Depuis quelques semaines, après des annonces sur les réseaux sociaux pleines de mystère, vos oreilles découvrent le nouveau projet de Twamaya House, la maison de production du chanteur comorien Dadiposlim, Mpwitaka. Par Nawal Msaidié
Échange avec deux membres fondateurs l’artiste Momoboss et le chargé de communication Nizart Andjilany.
Ce projet a réuni 10 artistes aux parcours et aux styles musicaux différents. Dadiposlim est le fondateur du label, il est un artiste international qui promeut la musique des Comores depuis plus d’une dizaine d’années. C’est d’ailleurs lui qui a donné son nom au projet, « étant petit, avec ses amis, ils avaient l’habitude d’employer ce mot pour dire « je vais te gifler » : « Ngamdjo wu rema Mpwitaka ». Il nous a proposé le mot. Au début il nous a fait rire, mais on a tous approuvé », explique Momoboss.
Les autres sont Momoboss dont le morceau « Veri piya » est devenu un véritable symbole national soutien de l’équipe nationale de football les Coelacanthes ; Hairia, Wilson Wilo et Abistyle. Il y a également Yax Leader, un artiste indépendant. Et enfin des voix qui nous sont familières depuis quelques mois, Pedro Karim, Fahid le Bled’Art, Lémir, artistes remarqués lors de leur participation au concours Nyora.
« Dadiposlim est le directeur artistique de l’émission, et deux de nos chanteurs ont participé en tant que candidats (Pedro Karim et Fahid le Bled’Art). Fahid le bled’Art est sorti vainqueur de la compétition (son EP est en finition et sortira très bientôt). Durant la période Nyora saison 1, Lémir ne faisait pas encore partie du label Twamaya House, c’était un artiste d’Interface Prod, le label fondé par AST, nous avons échangé ensemble et avons trouvé un accord pour que Lémir évolue chez nous. », se rappelle Momoboss.
On y entend des sons des styles musicaux actuels : de l’afro, soul, zouk, rap voir même d’autres influences. Le morceau « Passarella » nous renvoie à des sonorités issues de musiques d’Amérique latine. Le morceau HBD interprété par Pedro Karim est celui qui s’inscrit le plus dans le style des Comores déjà par sa thématique, l’amour filial qui nous rappelle « Yowa Mwana » de Zainaba Ahmed, mais aussi par le rythme qui est de plus en plus répandu dans nos cérémonies de mariage. L’amour dans toutes ses formes est le fil conducteur de ce projet. « L’amour est ce qui nous permet de tenir le coup quand rien ne va. On vit l’amour tous les jours et nous pensons qu’en abordant ce thème on capte l’attention de tous. Chacun se retrouve dans nos chansons à travers les paroles et les histoires. On retranscrit les joies de l’amour, mais aussi les peines », lâche l’artiste.
Enfin on peut s’intéresser à la voix féminine qui est entendue sur tous les morceaux comme un chœur indispensable à la finalité de la création artistique. Nizart le confirme : « Twamaya House est un travail d’équipe, et la voix féminine que vous entendez dans certains morceaux est celle de Hairia. Hairia est une artiste que nous avons découverte l’année et en l’écoutant chanter nous avons eu des frissons. Nous avons donc décidé de la faire signer immédiatement. Il faut savoir que la musique comme d’autres arts tels que la danse, le théâtre, la peinture… sont des domaines où la gent féminine surtout de la nouvelle génération n’est pas assez présente ce que nous trouvons très dommage, car le pays déborde de femmes très talentueuses. À Twamaya House nous essayons de montrer que la musique peut être un métier pour tous. Pour le moment, Hairia est la seule femme du label, mais nous espérons que nous collaborerons avec d’autres chanteuses sur nos prochains projets ».
Il n’y a pas que les prémisses d’une position féministe qui est défendue dans le projet, on remarque aussi que tous les morceaux sont exclusivement en shikomori. « L’un de nos objectifs est que notre musique traverse les frontières et quoi de mieux que de le faire en valorisant notre langue le shikomori qui est une très belle langue avec des sonorités musicales. Les pays voisins ainsi qu’une très grande partie des pays en Afrique arrivent à transporter leur langue à l’international via la musique, si eux ils y arrivent, on se dit pourquoi pas nous ? », s’interroge Momoboss.
Le projet est disponible sur ITunes Store, Apple Music, Spotify et sur la chaîne YouTube Twamaya House.