L’avantage des élections présidentielles dans un pays, c’est de voir surgir quelques inconnus dans un échiquier de briscards de la politique. Les militants du parti Juwa ont misé sur Dr Salim Issa Abdallah pour les représenter au scrutin de 2024.
Par Hachim Mohamed
Les grands électeurs qui ont participé aux primaires le 29 octobre dernier l’ont choisi parmi quatre candidats. Ils ont porté leur choix sur le plus jeune, mais aussi le moins expérimenté d’entre eux, le chirurgien natif de Foumbouni.
Cette candidature fait couler des flots d’encre. L’opinion y voit la « main invisible » de l’ex-président Mohamed Abdallah Ahmed Sambi. On ajoute dans les commentaires sur les réseaux sociaux l’idée que c’est un « inconnu au bataillon ».
Un homme au profil complexe
Une semaine après l’investiture du candidat de Juwa, l’affaire continue de susciter de sérieux, mais discrets remous sur l’île. A-t-il l’étoffe, les qualités requises pour exercer la charge suprême ?
Pendant ses études au Sénégal, le Dr Salim Issa Abdallah militait dans une association des étudiants comoriens avec le credo d’améliorer, entre autres, les liens intergénérationnels.
Né en 1974 à Foumbouni, le Dr Salim Issa Abdallah est marié et il a quatre enfants. Il aime le sport et la lecture. Accueillant, proche des gens, sa posture portée sur les affaires de la cité confère au médecin une position centrale dans cette course présidentielle.
Mais, il est pourtant celui dont on ne sait pas grand-chose. Loin de l’engagement social et politique auquel souscrit la majorité de ses camarades, visiblement, il ne veut chercher son ancrage que dans sa réalité personnelle, dans le « puits du moi », confie un de ses proches. C’est un homme au profil insaisissable, complexe et insondable.
C’est peut-être un élément positif sur lequel il devra continuer à bâtir son « avenir de surprises » avec une réputation d’honnêteté dans un pays où la classe politique est en grande partie corrompue.
Sa candidature était inimaginable il y a des années, pour ne pas dire un mois. À 49 ans, il est visiblement l’homme qui séduit et aujourd’hui, il figure parmi les impondérables de ces élections présidentielles, celui qui peut créer la surprise à l’issue du scrutin.
En tout état de cause, ceux qui le connaissent ne doutent pas de ses capacités quant aux responsabilités auxquelles il postule.
Un parcours classique au service de l’État
Le parcours de ce médecin et son caractère atypique au sein de Juwa n’ont pas manqué d’intriguer dans le landerneau politique.
Bachelier en 1993 et il a été diplômé de la Faculté de médecine de Madagascar en 2003. Il a effectué plusieurs autres formations pour se perfectionner, notamment à l’Université de Bordeaux en 2006 pour la prise en charge de personnes atteintes par le VIH-Sida en 2006, la chirurgie traumato-Orthopédiquee à l’Université de Dakar en 2013…
De retour une première fois, Dr Salim Issa Abdallah a d’abord travaillé pour l’hôpital de Bandamadji ya Domba de 2003 à 2004. Il a ensuite mis ses connaissances au service de l’hôpital de Foumbouni de 2004 à 2005, puis du Centre hospitalier de M’Boueni de 2006 à 2007 ou encore de l’hôpital El-Maarouf de 2007 à 2009.
Au fil d’une longue carrière jalonnée de changements de structures sanitaires à Moroni, la vie professionnelle de ce médecin est aussi marquée à Ngazidja par l’expression de ses talents de chirurgien et l’obsession de faire quelque chose pour se sentir utile pour son pays.
Le candidat de Juwa a aussi été élu membre du Conseil d’Administration (CA) de la Meck de Fumbuni. À l’hôpital El-Maarouf, il est le représentant du corps médical au CA.
« Construire du neuf avec des hommes nouveaux »
Devant les jeunes qui ne croient plus en leur pays, ni en l’alternance, le présidentiable Dr Salim Issa Abdallah peut incarner un renouveau de la classe politique.
Djambae Wahib, admet que Dr Salim Issa Abdallah n’a jamais été ministre ni directeur d’une société d’État, mais, il a milité dans plusieurs associations. Et pour lui, « les Comoriens ont besoin d’un homme propre, qui a les mains libres pour un changement radical. Construire du neuf avec des hommes nouveaux. C’est un homme lucide, d’écoute et de dialogue, doté d’une capacité de rapprochement et de réconciliation, capable de transformer les conflits en coopération. Il saura s’entourer de patriotes et des meilleurs pour apporter les changements que le peuple attend du nouveau président ».
D’ici au scrutin de 2024, dans les discours des présidentiables, il y aura à foison l’entêtement farouche et obstiné à vouloir gagner coûte que coûte, le désir d’humilier ses adversaires, la forte tendance à souligner les défauts des autres, à larges traits, sans jamais voir les siens propres.
Pour Dr Salim Issa Abdallah, seul un engagement politique fort de sa part peut redonner du sens aux jeunes, mais aussi à tous les citoyens qui aspirent à un changement salutaire.
Évidemment, à l’heure où sous d’autres cieux, en Afrique, le coq annonce le jour, l’horizon blanchit et le vent du matin s’élève, il est temps de voir émerger de nouveaux visages en politique aux Comores, de mettre en chantier les bonnes solutions aux problèmes sans se tromper d’adversaire politique.