Le citoyen Damed Kamardine a publié sur son mur Facebook en 9 volets des chroniques qui, documents à l’appui, montrent comment, à la fin du régime du président Sambi et alors qu’un nouveau président, en la personne d’Ikililou Dhoinine, a été élu, de nombreux passeports diplomatiques et de service ont été attribués à des étrangers dont les services qu’ils ont rendus à l’État comorien restent à ce jour un grand mystère.
La rédaction de Masiwa, pense que ces informations sont dignes de foi et bien documentées, même si aucun journaliste de la place n’a entrepris de vérifier les faits révélés par ce citoyen. Nous publierons donc ces chroniques, telles quelles, deux par deux dans les prochains numéros de Masiwa, en attendant que de grands journalistes s’emparent de cette affaire et mènent de vraies enquêtes.
« Consulat honoraire des Comores à Monaco” et autres passeports diplomatiques »
( Partie 3)
Il s’avère important de se situer d’emblée dans le contexte politico-juridique qui prévalait dans le pays durant la période s’étalant du 26 mai 2010 au 26 mai 2011.
De prime abord, un arrêt de la Cour Constitutionnelle en date du 8 mai 2010 indique en substance qu’à compter du 26 mai 2010 s’ouvre une « période intérimaire » et qu’en conséquence un mécanisme de fonctionnement institutionnel suivant lequel la gestion des affaires de l’État devrait être l’œuvre d’une démarche consensuelle par l’Executif formé le 7 juin 2010 lequel expédiait quasiment des affaires courantes.
En outre, un accord politique sur la gestion de la période intérimaire précitée a été signé le 16 juin 2010 à Beit Salam par l’Union et les Îles en présence de la communauté internationale lequel accord a réitéré ce principe de gestion consensuelle.
En vertu des termes dudit accord, sa finalité est « d’assurer une gestion inclusive et transparente de la période intérimaire ».
Toutefois, l’image du pays tout comme sa sûreté ont été fortement atteintes par des pratiques, des agissements et abus d’autorité et excès avérés de pouvoirs ci-après cités et décrits.
À cet effet, le développement qui suit démontre que c’est le contraire qui s’est volontairement produit.
Ainsi, un ministre de l’époque confirma que durant cette période, ces questions qui suivent n’ont jamais été discutées et encore moins délibérées de manière consensuelle en Conseil des ministres.
1- En juillet 2010, le MIREX adressait une demande d’agrément de l’ex-conjointe du Maréchal Deby en qualité de Consul Honoraire de l’Union des Comores, pays d’envoi, auprès de la Principauté de Monaco.
Cette demande ne connaîtra jamais une approbation diplomatique de la part du lieu de résidence.
Cette absence polie de consentement constitue des motifs souverains des autorités monégasques. Cependant, elle n’empêche pas de s’interroger si ces raisons ne sont pas inhérentes à la personne proposée.
Le passeport diplomatique du fils de Deby prétendument émis en avril 2011 indique que son parent serait « Conseiller aux affaires étrangères », la fonction fut sans doute confiée à l’intéressée après le refus de consentement de Monaco. Passeport apparemment introuvable sur le fichier (base de données), probablement imprimé depuis Bruxelles !
Toujours est-il qu’aucun numéro du Journal officiel ne contient la moindre preuve ou une trace de ladite nomination à ce poste après avoir été dûment visé au Secrétariat General du Gouvernement.
La suite est connue de tous : la tierce personne ayant demandé sa désignation suivie de l’établissement de ces deux passeports et les voies et moyens suivis. On ne s’y attarde pas longuement sur ce point déjà développé précédemment.
2- Au-delà des pouvoirs limités par cette période intérimaire, il est constant que plusieurs passeports diplomatiques ont été délivrés à des personnes douteuses, lesquelles font pour la plupart l’objet de recherches par des organes comme Interpol et autres.
Les circonstances aggravantes se sont produites lorsqu’ont été établis des passeports diplomatiques le 31 mai 2011 soit 5 jours après l’investiture du nouveau Président de l’Union dont le Gouvernement sortant se trouvait à devoir uniquement expédier des affaires courantes, un de ces détenteurs aurait pour fonction « Conseiller Économique à l’Ambassade de l’Union des Comores à Bruxelles », poste qu’il n’occupa jamais.
À ce titre, aucun numéro des J.O. de cette période ne contient lesdites nominations fantaisistes, de connivence voire complaisantes.
Le 28 mai 2011, le même Exécutif sortant adressa une seconde demande d’agrément à Monaco au profit d’une autre personne pour le même poste. 48 heures après l’investiture du nouveau Président !
Un ancien Président se disait “mal servi et parfois trahi” !
23 employés de Semlex ont été bénéficiaires de passeports diplomatiques.
2800 passeports diplomatiques ont été établis dont 184 vendus selon l’Agence Reuters.
La partie 4 traitera de …… !!!
Vente des passeports diplomatiques (partie 4) !
Selon l’Agence de presse Reuters, près de 200 passeports diplomatiques comoriens ont été vendus à des non-comoriens.
Au cœur de ce vaste système, le responsable de la Société Semlex fût cité comme un acteur principal de ce dispositif. Il aurait été lui-même détenteur de trois (3) passeports diplomatiques comoriens.
Il apparaît dans cette enquête que « Reuters a pu prendre connaissance de certains courriels et documents officiels » attestant et prouvant que ledit responsable « a utilisé ses relations politiques pour faire des affaires aux Comores (…) en effectuant des paiements à des intermédiaires ». Ses liens avec le monde politique sont jugés singuliers. Le contenu de ses courriels le justifie.
En 2010, un passeport diplomatique comorien aurait été attribué à l’épouse de ce dernier, C. Laurent. À son insu, selon elle. Son fils, qui travaillait dans le privé, en a également reçu un.
En novembre 2010, une somme de 80.000 euros aurait servi de pots-de-vin.
Il est établi que grâce à lui de nombreux non-comoriens sont devenus des représentants diplomatiques des Comores entre juin 2010 à mai 2011, période durant laquelle il a été en « contacts permanents » avec les autorités compétentes comoriennes selon Reuters.
Il convient de souligner que l’attention des Comoriens durant cette période était essentiellement portée sur l’organisation du scrutin présidentiel au profit de l’Ile de Moheli, raison pour laquelle des nombreux passeports diplomatiques ont pu continuer d’être établis même après l’investiture d’Ikililou.
À cet effet, on enregistre la délivrance d’une dizaine de ces documents que pour la date du 31 mai 2011 alors que le premier Gouvernement d’Ikililou était formé et annoncé la veille à savoir le 30 mai 2011 et le nouvel exécutif n’attendait que les Passations de services qui intervenaient début juin 2011.
Par ailleurs, dans un entretien paru ce matin chez La Gazette, un des plus proches collaborateurs du Président de l’Union, dira que Sambi n’est pas le seul à avoir fauté. Ils sont légions !
Au passage , il précisera que la sécurité du pays a été effectivement mis en péril.
Parmi les bénéficiaires desdits passeports, on peut en effet compter des bénéficiaires qui font l’objet des poursuites et de multiples restrictions sécuritaires au niveau international.
Ces exemples montrent à quel degré des autorités ont mis en danger la sécurité du pays.
Au regard de ce qui précède, il est avéré qu’au vu du contexte, certaines autorités ont dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions été auteurs des faits fautifs et gravissimes en s’étant indûment autorisées à mettre la sûreté et la sécurité nationales en danger.
La souveraineté d’un pays fût ainsi marchandée, souillée et mise à rude épreuve sans vergogne ni scrupule. Circonstances aggravantes.
S’étant rendu à l’évidence de l’ampleur de cette problématique, l’une de toutes premières décisions prises par le président Ikililou Dhoinine fût de tenter de règlementer dès le mois de juillet 2011 les conditions d’octroi des passeports diplomatiques.
La partie 5 de cet important volet sera axé sur ….!!!
Damed Kamardine