Beaucoup de ressortissants comoriens qui sont en voyage d’affaires, pour des études ou encore pour résoudre des soucis sanitaires font les frais des décisions gouvernementales interdisant aux compagnies aériennes de prendre même des Comoriens souhaitant retourner dans leur pays. Par HACHIM MOHAMED
« Ce n’est pas pour le besoin de faire du tourisme que nous sommes à Dubaï. Nous sommes ici pour des affaires. Grande fut notre surprise quand nous sommes arrivés à l’aéroport ! On nous a fait savoir que notre pays avait fermé les frontières. Parmi nous, il y a des personnes âgées, des bébés qui allaitent et des compatriotes qui sont malades. Vous vous rendez compte de notre cri de détresse. Nous sommes chassés des hôtels. Avec la terrible maladie, on n’arrête pas de dire ici « chacun chez soi ». Nous lançons un SOS à nos autorités (…) Il n’y a plus personne dans cet aéroport si ce n’est des ressortissants de l’Union des Comores. Les autorités d’ici vont fermer l’aéroport demain. Il y aura interdiction de circuler dans les lieux », raconte dans une vidéo Youtub une commerçante comorienne.
Dans un contexte difficile, les impairs, les gaffes, le désordre, la confusion en matière de décision inquiètent nos compatriotes qui se retrouvent dépourvus de moyens à Dubaï et en Tanzanie.
Un autre commerçant bloqué à Dubaï appelle au secours et apporte une précision : « La compagnie se dégage toute responsabilité dans cette affaire, car elle n’a pas reçu à temps une notification de la part de nos autorités ».
Sur YouTube, il y a également une vidéo du journaliste de Masiwa, Ali Mbaé, parti à Dar es Salam pour des soins, et bloqué là-bas depuis mardi. Il livre les détails d’un drame qui ne dit pas encore son nom : « La mesure faisant état de fermeture des frontières a été signée par le Directeur général, Nassur Ben Ali. (…) Il y a plus de 300 ressortissants comoriens qui veulent rentrer. Pour ces compatriotes qui en cette période d’avant-ramadan partent en Chine en prévision des ventes de la fête de l’eïd au pays et qui ne pouvaient pas le faire à cause du coronavirus, se sont rabattus sur la Tanzanie. En fait, ils ne comprennent pas sur quelles bases on a cassé la décision de l’arrêté conjoint du ministère de la Santé et celui des transports aériens, encore moins la note officielle du 22 mars qui leur donnait un délai jusqu’au 25 ».
Ce sont ces changements de délais et de dates qui ont désorienté et piégé les Comoriens à l’extérieur et non la décision légitime de couper les liaisons aériennes. Ils sont devenus les victimes de la cacophonie qui règne au sommet de l’État à propos de la gestion du covid19.
Le journaliste Ali Bae est encore plus précis : « Ils sont plus de 80 personnes qui ne savent pas où aller pour passer la nuit en ce mardi, car elles ont tout réglé dans les hôtels pensant pouvoir partir aujourd’hui. Ce qui est scandaleux, c’est qu’il y a des mamans, des femmes d’un certain âge qui vont souffrir ici. Autre chose, le gouvernement tanzanien veut fermer les hôtels et les supermarchés. Pour nos compatriotes qui étaient partis à l’aéroport et qui se sont rendu compte qu’ils ne peuvent pas partir, ils sont allés à l’ambassade de l’Union des Comores où ils ne peuvent être hébergés, car les locaux sont plus exigus que ma piaule au village », a-t-il divulgué en précisant que l’Ambassadeur des Comores à Dar es Salam a saisi le gouvernement qui n’a pas réagi.