Les champs électriques et magnétiques intenses génèrent des tensions et courants destructeurs. Jorcuis Mhadji, un réparateur de pylônes des lignes de haute tension chez Sonelec en sait quelque chose, lui qui grimpe aux pylônes depuis une vingtaine d’années. Par Hachim Mohamed
Jorcuis Mhadji est un « ouvrier de hauteur » pour les gros pylônes des lignes de haute tension dans la Société nationale de l’électricité des Comores (Sonelec). C’est en 2001, à l’époque du premier mandat du président Azali qu’il a commencé à travailler dans cette boite. Il a aujourd’hui 41 ans. À en juger par sa manière de parler, de se tenir debout ou encore de se déplacer, il a le physique de l’emploi. D’apparence, c’est un gaillard de petite taille au front haut et calme, adroit de ses mains qui sont à même de grimper sur ces constructions destinées à servir de support à une ligne électrique aérienne.
En fait, ce qui frappe primo chez lui, c’est l’expression de ses yeux quand il regarde son interlocuteur, plus précisément quand il raconte comment il risque sa vie dans la capitale de Moroni et à la périphérie pour y dénicher, réparer dès que nécessaire les pylônes électriques abîmés ou détruits. Tout en évoquant son métier et l’accident il a le sourire moqueur, le regard fuyant, pétillant de malice.
Jorcuis Mhadji a été foudroyé par une importante décharge électrique alors qu’il était en train de restaurer un de ces gros pylônes des lignes de haute tension d’Iconi le samedi 27 février dernier.
Par la manière dont il tâchait de reconstituer ce qui s’était passé ce jour-là, d’en retrouver le moindre lambeau de souvenirs et les termes en apparence les plus insignifiants, dans sa prise de parole, tout chez lui transpirait le caractère téméraire, l’urbanité, la sollicitude dans le métier.
Petit à petit, sans hâte, il reconstruit les faits, reconstitue la chronologie des événements
« En ce samedi soir, aux alentours de 18 heures, il faisait lourd et ça branlait sous mes jambes. Nous étions trois « ouvriers de hauteur » pendant l’opération. Savez-vous qu’il était plus difficile de réparer les lignes de haute tension que de les sectionner tout simplement parce que l’on ne pouvait monter en toute sécurité dans les pylônes ? » Jorcuis Mhadji a envie de livrer les éléments de cette aventure.
« Pour ce qui m’est arrivé à Iconi, l’accident s’est produit quand j’ai effectué par mégarde un mouvement, au moment où quelque chose est entré en contact avec la ligne électrique et je suis électrocuté sur le coup. Par mesure de précaution, dare-dare je suis immédiatement descendu de ce gros pylône des lignes de haute tension »
Evidemment, cet événement a suscité un vif émoi aussi bien au sein des riverains dans le périmètre de ce quartier d’Iconi qu’auprès de ses compagnons.
« Une fois au sol, les deux agents qui étaient avec moi m’ont demandé comment je me sentais au niveau de l’avant-bras qui a reçu la décharge électrique. Ensuite, ils m’ont fait entrer dans la voiture du service qui m’a transporté rapidement aux urgences », a expliqué Jorcuis Mhadji.
Une mutuelle efficace
Jorcuis est catégorique : ses frais d’hôpital ont été entièrement pris en charge via la mutuelle de Sonelec.
« A l’hopital El-Maanrouf, un médecin m’a consulté et après examen, il m’a obligé à porter un bandage compressif pour soutenir mon avant-bras endolori. Ensuite il m’a prescrit les médicaments que je prenais pendant les jours qui ont suivi l’accident de travail. Pour dire la vérité, il y avait plus de peur que de mal car je n’ai pas trop souffert ni physiquement ni moralement. »
Dans son malheur, Jorcuis Mhadji a pu bénéficier de la mutuelle mise en place dans cette société d’Etat, Sonelec pour prendre en charge une partie des frais de santé en cas d’accident de travail.
« Pour bénéficier des protections adaptées à leurs besoins et à leur budget, chaque membre paie une cotisation de 2500fc par mois. Pour les achats à la pharmacie, c’est 50% pris en charge et pour les hospitalisations, c’est 80% payé par la mutuelle. En ce qui concerne la société, sa participation va de 750000 à 1000000fc », a fait savoir le responsable de la communication de la boite Toiyib Said Bacar.
Toutefois, compte tenu de la situation dramatique dans laquelle peut se présenter parfois une personne qui est victime d’accident et de l’urgence à agir, sans attendre un département qui s’occupes des affaires sociales au niveau de la direction des ressources humaines peut saisir le Directeur Général de la Sonelec qui sans délai fournit les moyens de prise en charge à 100% pour les malades ou les blessés. C’est de cette mesure qu’aurait bénéficié Jorcuis Mhadji.
« En principe, les besoins financiers sont gérés par la caisse de prévoyance sociale mais le temps que le « dossier » passe de bureau à un autre, il se passe parfois des longs moments avant qu’elle règle les situations d’urgence. La Sonelec se fera rembourser par la Caisse de prévoyance sociale quand le protocole et la gestion interne le permettent », a ajouté Toiyib Said Bacar.
C’est donc une mutuelle qui fonctionne bien pour les agents de la Sonelec comme nous l’avons constaté avec le cas Jorcuis.
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