Un affrontement inter communautaire a fait un mort et un blessé grave. Pour punir les présumés coupables de ce qui s’apparente à un homicide, les notables de Ngazidja envisagent de priver tous les habitants de Vouvouni de leur droit de vote.
Par TM
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Une décision ubuesque qui démontre à quel point le pays marche sur la tête pour cause de défaillance de l’État. La notabilité de Ngazidja s’est réunie samedi 16 février à Iconi sur la question Vouvouni-Boeni. Les autorités coutumières envisagent de priver les habitants de Vouvouni de leur droit civique, notamment le droit au vote. En plus de ça, la notabilité veut que Vouvouni soit privé de l’électricité de Ma-Mwe (actuellement Sonelec). En attendant, une autre décision est entérinée. Vouvouni est banni de toute participation ou invitation à des activités coutumières pour une période de 4 ans.
Cette avalanche de sanctions est le corollaire d’un violent conflit qui oppose les localités limitrophes Vouvouni et Boeni, à quelques encablures au Sud de la capitale. À la base, Boeni qui déplore un mort n’y était pour rien. L’étincelle est l’assistance à une personne en danger par des jeunes de cette localité où réside le chef d’état-major de l’armée. En effet, un litige foncier oppose Vouvouni et un commerçant qui a pignon sur rue du nom de Kachiche qui a bâti un mini empire entre Vouvouni et Ndruani. Fin de la semaine dernière, un chauffeur de camion de ce commerçant a été pris à partie par des individus de Vouvouni. Il a abandonné le porte-conteneurs et trouvé refuge à Boeni.
Les forces de l’ordre n’ont pas tardé à s’interposer. La situation a été sous contrôle. Et ce jusqu’à jeudi 15 que les forces publiques ont levé le camp. Le lendemain matin un jeune de 35 ans, originaire de Boeni Bambao, est retrouvé le corps inanimé gisant au pied de la maison familiale.
Kaldance, comme beaucoup d’autres jeunes de Boeni, surveillaient ladite localité contre une éventuelle intrusion des habitants de Vouvouni. Dans la nuit de jeudi à vendredi 15 février, Kaldance comme à l’accoutumée avait monté la garde sur le toit de la maison d’un étage. Aux environs de 4 heures du matin, il est redescendu dans sa chambre. Sa sœur qui habite le rez-de-chaussée a senti sa présence à l’étage quand le futur regretté a tiré la chasse d’eau.
Entre 6H et 7H, son corps est découvert gisant à côté de la maison. Des témoignages des habitants de Boeni affirment que du sang maculait son cou et son épaule gauche. La piste de l’homicide volontaire est privilégiée par les enquêteurs, venus récupérer le corps avant de le confier à la famille. Le ou les auteurs ne sont pas encore formellement identifiés. Selon des sources sécuritaires, une douzaine d’individus de Vouvouni est entre les mains des forces de l’ordre.
Dans la journée, un homme d’une soixantaine d’années originaire de Vouvouni a été violemment battu alors qu’il se trouvait dans son champ. Il est grièvement blessé au niveau de la mâchoire selon toujours notre interlocuteur. Depuis le matin du vendredi, une soixantaine d’éléments mixtes des forces de l’ordre a pris place dans les deux localités qu’ils surveillaient depuis le début des hostilités avant de lever le camp hier jeudi, croyant que la situation s’était calmée.
Le ministre de l’intérieur s’était rendu au chevet de la famille endeuillée où il a recueilli quelques informations. Mohamed Daoudou demande aux habitants de Vouvouni qui ont pris la fuite de regagner leurs domiciles. En effet beaucoup sont ceux qui sont partis vendredi craignant d’être brutalisés par l’armée laquelle, dans ses habitudes légendaires, n’épargne personne dans pareille intervention. Dans le cas de Vouvouni, il faut noter que les militaires agissent en armée républicaine.
À notre niveau, nous n’avons noté aucun bien meuble ou immeuble détruit comme c’est souvent le cas.
Après le ministre de l’intérieur, le procureur de la république s’est rendu, à son tour, samedi, sur les lieux où le corps de Kaldance a été trouvé. Il était accompagné du commandant de la gendarmerie et de la brigade de recherche. «Les investigations sont en cours pour connaître toute la vérité», peut-on lire sur la page Facebook de la gendarmerie.
Malgré le travail d’arrache-pied des autorités judiciaires, la notabilité de Ngazidja, qui a une emprise sans la limite sur l’Etat, prononce leur oukase de priver Vouvouni de son droit de vote. Les notables envisagent même de faire destituer le maire de Bambao Yahari qui est originaire de Vouvouni. Reste à savoir jusqu’où l’Etat laissera la tradition s’emparer de son autorité. Pour ce qui est de la privation de vote, il y a de fortes probabilités que les notables obtiennent gain de cause, Vouvouni étant une localité acquise…à l’opposition.
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