Vice-président de Badili, Ahmadou Mzé explique l’alliance de son parti avec Achmet aux présidentielles, trouve que «la situation est gravissime» pour le pays, et qu’Azali ne peut pas gagner dès le premier tour «sans mettre en scène un hold-up électoral». Quant à la diaspore, elle serait « le talon d’Achile» du candidat de la CRC.
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Masiwa: Vous êtes VP de Badili, une nouvelle formation politique qu’on attendait sur le terrain et qui ne le sera pas directement. Pourquoi ?
Ahmadou Mze : En effet, beaucoup de nos concitoyens attendaient une candidature de Badili aux élections, car notre présence contribuerait à éclairer l’opinion sur les vrais enjeux qui sont entre autre d’ordre structurels et sur un système inapproprié ne permettant l’entrée du pays dans un nouvel ère de développement. Sachant la cacophonie existante avec 13 candidats en lice, nous avons préféré jouer collectif en s’alliant avec un candidat.
Masiwa : Avec qui alors?
A M : Le mouvement Badili avait mandaté son président Assoumani Saandi début janvier 2019 pour engager des discussions avec tous les candidats pour connaître leurs avis sur la situation du pays et les prochaines élections, chose faite. Et aucun des candidats que nous aurions pu imaginer progressiste n’ait accepté l’idée d’une candidature unique des forces progressistes pour une troisième voie. Et donc, nous avons décidé de nous allier à HURY pour soutenir le Dr Achmet Said Mohamed, celui qui est plus proche de nous sur les idées.
Masiwa : Pourquoi ce choix?
A M : Nous nous sommes fixés des critères objectifs à partir desquels nous avons pu procéder par élimination. Ces critères portaient sur les valeurs, le patriotisme, le diagnostic sur la situation politique, la probité morale, le renouvellement et le projet porté par le candidat. Et nous étions agréablement surpris que le Dr Achmet soit le seul qui répondait à tous nos critères. C’est de mon point de vue le seul candidat qui peut incarner un véritable changement des pratiques et du système.
Masiwa : Quelle lecture faites vous de la situation politique aux Comores en ce moment?
A M : La situation est gravissime, le pays est au bord de l’explosion, les libertés individuelles et collectives bafouées, des arrestations arbitraires, des prisonniers politiques, un gouverneur élu en prison sans jugement, des candidats empêchés injustement à se présenter aux élections, une vie de plus plus chère, une politique de matraquage fiscale qui tue le secteur privé et décourage les importations, une gabegie financière du pouvoir, des nominations partisanes et familiales sans pudeur, des détournements de fonds à ciel ouvert, un peuple oublié et à qui l’on demande des efforts fiscaux pour financer des assises, des campagnes, des voyages et toutes les gabegies d’une administration inefficace…le pire, le pouvoir semble vouloir organiser un hold-up électoral aux prochaines élections et j’ai peur que ce ne soit la dernière goutte d’eau pour déborder le vase.
Masiwa : Quelles sont les propositions de Badili pour y remédier?
A M : Comme vous le savez l’alliance HURY-BADILI est né pour travailler sur un projet commun dans la durée. Nous avons annoncé la couleur de nos propositions sur la moralisation de la vie politique et publique, depuis le mercredi dernier. C’est indispensable si l’on veut réconcilier le peuple avec ses dirigeants. Nos institutions sont très affaiblies par ce régime, il faut les redéfinir ou les restaurer en se mettant d’accord sur les modalités : une assemblée constituante souveraine pour en décider pourrait être une solution. Il faudrait mettre en place des contre-pouvoirs, contrôler le pouvoir par les citoyens avec par exemple le référendum d’initiative populaire, la possibilité de révoquer les mandats des élus, mettre en place des mécanismes de contrôle des finances publiques, soutenir le secteur privé avec un budget conséquent alloué, renforcer l’indépendance de la justice par l’élection du procureur, libérer les libertés individuelles et collectives, les libertés de la presse et j’en passe…plus de détails prochainement.
Masiwa : Le candidat Azali parle de victoire dès le premier tour, est-ce possible?
A M : C’est pire ce qu’il a dit de justifier son hold-up par le fait qu’il n’a pas le budget suffisant pour organiser un second tour. Le Président Azali a perdu le référendum mais il l’a fait adopter au forceps, il a laissé un pays déchiré et divisé. Il a face à lui 12 candidats qui contrôle chacun son électorat. Comment peut-il prétendre gagner ces élections sans mettre en scène un hold-up électoral, un achat des consciences et une corruption massive ? Les dernières nominations villageoises et partisanes, les inaugurations, les déplacements aux allures de campagnes avec l’argent public en sont des signes avant-coureurs de sa volonté de corrompre les électeurs. D’où la nécessité d’exiger au préalable toute la transparence à ces élections. Notre candidat Achmet Said Mohamed a saisi par courrier les organisations internationales. J’invite tous les candidats à faire la même chose individuellement ou collectivement.
Masiwa : La diaspora pèse indirectement sur les élections aux Comores, or elle ne vote pas, que propose Badili ?
A M : La diaspora a toujours été considérée par le Président Azali comme son talon d’Achille et j’ignore pour quelle raison. Il est le seul président élu qui n’a jamais rencontré la diaspora lors de ses déplacements en France ou ailleurs. Il est farouchement opposé que la diapora participe aux élections présidentielles ou référendaires puisqu’il a supprimé l’article de la constitution qui référençait ce droit. En 2016, nous étions à deux doigts de voter mais ses amis de l’assemblée nationales et ceux du cabinet du président Ikililou ont tout boycotté. Sur ce sujet, Badili Comores est naturellement pour la restauration de ce droit lors de la prochaine révision constitutionnelle et travaillera avec la diaspora pour définir un vrai statut des comoriens de l’extérieur avec des droits et devoirs. Car nous sommes persuadés que la diaspora est un atout pour les Comores et non un handicap.
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Propos recueillis par BIM