La Nouvelle Opaco (organisation patronale des entreprises des Comores) a mis en place les matinales du samedi. Un rendez-vous du patronat pour parler des préoccupations des entreprises. Samedi 3 octobre, suite au séminaire gouvernemental sur le budget 2019, le secrétaire général du ministère des finances et du budget devait éclairer les patrons. Seulement, il ne s’est pas présenté au Retaj.
A chacun ses habitudes. La Nouvelle Opaco a opté pour les matinales du samedi. Un moment privilégié d’échanges entre différents acteurs économiques et institutionnels des Comores. Samedi 3 octobre, le thème s’imposait naturellement. Après le séminaire gouvernemental qui a validé un budget 2019 de 113 Milliards, la rencontre au Retaj devait porter sur le budget, ses recettes, ses dépenses, autrement dit, « les nouvelles orientations prévisionnelles de la nouvelle loi de finances de 2019 ». Et en invité pour les explications de texte et des chiffres, le secrétaire général du ministère concerné, en l’occurrence, celui des finances et du budget.
Mais, à la surprise générale, le secrétaire générale a préféré s’occuper ailleurs, sans prévenir. Le temps passant, ne voyant pas venir l’invité, le secrétaire général de l’organisation, Abderemane Ahmed koudra le joint en premier au téléphone. Alors, il justifie son absence pour des raisons professionnelles : « je ne peux pas venir. Je reçois une délégation étrangère ». Quand le président le rappelle, cette fois-ci le motif est autre: « j’ai des problèmes personnels et familiaux » raconte Mahamoudou Ali Mohamed.
Ainsi, La Nouvelle Opaco décide de briser le silence et de transformer la rencontre en conférence de presse pour dénoncer cette « attitude méprisante» et rappeler que : «le dialogue prôné par tout le monde, souhaité par le président de la république n’est nullement respecté par les collaborateurs du président Azali Assoumani, notamment le ministère des finances». Il affirme également qu’il s’est tenu le séminaire gouvernemental la semaine dernière sans que « nous soyons invités bien que la plupart des recettes proviennent du secteur privé », insiste-t-il.
Il s’interroge aussi que le gouvernement annonce une loi de finances de 113milliards en 2019 avant de «présenter les recettes et les dépenses de la nation” de celle de l’année dernière, après 10/12 mois d’activités, sachant qu’il avait annoncé plus de «100 Milliards dont 66 milliards internes» et qu’ « il n’y avait pas eu» une « loi rectificative». Dès lors, «comment pouvons-nous faire des prévisions sans pour autant savoir ce qui a été réalisé?» Puis, il conclue:” malgré que le secteur privé soit le principal concerné, mais l’Etat nous considère comme une quantité négligeable sur l’économie de notre pays”.
Dérobade ou empêchement? Selon Abderemane Ahmed Koudra, le secrétaire général n’avait aucune intention à “se présenter à cette rencontre, nous lui avons demandé de nous mettre à disposition le vendredi les documents qui nous permettraient de bien travailler mais nous n’avons pas reçu une réponse favorable après plusieurs tentatives”, martèle t-il. Il rappelle que les Comores viennent de perdre « 11 places» en l’espace de 4 ans dans le classement de Doing business. Il insiste sur le fait que ” sans un vrai dialogue entre secteur privé et public, aucun développement n’est possible”.
Qui sera le perdant de la rupture du dialogue? Sans doute, la population sera la première victime. Une fois que les impôts et la douane grimperont, les grossistes répercuteront la hausse des prix sur les marchandises livrées aux petits commerçants. Au bout du circuit, comme d’habitude, les consommateurs qui paieront les pots cassés d’une vue déjà suffisamment chère compte tenu du niveau de salaire pratiqué.
Par Ali Mbaé