Le bras de fer qui se joue entre les étudiants de l’Université de Mvouni et l’administration centrale depuis de début de l’année s’est nettement avivé le lundi 9 janvier 2023 après que les étudiants ont appris que Chamsoudine Mohamed, leur camarade, président de Conseil de Délégués aurait été viré de l’Université.
Par Hachim Mohamed
C’est une situation de tension qui risque de se poursuivre dans les jours à venir, voire de déborder sur une période sans examens semestriels au campus universitaire de Mvouni. « Chamsoudine, l’étudiant défenseur des intérêts des étudiants dans les administrations de l’Université, a eu des soucis au siège de l’administration centrale de Mavinguni quand il voulait récupérer sa carte d’étudiant pour la nouvelle année académique. Pourtant, il a entamé les démarches pour se mettre à jour pour les frais d’inscription, mais il s’est rendu compte que quelque chose clochait dans le processus, quand il voulait récupérer sa carte d’étudiant », affirme un membre actif du mouvement de grève, qui n’a pas accepté de décliner son identité.
Placés devant le fait accompli, selon d’autres indiscrétions, les étudiants ont commencé à contester en clamant : « Si Chamsoudine est interdit d’examens, en signe de solidarité, nous ferons grève, quitte à provoquer une année blanche ».
Ce qui se passe actuellement à l’Université de Mvouni a été déjà pressenti par les étudiants : ils savaient qu’à défaut d’arrangement avec l’administration, la grogne allait se poursuivre et qu’il ne s’agissait que du calme avant la tempête.
Discussion de problèmes à la Gendarmerie
Sur ces entrefaites, après concertation entre eux, les étudiants ont vu Ramadhoini, le Directeur général de la Gendarmerie, pour lui faire part de la situation, car dans les pourparlers liés à la grogne que les étudiants ont eus avec lui auparavant, il leur avait déjà fait savoir qu’à chaque fois qu’il se pose un problème à leur niveau, ils doivent l’en tenir informé.
Arrivés à la Gendarmerie, ils notent que le commandant n’était pas à son bureau. Après discussion avec un autre chef de la Gendarmerie, répondant au nom de Zakaria, les étudiants avaient laissé Chamsoudine avec lui : il avait besoin d’avoir un entretien en tête-à-tête afin de lui indiquer les démarches à suivre pour une issue favorable.
Pendant leur conciliabule, le reste de la délégation estudiantine avait quitté les lieux pour se rendre au ministère des Affaires sociales, estimant que les doléances, exprimées lors des rencontres tenues ces deux dernières semaines en vue d’arrangement de la situation, n’ont ostensiblement reçu aucune oreille attentive du côté de l’administration centrale.
Promesse de règlement rapide de doléances de la part du ministre
À en croire une source, un grand pas de l’admission sur le bien-fondé des revendications des étudiants a été franchi lors des échanges avec le ministre de l’Éducation nationale, Takiddine Youssouf, qui, dans son bureau, avait esquissé des solutions.
Selon Arbabidine, les étudiants avaient soumis au ministre trois points importants qui figurent sur leur cahier de doléances.
D’une part, les étudiants ont réitéré la demande de révocation de la Coopérative et l’UNEUCOM, qui est une instance composée des représentants de l’ensemble des coopératives de l’Université des Comores. Ensuite, ils ont demandé la mise en place d’une mutuelle qui ne dépend pas de l’administration dans la gestion, et où les étudiants peuvent voter son président en plus de la possibilité d’y avoir un droit de regard et de jouir de leurs droits de réclamation quand il y a un problème comme ce qui s’est passé avec la Coopérative qu’ils honnissent. Enfin, les étudiants veulent que leur camarade puisse passer des examens samedi, s’inscrire et disposer de sa carte d’étudiant comme tout le monde.
À la fin de pourparlers, selon une autre source, le ministre de l’Éducation nationale a suggéré aux étudiants d’écrire une lettre d’excuses adressée aux responsables de l’administration de l’Université et que lui, de son côté, allait jouer un rôle de facilitateur pour obtenir rapidement la satisfaction de leurs doléances.
« Même si tout le monde semble entrevoir pendant cette bataille une issue de la crise dans un avenir rapproché, on sent une certaine tension dans l’air», dit notre source.
Chamsoudine, empêché de passer ses examens semestriels
À en croire une source qui a requis l’anonymat, plusieurs étudiants seraient dans le collimateur des autorités universitaires et, ce qui est arrivé au président du Conseil des délégués, Chamsoudine Mohamed, a permis d’éclairer la partie cachée de l’iceberg du malaise estudiantin ambiant.
Dire, par exemple, au défenseur des intérêts des étudiants que la machine est tombée en panne en lui faisant défiler des formules alambiquées et usées jusqu’à la trame, nonobstant qu’il a déjà payé les droits d’inscription, tout en étant dans le collimateur des autorités, qui veulent lui retirer le statut d’étudiant, voilà qui dénote de la mauvaise foi de la part de l’administration centrale.
Sur la base de cette décision injuste, Chamsoudine Mohamed ne pourra passer ses examens semestriels, qui ont commencé samedi 14 janvier 2023.
S’agissant justement de ces droits d’inscription, Hanam, un étudiant en Géographie, ne comprend pourquoi en 3e année, on augmente les frais d’inscription. À ce niveau de formation, il faut débourser auprès du Service de Scolarité 50.000 francs comoriens (KMF) en plus, évidemment, de la somme de 5.000 KMF pour la Mutuelle.
Pourtant, selon le jeune étudiant en 3e année, il ne se passe rien d’extraordinaire en encadrement par rapport aux deux premières années de formation. C’est la raison pour laquelle, le jeune étudiant ne comprend pas comment avec toutes les recettes engrangées sur les 6.000 étudiants, qui paient chaque année les droits d’inscription, lui comme ses camarades sont à se demander où va le magot ainsi accumulé, dans une Université bourrelée et pétrie de problèmes !
« Vous rendez-vous compte ? Pour mieux suivre les cours, il arrive à l’Université que les étudiants organisent une quête pour louer un amplificateur stéréophonique et un micro pendant les cours magistraux. Pensez-vous qu’une administration qui fonctionne convenablement allait faire les choses de cette manière ? », s’est exclamé l’étudiant.
Hachim Mohamed