Je couvrais la manifestation du 3 septembre 2021 pour Masiwa.
Notre journaliste, Hachim Mohamed, a été arrêté, molesté et jeté en prison pendant 24 heures avant d’être libéré. Il raconte.
J’ai été arrêté, molesté, jeté en cellule de garde-à-vue pendant 24 heures à la gendarmerie nationale et libéré sans avoir été auditionné par un juge.
Lorsque je suis arrivé à la place de l’indépendance, je me suis rendu compte qu’il régnait une atmosphère électrique, une certaine confusion, je me suis retiré de la zone pour me placer devant une maison du quartier Djumwamdji pour écrire avec mon téléphone.
Les gendarmes me sont tombés dessus comme un essaim d’abeilles. « Avance ! » a lancé l’un d’eux. J’ai été immédiatement empoigné par le col par une main robuste qui me dirigea vers le pickup.
« À la Derrick Chauvin »
« Je suis journaliste. Qu-est-ce j’ai fait de mal ? Pourquoi cette violence ? », disais-je en me débattant. Sur la route qui va jusqu’au CNDRS d’autres personnes subissaient la même chose que moi.
« C’est vous justement qu’on cherche pour vos publications dans les réseau sociaux », m’a « recadré » un militaire. Je suppose qu’il parlait des journalistes en général, vu que j’écris très peu dans les réseaux.
Je fus allongé dans le pick-up. Par moment, j’ai essayé de me redresser mais on m’a plaqué au plancher et un des gendarmes a posé son genou sur mon coup à la « Derrick Chauvin », j’étouffais, mais il restait inflexible. L’autre homme transporté dans le même pick-up avait tenté de résister à bord de pickup mais il a reçu un très violent coup au visage, sans doute asséné avec le poing.
Longues 24 heures de garde à vue
Arrivé à la gendarmerie nationale, on nous fit descendre des pick-up. « Mettez-vous contre le mur et posez sur le plancher tout ce que vous avez sur vous : téléphone portable, argent, etc. », a ordonné un gendarme sur un ton agressif.
On me fit entrer dans une cellule où il y avait 28 personnes. Pas d’ampoule électrique. La seule source de lumière étaient deux longues lucarnes en haut du mur à droite et à gauche.
Après une heure de garde-à-vue, quelques compagnons de cellule ont tambouriné la porte et réclamé de pouvoir faire leurs besoins, personne n’est venu.
« Je veux aller aux toilettes », a demandé l’un d’eux.
– Débrouillez-vous les Mabedja. Vous voulez foutre la merde dans notre pays », a répliqué un militaire.
Finalement c’est une femme gendarme qui a eu pitié de nous. Du haut de la lucarne, d’où elle nous regardait, elle a lancé une bouteille en plastique vide.
Quand la nuit tomba, on a eu droit à une dizaine de bouteilles en plus de celles qui avaient été envoyées remplies d’eau avec les repas par les parents de détenus.