Technocrate, auteur, Mdama Toihir Daoud s’est installé récemment à Lyon, après l’avènement d’Azali et alors que les arrestations d’opposants ont commencé. Il se dit d’aucun mouvement politique, mais il participe aux manifestations et fait partie de ceux qui accueilleront le Congrès des organisations de la diaspora opposées au gouvernement en place à Moroni. Propos recueillis par Mahmoud Ibrahime
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Masiwa – Vous faites partie des personnalités qui manifestent en France contre le régime en place à Moroni, êtes-vous dans un mouvement politique ?
Mdama Toihir Daoud – Après avoir fait des tournées dans les principales villes de France à l’occasion de la sortie de mon livre Les Comores Tournante et Tourmente, j’ai voulu me rendre aux Comores pour organiser des conférences afin de contribuer au débat sur le devenir de ce bel archipel. Le livre, ayant été bloqué par les autorités comoriennes (en mars 2019, pendant la mascarade électorale), je me suis rendu uniquement à Mayotte. C’est depuis Mayotte que j’ai pris conscience que mon pays a vraiment basculé dans la dictature. J’ai ainsi décidé de participer aux manifestations populaires et ainsi contribuer modestement à cette dynamique, à ce mouvement lancé d’une manière spontanée par des enfants talentueux et patriotes. Ce mouvement exige le changement du système dans notre pays. Non, je ne suis dans aucun mouvement politique.
Masiwa – Vous vous présentiez jusque-là comme un technocrate, loin de la politique, qu’est-ce qui vous a poussé à y entrer ?
Mdama Toihir Daoud – Non, je suis un simple citoyen comorien. Le changement et les réformes majeures qui s’imposent dans mon pays ne viendront pas d’un homme ou d’une femme providentiel(le), fût-il (elle) populaire ou populiste. Je pense que ce changement viendra nécessairement de réformateurs et réformatrices avertis ayant tablé et réfléchi sur un projet de société.
Masiwa – Êtes-vous favorable à la tenue d’un congrès des organisations opposées à Azali ce Week-end ?
Mdama Toihir Daoud – Sans doute. Ce congrès fait suite aux différents ateliers et travaux organisés à Paris, Marseille et Nice. C’est une grande manifestation populaire où plusieurs personnes et organisations vont se rencontrer, échanger, mutualiser leurs forces afin de dégager le putschiste récidiviste qui a pris en otage le pays. L’enjeu est de sauvegarder l’unité nationale. Nous sommes tous conscients que si le dictateur Azali Assoumani reste au pouvoir au-delà de mai 2021, Anjouan et Mohéli partiront.
Masiwa – Serez-vous présent au Congrès ? Quelles positions allez-vous défendre ?
Mdama Toihir Daoud – Nous allons travailler pour mettre fin à la dictature. Tous les moyens seront étudiés pour y parvenir. Nous nous battons pour : la défense et la sauvegarde de l’unité nationale ; le respect du cycle de la tournante tel qu’il a été entamé à Ngazidja par Azali Assoumani. Il doit céder la place à un natif d’Anjouan en 2021, la libération de tous les otages politiques, en l’occurrence l’ex-Président Sambi et le Gouverneur élu d’Anjouan.
Masiwa – Certaines personnalités et organisations refusent ce congrès, ne pensez-vous qu’il y a risque d’éclatement du mouvement après le congrès ?
Mdama Toihir Daoud – Non, je ne le pense pas. Tous les patriotes engagés dans cet élan pour libérer le pays sont conscients des enjeux. Cette dynamique accompagne le changement tant espéré. Elle contribuera certainement à instaurer un État de droit.
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