La prison de Koki fait rarement la « une » des médias. Les Comoriens des autres îles ont commencé à en entendre parler lors des arrestations des cadres du parti Juwa, accusés par le gouvernement d’avoir attenté à la vie du Vice-Président Moustadroine. Les conditions de détention apparaissent comme plus clémentes, sans doute en comparaison de ce qui se passe dans la prison de Moroni, pourtant, les problèmes sont bien présents. KAY
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La maison d’arrêt de Koki, une des vieilles prisons des Comores, est à environ 10 km au nord-ouest de la ville de Mutsamudu, dans la région de Wani.
Un semblant d’organisation
Cette maison aurait une capacité d’accueil d’environ 90 détenus. Selon le procureur Mohamed Amani, 80 détenus y seraient actuellement pris en charge dans des conditions acceptables.
En effet, selon plusieurs témoignages, la maison d’arrêt de Koki, bien qu’elle soit vétuste, repose sur un semblant d’organisation. On y trouve trois blocs : un pour les femmes et les enfants, un pour les détenus de droit commun et un dernier dit VIP où les détenus jouissent des meilleures conditions d’incarcération.
Ce n’est pas humain
Ce qui fait défaut dans cette prison serait la prise en charge des prisonniers à cause d’un budget qui n’arrive jamais à temps et une sécurité poreuse et inefficace. Si à Moroni le gardiennage est fait par le biais d’un service de sécurité privé, à Anjouan, la sécurité de la maison d’arrêt est assurée par une dizaine d’agents pénitenciers dont certains n’ont ni la formation requise, ni la capacité de prendre en charge des détenus selon l’avis d’un ex-détenu politique sous le sceau de l’anonymat : « Les détenus dorment à même le sol, donc un bout de carton peut facilement créer des tensions. Les évasions sont monnaies courantes et là-bas, manger est un luxe, Depuis mon séjour il y a quelques mois, je me suis engagé de m’y rendre chaque fin de semaine pour apporter des vivres aux détenus, car je trouve que ce n’est pas humain ce j’ai vécu là-bas », nous confie notre interlocuteur.
Une situation que le procureur confirme à demi-mot. « La maison d’arrêt de Koki est un établissement qui mérite des rénovations urgentes et une prise en charge réelle de l’Etat. Nous arrivons à nourrir les détenus et assurer un entretien des lieux par des maigres moyens parfois que nous collectons au palais de justice, parfois des cotisations des magistrats. Les conditions de sécurité ne sont pas au top, ce qui fait nous faisons recours à la gendarmerie pour prendre en charge des détenus à risque dans leurs casernes, ce qui n’est pas du tout réglementaire. Mais c’est une garantie que quand nous avons besoin d’eux, on puisse les avoir. Car il arrive souvent que des détenus à Koki arrivent facilement à prendre la malle à cause d’un effectif de gardiens insuffisant et mal outillés pour un travail aussi difficile ».
Selon nos informations, les prisonniers politiques et les criminels sont gardés à la brigade de gendarmerie de Mutsamudu ou de Domoni. C’est le cas par exemple des suspects de la rébellion armée de Mutsamudu et des inculpés de la tentative d’assassinat de l’ancien vice-président Moustadrane. C’est cette gendarmerie que la récente mission de l’ONU a voulu visiter d’une manière inopinée et qu’elle n’a pu voir.
Pour faire face à la surpopulation carcérale, il arrive parfois à la justice de louer même des résidences privées pour accueillir des détenus, comme ce fut le cas avec le gouverneur Salami Abdou. À l’heure où nous mettions sous presse ce numéro, aucun mineur n’est détenu à Koki selon des sources judiciaires. Masiwa a demandé à effectuer une visite sur les lieux et nous attendons toujours une suite.
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