. La ferveur des supporteurs était présente partout. Les ventes de maillots des Coelacanthes ont battu des records dans les 72 heures ayant précédé l’évènement. Au coup d’envoi donné par l’arbitre ougandais Mashood Ssali, dans les boutiques, les maisons ou en plein air les gens s’agglutinent pour regarder cette compétition à la télévision, faute de place au stade. Dans les quartiers des villes et villages, on pouvait voir de petits attroupements qui se formaient devant un écran de télévision.
Les rues étaient décorées de verdures et littéralement pavoisées de drapeaux, de petits étendards et de bannières et sillonnées en tous sens de banderoles aux couleurs de l’équipe nationale.
Soldats, policiers et gendarmes quadrillaient les quartiers et les rues proches du périmètre de la zone du Stade de Maluzini. Les automobilistes ont été les plus touchés par ces contrôles « covid-19 » puisque plusieurs rues du centre-ville ont été fermées à la circulation.
Les supporteurs les plus fervents sautaient et chantaient pour se mettre en condition en vue de la célébration d’une qualification historique. Dès le début du match, dans les rues, les maisons, aux étages, les habitants des quartiers dansaient en criant : « aya very pia ».
Le spectacle manquait au rendez-vous
C’est une qualification historique que les hommes d’Amir Abdou sont allés chercher puisque les Comores n’ont jamais atteint le stade d’une qualification internationale.
Cette particularité a fait que l’entame de match était poussive pour les joueurs des Cœlacanthes avec un bon pressing haut de la part des Togolais qui ont démarré la confrontation avec beaucoup de vigueur.
Par la manière dont un Kassim Mdahoma, un Bendjaloud Youssouf ou encore un Abdallah Ali Mohamed s’exprimaient derrière pour sortir le ballon et par la façon dont un Faouz Faidine, un Youssouf Mchangama ou encore un Fouad Bachirou arrangeaient le milieu, la physionomie de la rencontre ne permettait pas à la formation comorienne de poser leur jeu, encore moins d’imposer aux avant-postes leur tentative de domination ou de concrétiser une occasion.
Mis à part quelques incursions d’El-Fardou Ben Mohamed et surtout de l’ailier Faïz Selemani qui, de temps à autre bougeait dans son compartiment les défenseurs togolais qui jouaient bien regroupés derrière, il y avait peu d’occasions à se mettre sous la dent pour les supporteurs. Nous avons donc eu 90 minutes sans spectacle, notamment sur le plan offensif.
Signe d’un match qui devait être géré avec beaucoup de calcul pour les Comoriens, les deux équipes ont fini le match avec quasiment aucune frappe dans les buts. Seul un accrochage dans la surface entre leur attaquant Faïz Selemani et le portier adverse Djehani N’Guissan (23e) a animé les débats pendant un court instant.
En deuxième période, la seule véritable occasion de marquer a été offerte par Djoudja qui a été lancé en profondeur par une passe bien dosée de Youssouf Mchangama. Par manque de pugnacité dans cet un contre un l’attaquant comorien s’est fait stopper par un rugueux central togolais qui a sauvé les siens.
« Jour d’allégresse et de joie »
L’essentiel a été acquis : la qualification des Coelacanthes à l’issue de ce match. Une liesse populaire, formée par les supporteurs qui n’avaient pas pu exprimer leur joie pendant le match, a alors envahi Moroni et les villes limitrophes. La jeunesse des Comores est descendue dans les rues, en voitures, en motos ou à pied.
Dans les quartiers comme Kaltex et Djomani, les automobilistes qui voulaient se rendre à Zilimadjou ou Mdé étaient bloqués sur leur chemin au moyen de plateformes de fortune sur laquelle une sono qui a été installée en bordure de route crachait ses décibels, diffusait des chants patriotiques, des tubes « Gombessa » repris par une foule de jeunes en plein délire.
« Jour d’allégresse et jour de joie. Jour de prise d’indépendance footballistique. Vous savez ! Ce soir, il est difficile de faire le distinguo entre nos compatriotes qui ont picolé et ceux qui ne prennent pas d’alcool. Car quand on est heureux, dans la tête il se passe aussi une autre forme d’ivresse ! » a commenté l’informaticien Msafiri sous les yeux ébahis des badauds.
La qualification des Coelacanthes a toutefois un goût amer pour certains compatriotes qui ont tiré à boulets rouges sur l‘organisation. « Vous vous rendez compte ! Les billets se vendaient à 40.000 ou 50.000fC ! La plupart de gens qui sont entrés au stade ne savent rien du foot. Franchement, c’est une honte pour le pays », a déploré sous couvert d’anonymat un agent du CNDRS qui a eu à faire des pieds et des mains pour l’obtention de l’accréditation à la fédération comorienne de football.