La pression des barons du régime et la peur de l’enfermement font qu’un bon nombre de journalistes comoriens pratiquent l’autocensure. Il faut dire que la menace est grande. Cette fois, c’est un homme du cercle rapproché du chef de l’État qui se sent menacé par un article et qui met en branle toute la machine judiciaire pour montrer qu’il n’est pas n’importe qui. Et l’on peut dire que pour Kamaldine Souef, la Justice a mis les moyens !
La plupart du temps, les journalistes reçoivent une convocation à se rendre à la gendarmerie où ils apprennent quelle autorité ils ont offensée. Cette fois, pour impressionner le jeune journaliste d’Al-Fajr, Kamal Abdou Saïd et les autres, deux gendarmes sont allés le cueillir comme un vulgaire criminel. Et la longue garde à vue.
Quel crime a commis ce jeune journaliste ? Il a révélé que normalement le Directeur de la douane touche 800.000 FC de salaire net, mais que Kamaldine Souef, l’actuel directeur arrive à la somme de 5.800.000 FC (soit près de 11.000€). Et cela alors que les employés de la douane accusent quatre mois de salaires en retard. Ce sont ces employés qui ont donné les infos aux journalistes et le Directeur pense que la gendarmerie puis la Justice peuvent le contraindre à « balancer » sa source. Il suffirait au Directeur d’apporter au journal les éléments pour réfuter ce qu’il considère comme de fausses accusations. Non ! le journaliste doit payer.
Il y a à peine un mois, après une pétition de près de 140 employés de la douane contre les pratiques du même directeur, des sanctions ont été prises (jusqu’à l’exclusion) contre la plupart d’entre eux et le reste a dû signer un courrier qui disait qu’ils avaient été trompés.
Mahmoud Ibrahime