Ce lundi soir les Cœlacanthes affrontent le Cameroun, pays hôte de cette CAN 2021 en 8e de finale. Cette qualification était quasi inattendue et n’aurait pas été possible sans la victoire remportée par les Cœlacanthes le 18 janvier 2022, la première victoire à la CAN pour les Comores face au Ghana par 3 buts à 2, à l’issue de leur troisième et dernier match de la phase des poules. Une victoire et une qualification qui ont réveillé la joie et la fierté de tout un peuple. Par Hachim Mohamed
La rencontre des Cœlacanthes sur la pelouse du stade Omnisport Roumdé Adjia de Garoua a une fois encore fixé de nombreux supporters comoriens devant leurs écrans ce mardi soir.
Tout de suite après le coup de sifflet final de l’arbitre malien Boubou Traoré, partout dans les rues de la capitale et autour des fanzones en plein air, un tonnerre de cris et d’applaudissements s’est élevé. Des centaines de véhicules, de motos avec le vacarme de leurs klaxons ont résonné jusqu’à tard dans la nuit. L’euphorie avait gagné tous les quartiers de la ville où régnait une ambiance de kermesse.
Plusieurs couche-tôt ont été sortis de leurs lits pour regarder devant leurs maisons la population en liesse qui descendait dans les rues pour manifester sa joie après cette victoire on ne peut plus historique de l’équipe nationale des Comores.
El Fardou Ben Nabouhane, premier buteur des Comores à la CAN
Après avoir disputé les deux premiers matchs sans réussir à gagner ou même à marquer un but, les Cœlacanthes ont finalement ouvert leur compteur de buts devant les Black Stars. El Fardou qui a hérité du ballon à l’entrée de la surface, d’une frappe croisée à ras de terre a réussi à tromper et à laisser sans réaction le gardien Jojo Wollacott. Avec ce but, les joueurs d’Amir Abdou prennent déjà les commandes de la rencontre dès la quatrième minute.
C’est un but qui a fait passer les supporters des Cœlacanthes par toutes les émotions. Mais, l’euphorie a été un peu gâchée par la blessure à la 23e minute du gardien Salim Ben Boina. Sur le ballon mal négocié qu’il avait relâché, André Aryew était arrivé dans cette action en profondeur le pied en avant pour jouer le cuir, mais ses crampons ont grièvement « brossé » l’épaule du gardien comorien qui est sorti sur une civière.
Le capitaine de Black Stars a reçu un carton rouge après la consultation par l’arbitre de la vidéo.
Un match fou
Acculés dans leur moitié de terrain jusque-là, les Comoriens ont commencé à respirer et à mieux contrôler le ballon après l’expulsion d’Ayew..
C’est vrai qu’après le cap de la première demi-heure dans cette rencontre, les choses ont pris une tournure terrible pour les Ghanéens, menés à 1-0.
Après une heure de jeu, il fallait pour les Cœlacanthes rehausser leur niveau en jouant dans les intervalles. Ahmed Mogni qui enrhumait ses adversaires, s’est infiltré sur la droite de la surface. En deux temps et trois mouvements, il avait crocheté avant de croiser sa frappe à la 62e minute. Wollacott ne pouvait rien faire (2-0) !
Les cœlacanthes s’imaginaient alors avoir fait le break. Mais, deux minutes après, le match s’emballe. Sur un corner, Boakye, entré quelques secondes plus tôt, place la tête, profitant de la sortie hasardeuse d’Ahamada (2-1).
Les Black Stars revivent.
À la 70e minute, les corners s’enchaînent pour le Ghana et les Black Stars mettent une grosse pression sur la défense comorienne. Les deux formations continuaient à jouer un football agréable et offensif.
Alors qu’Ahamada venait de sortir une nouvelle très grosse parade, sur la deuxième action dangereuse des Ghanéens, le gardien comorien a manqué sa sortie et le ballon a terminé sa course au fond des filets via la frappe à bout portant de Djiku, parfaitement décalé par la tête de Partey ( 2-2)! Les Black Stars relancent alors la rencontre.
Ahmed Mogni « qualifie » les cœlacanthes
L’égalisation surprenante des Black Stars a réveillé les Comoriens qui se sont remis à oser et à jouer devant à fond. Force est de reconnaitre que dans cette CAN quand les Cœlacanthes osent jouer, ils sont bons.
À la 85e minute, sur une action magnifiquement construite, Mogni s’offre un doublé sur une offrande millimétrée de Yousoouf Ben Djaloud. Les Comores mènent de nouveau au score (3-2).
Toutefois, les « trois points baraka » obtenus dans ce match n’étaient pas suffisants pour se qualifier en 8e de finale. Il a fallu attendre les résultats de deux rencontres le 20 janvier, à savoir le match qui opposait la Côte d’Ivoire à l’Algérie et celui qui mettait aux prises la Sierra Leone et la Guinée Équatoriale pour espérer passer.
L’attente a été longue pour tout un peuple. Mais, la délivrance arriva quand les Ivoiriens ont battu les algériens sur le score de 3-1 et les Équato-Guinéens ont gagné 1-0 devant la Sierra Leone.
Quel est l’intellectuel qui a clamé que dans les grands évènements les qualifications sont toujours très disputées, mais les batailles ne sont intéressantes que sous la pluie ? L’équipe des Gombessa, qui a réussi à déjouer toutes les attentes en se qualifiant à l’arraché d’un coup de dé, est l’illustration qu’« à l’impossible, nul n’est tenu. »
Ahmed Mogni et ses coéquipiers ont hissé très haut notre drapeau national. Encore une fois, alors que le régime en place semble avoir perdu tous les repères des valeurs du pays, les Cœlacanthes ressuscitent avec panache ces valeurs des Comores. La victoire fut fêtée jusqu’au bout de la nuit dans les villages, villes et quartiers du pays.