Le premier parti Ulezi propose inter-Comoriens regroupant le gouvernement, l’opposition et la société civile pour parvenir à une réconciliation nationale. Son Premier Secrétaire s’explique dans Masiwa. Propos recueillis par Mahmoud Ibrahime
Masiwa – Vous étiez en France dans un combat contre Azali et quelques jours après votre arrivée aux Comores, on a appris que vous négociez avec Azali. Qu’en est-il réellement ?
Natuk Mouzaoir – Le combat que je menais en France contre le régime et le système incarné par Azali continue aux Comores. Le parti Ulezi que j’ai l’honneur de diriger n’a pas changé le fond de sa politique. Il veut que le combat soit mené autrement, sans violence et sans armes. Ce régime a déjà fait trop de victimes. Après des années de lutte, il est temps de se poser les bonnes questions. La résistance doit changer son fusil d’épaule, devenir réaliste et pragmatique. Les Comoriens sont des gens intelligents. Nos ainés nous ont toujours montré la voie du dialogue pour sortir le pays des impasses.
Le président Ahmed Abdallah a proclamé l’indépendance des Comores sans violence après des négociations que nous connaissons tous. Il se battait pour le retour de Mayotte dans le giron par la guerre de la salive, comme il le disait si bien.
Après l’assassinat du président Ahmed Abdallah, le départ des affreux des Comores a été obtenu par des dialogues. Le retour aux Comores du président Djohar après l’expatriation en 1995 s’est réalisé par des dialogues. La résolution de la tentative de sécession de l’île comorienne d’Anjouan s’est faite par le dialogue.
Aujourd’hui, il n’y a pas de négociation avec Azali. Le parti Ulezi propose un dialogue inter-comorien pour la réconciliation nationale. Nous ne sommes qu’au début des démarches et ce n’est pas encore gagné, même si des accords de principe sont acquis de part et d’autre.
Masiwa – Quelles sont les forces en présence, du côté de l’opposition et du côté du gouvernement ?
N.M – Les forces sollicitées sont celles de l’opposition, du pouvoir et de la société civile. Et nous demandons que toutes les forces vives de la nation soient présentes, y compris notre diaspora qui est une force fondamentale dans le développement économique et social des Comores. Désormais, elle doit avoir sa place dans la sphère publique.
Masiwa – Avez-vous déjà obtenu des résultats concrets ?
N.M – Nous avons dit plus haut que les accords du principe sont acquis de la part des différents forces politiques sollicitées, pouvoir et opposition. Reste la clause d’agrément des uns et des autres pour aller vers la table ronde. À ne pas oublier que le parti Ulezi réclame l’accompagnement de la communauté internationale concernant cette dynamique. Nous avons aussi sollicité l’accord des partenaires bi et multilatéraux. Ils nous ont assuré qu’ils feront tout pour être les facilitateurs.
Masiwa – Comment voyez-vous l’issue des négociations ? Vous voulez qu’Azali se retire du pouvoir ou qu’il mette en place un gouvernement d’union nationale ?
N.M – Comme tout bon négociateur, l’issue sera positive. Sans rire, nous y allons avec l’espoir de sortir le pays du tunnel. Quand on entre en pourparlers, la volonté et la bonne foi sont de mise et nous serions vigilants, sans quoi rien ne pourra y naitre. Les acteurs ne sont pas sur un ring de boxe (quoique), mais autour d’une table, de laquelle il n’y aura pas de vainqueur ni de vaincu, seul le peuple comorien en sortira heureux et la démocratie retrouvera sa place.
Masiwa – Que pensez-vous de la réaction vive de Daula ya Haki (DYH) dont vous êtes membres ?
N.M – Le parti Ulezi fait partie intégrante de la famille de l’Opposition. DYH qui signifie « État de Droit » est un idéal à atteindre pour lequel nous nous battons tous. En ce qui concerne Ulezi il se démène pour cet idéal depuis sa création et ne ménage aucun effort. Le parti Ulezi clame haut et fort pour un État respectueux des Droits des citoyens. Le parti Ulezi se bat de toutes ses forces contre tout régime qui méconnait les droits des êtres humains et qui bâillonne les libertés fondamentales.
Dans toutes ses déclarations, le parti Ulezi ne cesse de réclamer la libération inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinion.