L’Office Radio et Télévision des Comores (ORTC) a installé une antenne en France dans la ville de Marseille. L’inauguration officielle a eu lieu en juin 2019. Abdoulhamid Abdourahamane assurait la fonction de représentant de l’ORTC en France. Cependant, au début de ce mois de mars 2021, le directeur de l’ORTC, Salim Hafi a nommé une autre personne pour assurer l’intérim en attendant la mise en place d’une équipe. Nous nous sommes rapprochés d’Abdoulhamid Abdourahamane pour en savoir plus. Propos recueillis par Natidja HAMIDOU
Masiwa – Combien de temps avez-vous été représentant de l’ORTC en France ?
Abdoulhamid Abdourahamane – J’ai été nommé le 11 octobre 2016 par arrêté ministériel. Ma prise de fonction a eu lieu en décembre 2018. C’est en juin 2019 que l’antenne a été inaugurée officiellement en présence de l’actuel ministre et ancien Directeur Général de l’ORTC, Ahmed Said Ben Jaffar, la Directrice administrative de l’ORTC, le Directeur opérationnel, ainsi que des grandes figures de la diaspora, des élus et plusieurs associations représentatives des quatre iles.
Masiwa – Nous avons appris que vous n’êtes plus à la tête de l’ORTC en France, pourquoi ?
A.A – Comme vous, je l’ai appris via les réseaux sociaux. En réalité, je ne me sens pas concerné par cette nomination. Seul le ministre de l’Information est habilité à me licencier. Toutefois, s’agissant de Salim Hafi, cette nomination est la suite logique d’un DG qui bricole. C’est une nomination sans cahier de charge, sans bureau, sans budget, sans équipement et sans projet. Il serait judicieux de me remplacer pour bénéficier des partenariats déjà engagés avec la ville de Marseille pour soutenir l’antenne à produire des émissions de lutte contre la délinquance, sur l’égalité des chances, sur les droits et devoirs des parents, etc. Je savais qu’un jour je serais remplacé. Mais, me remplacer devant les médias sans préavis ni entretien, c’est éviter de faire face à ses responsabilités. Un mépris à l’endroit de moi-même, de la diaspora qui s’est battue des années durant pour l’installation d’une antenne et du ministère de tutelle qui m’a nommé.
Masiwa – Pouvez-vous nous présenter un bilan de votre mandat ?
A.A – Je ne peux pas vous présenter un bilan en quelques lignes. Mais je vais citer quelques actions. D’abord, en ma qualité d’administrateur, j’avais pour mission première de trouver un statut juridique autorisant la chaine nationale à opérer en France en toute légalité, de bénéficier des endroits publics pour produire en toute sécurité. Ce qui m’a permis de réserver le parc du Merlan durant toute une journée pour produire neuf danses culturelles maoraises au profit de l’ORTC. Ma deuxième mission consistait à fournir à l’antenne un matériel de production high-tech en cas de besoin en partenariat avec d’autres structures. Ce qui m’a facilité d’assurer la conférence de Paris à la Banque Mondiale durant deux jours soit 26 heures de tournage à ma disposition. Ma troisième mission consistait à trouver des financements pour former nos bénévoles et stagiaires. Les deux premières missions sont bien remplies. Seule la troisième est suspendue en raison des mesures sanitaires. Je n’ai pas manqué d’adresser une demande de dérogation sur la date et les financements prévus pour l’établissement choisi pour former nos 15 bénévoles. En ce qui concerne la production régulière, deux à trois émissions hebdomadaires obligatoires, elles ont été fournies depuis 2019 jusqu’à mars 2020. Plusieurs ont été produites et jamais diffusées. Elles sont stockées dans des serveurs bloqués faute de paiement. Je vous informe que depuis la nomination de Salim, nos subventions mensuelles ne sont pas honorées.
Masiwa – Pensez-vous avoir atteint les objectifs que vous vous étiez fixés ?
A.A – Non, je n’ai pas atteint mes objectifs. Comment remplir mon cahier de charge avec 16 mois d’arriérés de salaire ? Plusieurs appels et courriers lui sont adressés. Le ministre chargé de la diaspora l’a interpellé sur les risques que cela pourrait avoir. Il a promis de réagir rapidement, mais dès la démission d’Amine Soeuf il a profité du vide.
Masiwa – Quels rapports entretenez-vous avec le directeur de l’ORTC actuel ?
A.A : Très difficile, il m’appelle seulement s’il a besoin de m’exploiter. Il répond rarement à mes mails et rapports. Depuis mon premier entretien avec lui, j’ai vite compris que ce directeur n’est pas à la hauteur. Mais, j’ai été naïf de croire qu’il va venir trouver une solution dès mon retour en France depuis juillet 2019. Des solutions nous permettant d’être autonomes financièrement sont possibles, mais cela exige son approbation et des garanties de sa part. Je suis choqué d’avoir brisé cet élan au moment de bénéficier des productions à la taille d’une TV. Salim a tout chamboulé. Reste à savoir la réaction de son ministre. Comment doit-il procéder pour payer nos droits et ceux du propriétaire des bureaux qui reposait sa confiance sur ma personnalité. Une bataille juridique en France compromettrait l’image de notre pays encore une fois. Même si certains ont l’habitude d’enfreindre les lois et règles de l’administration publique, en toute simplicité, heureusement d’autres grands hommes existent encore dans notre pays. Tôt ou tard nos droits seront restitués. Je ne manquerai pas de vous informer.