Soulé Ali est un artiste-plasticien et professeur d’histoire géographie. C’est le frère d’un autre grand peintre, Modali. Ses œuvres sont exposées dans sa propre galerie d’art « Wala Galerie », mais on les retrouve régulièrement dans la galerie « CAD‘Arts ». C’est un autodidacte : il a commencé à peindre à l’âge de 20 ans. Par Nawal Msaïdié
Il s’était lancé dans un premier temps dans la peinture figurative et il s’est aujourd’hui spécialisé dans la peinture abstraite. Il propose un travail engagé dans une démarche éthique et durable. Son support de prédilection est la toile de jute et il introduit dans ses œuvres beaucoup d’objets récupérés. « La toile de jute autrefois était utilisée pour stocker le riz ou y déposer les déchets, aujourd’hui, je l’utilise comme support principal. Dans mes œuvres, j’associe aussi différentes matières comme le fer, le bois à jeter. Mon objectif est de leur donner de nouvelles fonctions un nouveau visage, de leur rendre leur beauté originelle ».
Une peinture du symbole
Soulé Ali dit suivre des influences « africaines, arabes et européennes », il s’inspire du monde qui l’entoure pour rendre le Beau. « Quand on va au restaurant ce qui participe au plaisir c’est de voir une assiette qui est belle grâce à tous les éléments qui la composent. Mon désir est de donner ou susciter le même genre de plaisir au public qui regarde mes œuvres. J’utilise des couleurs chaudes comme l’orange, le vert, le jaune pour rappeler les tropiques où je vis. » Quand il peint du figuratif, il peut tout représenter, l’une de ses œuvres phares représente l’ancienne mosquée d’Iconi, aujourd’hui détruite, toujours dans un désir de montrer la beauté de ses îles. « J’ai souvent des clients qui viennent me voir, ils disent qu’ils sont partis à Iconi et n’ont pas réussi à voir l’ancienne mosquée. Je leur explique avec regret que la mosquée n’existe plus, mais je suis quand même ravi de constater que mon travail marque et participe à la valorisation de notre patrimoine ».
Des idées pour développer la culture artistique
Le figuratif est un art qui intéresse plus le public local, quant aux œuvres abstraites il les vend plus souvent à des clients étrangers ou issus des ambassades étrangères à Moroni.
Dans ses œuvres, on retrouve des références à l’écriture arabe, présente dans de nombreuses de ses œuvres. Il laisse un peu percer le mystère : « l’utilisation des signes arabes se fait avec une interprétation qui m’est propre, car je les lie à des traductions du shikomori comme la lettre ﻦ (nuni) que je représente souvent comme un symbole qui vole, qui voyage comme un oiseau. J’utilise aussi l’aspect symbolique de la lettre arabe comme le ﺍalif qui représente une personne debout par exemple.
La transmission occupe aussi une grande place dans son travail. Il propose des cours dans sa galerie d’art à tous les publics et en dispense dans les écoles. La discipline n’est pas encore organisée, car il n’y a pas encore de programme d’éducation artistique dans l’enseignement public. Pour l’artiste, le ministère de la Culture devrait impulser une politique qui proposerait des cours d’arts plastiques de la maternelle au collège. Le ministère devrait aussi, au-delà du soutien financier, proposer aux artistes des échanges et encourager l’organisation de manifestations entre artistes pour développer le métier.