La situation des Ouïghours, cette ethnie chinoise et musulmane dans la province de Xinjiang est plus que préoccupante. Au XXIe siècle, un million d’hommes sont mis en camp de concentration ou de rééducation à cause de leur religion et subissent une répression sans égale aujourd’hui. Le monde a mis du temps à dénoncer les exactions que subissent les musulmans en Chine, parce que le pays est un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi parce que la Chine aide beaucoup de pays pauvres et soutient la répression dans d’autres.
En juillet dernier, 27 pays, essentiellement européens (y compris la France) ont signé une pétition envoyée à l’ONU et demandant à Pékin de stopper les mauvais traitements contre les musulmans. Suite à cette lettre, l’ONU a demandé officiellement à la Chine de fermer les camps de concentration dont elle a nié l’existence jusqu’en août. Cette fois, elle reconnait que ces camps existent, mais sont destinés à empêcher la radicalisation des musulmans chinois. Puis, elle a fait une contre-offensive en demandant à 37 pays (dont certains sont musulmans comme l’Arabie Saoudite ou les Comores) de signer une pétition soutenant sa politique anti-musulman.
Aucun débat n’a eu lieu à Moroni sur cette nouvelle déviance de la diplomatie comorienne (après le soutien du découpage d’un journaliste ou les massacres d’enfants au Yémen par l’Arabie Saoudite).
Ce qui est encore plus curieux, aucun des grands journaux de la place n’a osé parler de cette affaire, qui a fait débat sur les réseaux sociaux. La plupart reçoivent une aide annuelle conséquente de la Chine et des voyages dans ce pays pour leurs journalistes. Il n’est donc pas question aussi bien pour le gouvernement que pour les patrons de journaux de fâcher le grand frère chinois.
Mahmoud Ibrahime