Après 4 jours de garde à vue (le délai légal a été largement dépassé), le Procureur de la République a décidé de mettre le journaliste Oubeidillah Mchangama en prison jusqu’à son jugement pour flagrant délit le 7 décembre prochain.
Le journaliste a été arrêté pendant qu’il couvrait en direct la manifestation des femmes comoriennes contre les actes illégaux du gouvernement comorien, notamment l’emprisonnement d’opposants.
Avec lui, treize femmes ont également été arrêtées et gardées à la gendarmerie pendant 4 jours. Deux chauffeurs professionnels qui avaient transporté des femmes jusqu’à la capitale pour cette manifestation avaient aussi été arrêtés.
Les femmes et les chauffeurs ont été libérés ce mardi après-midi en attendant leur procès. Puis le Palais de Justice fut évacué par la gendarmerie.
C’est l’incompréhension totale dans le milieu journalistique et parmi les démocrates comoriens, car chacun a pu constater que le journaliste n’a rigoureusement fait que son travail en suivant les manifestantes avec son téléphone, avant que les gendarmes ne l’interceptent. Il n’était d’ailleurs pas le seul journaliste à filmer en direct. Mais, apparemment, il était déjà sous le viseur du gouvernement. Le groupe de journalistes présents au Palais de Justice a cherché à voir le Procureur pour comprendre les raisons de l’arrestation de leur collègue et la décision de l’envoyer en prison avant le jugement. Ils ont essuyé un refus catégorique de la part de ce dernier.
C’est la deuxième fois que le pouvoir en place décide d’enfermer ce jeune journaliste. Il a été libéré à la fin du mois de mai dernier, après quatre mois d’enfermement (sans jugement), dans des conditions horribles à la prison de Moroni.
Le pouvoir en place a décidé de poursuivre tout le monde pour trouble à l’ordre public le 7 décembre, alors que son mariage avec une militante pour la démocratie venue de la diaspora de France avait été annoncé pour le 6.
Nous rappelons que les lois comoriennes prévoient qu’un journaliste doit être présenté à un juge immédiatement ou le lendemain d’un acte supposé délictueux. Oubeidillah est entre les mains de la gendarmerie depuis le 30 novembre.
Après un sit-in devant le Palais de Justice, les journalistes comoriens ont décidé de mener d’autres actions demain pour réclamer la libération de leur collègue.
La Rédaction de Masiwa