Des familles des condamnés par la cour de sûreté, le collectif des avocats et des associations de la société civile ont manifesté leur mécontentement hier lors d’une conférence de presse. La famille Ahmed Said, notamment, a dénoncé des manœuvres d’intimidations qui perdurent. La société civile promet des actions de sensibilisation sur l’état de droit dans les espaces publics.
Des familles et proches des condamnés «politiques», le collectif des avocats au barreau de Moroni et des organisations de la société civile ont convié la presse ce jeudi 20 décembre. Ils ont manifesté leur mécontentement par rapport aux verdicts de la cour de sûreté de l’Etat. Lequel, lors sa session a condamné lourdement des prévenus. Certaines familles ont fait part des intimidations émanant de proches des cercles du pouvoir.
Revenant sur la décision de quitter la salle lors des audiences, le représentant du collectif des avocats, Me Mohamed Hassan soutient qu’elle était une obligation professionnelle et un respect des droits des clients. « Le président de la cour de sûreté avait l’obligation juridique de suspendre les audiences et aller statuer auprès de la section constitutionnelle de la cour suprême de la continuité ou non des audiences. Il n’a même pas tenu compte de nos demandes. On a compris que c’était des procès gagnés d’avance», s’est-il justifié. Selon toujours l’avocat, la loi de 1981 n’est pas conforme à la nouvelle constitution votée le 30 juillet 2018. Pour réfuter l’argument du président de la cour, qui a déclaré que la cour de sûreté a toujours existé, il évoque que cette cour n’a jamais jugé après l’instauration de la nouvelle constitution.
Quant à la sœur du vice-président Djaffar Said Ahmed, ancienne secrétaire générale au ministère de la santé, remplacée après la déclaration publique du vice-président Djaffar à Mrodju, elle a expliqué, de long en large, les intimidations que subit sa famille, depuis cette déclaration jusqu’aujourd’hui. « Non seulement que nos frères sont emprisonnés pour rien, mais on continue à nous menacer jusqu’aujourd’hui. Ils menacent mon frère Moustoifa Said de l’emprisonner une fois de retour au pays”. Selon toujours Moinour Said Ahmed, elle était étonnée de constater que le président de la cour de sûreté ne pouvait pas prendre une décision sans consulter le commissaire du gouvernement. Pour illustrer ses propos, elle s’est appuyée sur le verdict de Sitty Nour, la sœur de Said Ahmed Said Tourqui alias Sast. Le président de la cour aurait demandé confirmation de la peine de Sitty Nour en public. Elle s’interroge sur le devenir de la justice comorienne. En tout cas, elle reste ferme :” Si c’était à refaire, Djaffar aurait toujours renoncé. Il allait le refaire”, a-t-elle rappelé avant de lancer un cri d’alarme aux associations des femmes suite à l’emprisonnement de la sœur de SAST.
Abdoulmadjid youssouf est revenu sur le chemin que trace l’actuel gouvernement. Ils n’ont qu’une seule volonté: “assassiner l’Etat de droit”. “Ils veulent amener le pays vers l’ère de temps, club africain de dictature”. C’est pour cela qu’il demande au président et à ses collaborateurs de prendre conscience. Seul un consensus, une solidarité mutuelle et la non violence peuvent redonner l’image de notre pays et faire regagner la stabilité.
Ce collectif promet d’aller un peu plus loin. Ils envisagent d’entrer dans les places publiques pour dénoncer l’injustice instaurée par le régime actuel: “le combat continue. Ce n’est que le début “.
Par Ali Mbaé