Le Chef de l’Etat, Azali Assoumani, a annoncé un nouveau gouvernement le 28 août 2021. Ce gouvernement est annoncé à un moment où la situation politique s’est de nouveau crispée avec l’arrivée des jeunes de la diaspora comorienne en France (Mabedja) pour mobiliser les citoyens afin de manifester contre la privation des libertés fondamentales. Par MiB
De plus, le régime fait face à une crise économique caractérisée par des pénuries dans divers domaines depuis plusieurs mois, sans pouvoir trouver de solutions adéquates.
C’est sans doute pour cela que les ministres de l’Économie et celui des Finances ont été changés, et qu’ont été installés de vrais spécialistes que sont Kamalidine Souef (Finances) dont le passage à la Douane n’a pas vraiment prouvé ses capacités en matière de gestion, au contraire, et Mze Abdou Mohamed Chanfiou (Économie) dont l’expertise à la Banque Centrale des Comores n’a jamais été démentie jusqu’ici.
À cette occasion, Azali Assoumani s’est séparé de deux de ses fidèles ministres en la personne de Saïd Ali Chayhane (ministre des Finances) et Mohamed Daoudou dit Kiki (ministre de l’Intérieur) qui étaient présents dans les divers gouvernements depuis 2016. Chayhane payerait les erreurs commises dans l’élaboration de la loi de Finances et les nombreuses hausses des taxes, alors que les entreprises et les commerçants doivent faire face aux conséquences de la crise sanitaire due à la covid-19. Kiki, quant à lui était déjà annoncé comme quittant le gouvernement depuis le précédent remaniement, à cause de son refus de saborder son parti (Orange) et de le fondre dans la CRC, comme Houmed Msaidié a accepté de le faire avec son parti RADHI.
Parmi ceux à qui Azali renouvelle sa confiance, il y a le ministre premier, Bianrifi Tarmidhi qui a été quasi inexistant dans le précédent gouvernement. Il prend cette fois le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique.
Loub Yacout Zaidou, la ministre de la Santé, qui a connu des débuts chaotiques a réussi à sauver sa place et demeure toujours la seule femme d’un gouvernement avec 14 hommes.
Houmed Msaidié, quant à lui, se retrouve dans un ministère qu’il affectionne particulièrement, celui de l’Agriculture, de la Pêche, de l’Environnement, du Tourisme et de l’Artisanat. Il reste porte-parole du Gouvernement.
De plus, parmi les nouveaux entrants, deux sont particulièrement proches du Porte-Parole du gouvernement. Le premier est Fakridine Mradabi, l’ancien chef des Services secrets qui reprend le ministère de l’Intérieur à son rival de Moroni, Mohamed Daoudou. Le deuxième est Djaffar Salim qui hérite du ministère de l’Éducation, en récompense de sa fidélité à Azali, mais aussi parce que le chef de l’État cherche à se rallier définitivement les anciens séparatistes collaborateurs de Mohamed Bacar qui vouent une haine farouche à l’ancien président Sambi, toujours en résidence surveillée. Djaffar Salim, originaire de Mutsamudu comme Sambi, surnommé Sarkozy à cause des méthodes qu’il utilisait pendant le gouvernement de Mohamed Bacar à Anjouan, était déjà annoncé au ministère de l’Intérieur dans le précédent gouvernement, il débarque au ministère de l’Éducation nationale, lot de compensation pour lui.
Dhoihir Dhoulkamal a été maintenu dans le gouvernement malgré les révélations d’escroquerie à l’encontre de la Caisse d’Allocations familiales et de la Sécurité sociale de la Réunion où il vivait autrefois. Sa présence dans ce gouvernement, il la doit d’abord à un rapport parlementaire qui a permis au camp Azali de mettre en cause l’ex-Président Sambi et le maintenir en résidence surveillée. Il fait aussi partie des personnalités de ce gouvernement qui sont proches du Porte-parole.
Ahmed Jaffar, ancien fidèle du président Sambi, ancien ministre des Affaires étrangères de ce dernier, mais qui est passé avec armes et bagages chez Azali, était discret dans le gouvernement, sans véritable pouvoir, il le quitte aussi dans la discrétion.
Un autre ancien fidèle du président Sambi, Djaé Ahamada Chanfi, demeure également dans le gouvernement et connaît même une promotion puisqu’au niveau protocolaire, il est en position 5 sur la liste des ministres. Pendant cette crise économique, il n’a pas été capable d’assurer le ravitaillement du pays, ni sur le plan international ni sur le plan interne. Il n’a pas non plus mis en place la fameuse compagnie aérienne qu’il avait annoncée. Il a changé de ministère et devient ministre de la Justice, des Affaires islamiques et de la Fonction publique, chargé des Droits de l’Homme, de la Transparence et des Administrations publiques. À ce titre, il va superviser le jugement du président Sambi, dont il a été le ministre.