La campagne de sensibilisation lancée par le Collectif du Patrimoine des Comores autour de la préservation de la Médina, a choisi la littérature pour mobiliser la jeune génération. Dans la foulée du Gala qui présentait ce projet devant près d’une centaine de personnes le 13 septembre dernier dans un hôtel de Mutsamudu, le concours littéraire organisé le samedi 11 octobre dernier, signe l’acte II de cette campagne.
Les pluies qui se sont invitées ce samedi 11 octobre sur l’île annonçaient le début du Kashkazi, l’une des deux saisons qui rythment la vie aux Comores. À Mutsamudu, la Citadelle s’apprêtait à accueillir ce jour-là la cérémonie de remise des prix du concours littéraire organisé par le Collectif du Patrimoine des Comores, mais n’avait pas prévu de déployer les parapluies. Et, comme dit l’adage, rien n’arrive par hasard. Pendant que les portes de la forteresse se refermaient sous les averses, la Médiathèque municipale ouvrait aux participants, l’univers du livre.
Tel un rappel à l’ordre des choses, c’est donc la bibliothèque DE la ville qui accueillit le premier concours littéraire sur le patrimoine. « Ce concours restera dans les annales comme le premier événement depuis l’ouverture de la Médiathèque », s’est félicité le directeur du lieu. La cérémonie de remise des prix du concours littéraire sur le patrimoine prenait du coup une deuxième dimension. Celle d’un hommage mérité à un l’un des meilleurs connaisseurs du Sultanat, historien et spécialiste de la généalogie, Saïd Hachim Mohamed, à qui la municipalité a dédié la Médiathèque qui porte ainsi son nom. Finalement, c’est dans cette ambiance inattendue que prit place le public venu soutenir les candidats au concours littéraire.

Une vingtaine d’enfants, accompagnés de leurs parents, auxquels se sont ajoutés, quelques figures connues pour leur soutien constant à la Médina de Mutsamudu et des curieux attirés par les voix d’enfants que relayaient les haut-parleurs, ont pris place. Autre satisfaction, le soutien du club de lecture de l’association « Soirhane » qui a dépêché trois de ses membres pour représenter Mirontsy, la ville voisine de Mutsamudu, à l’événement. Prenant la parole en premier, Kamal’Eddine Saindou, Directeur du Projet de partenariat UNESCO/CPC, donne le coup d’envoi de la cérémonie. Représentant le Maire de la ville, Madame Naida, récemment nommée Responsable du service communal en charge du patrimoine, salue l’initiative et assure le Collectif, du soutien de la municipalité à toutes les actions contribuant à la valorisation de la Médina de Mutsamudu.
Kamaroudine Abdallah Paune, auteur de « Malik, l’enfant de la Médina », le livre qui a inspiré ce concours sur « La découverte de la Médina », esquisse l’exercice auquel sont soumis les candidats. Raconter en langue comorienne (ShiNdzuani), une histoire tirée du livre ou née de l’inspiration personnelle du candidat. L’objectif : tester les connaissances que ces élèves ont de leur ville et les inciter à s’exprimer dans leur langue maternelle, souvent négligée à l’avantage des langues étrangères. À ses côtés, les membres du jury composé d’un ancien professeur de lycée et d’une personnalité connue pour sa connaissance de tous les recoins de la cité princière, tendent déjà l’oreille, plume à la main.
S’exprimer devant un public d’adultes, l’exercice n’est pas aisé pour ces jeunes collégiens. La voix hésitante, la première intervenante se lance dans son récit sur le rôle de la mère, cet être d’amour, tracassé par la sécurité et l’éducation de ses enfants. La mère de Malik dans « L’Enfant de la Médina » nous fait découvrir ce quotidien des femmes dont le rôle, souvent ignoré, n’en fait pas moins d’elles les pivots de la famille. Les six candidats se succèdent à tour de rôle. Chacun avec son morceau choisi. Les voix tremblantes, la respiration saccadée, mais néanmoins, ils étaient courageux d’aller au bout d’un effort que récompensaient les applaudissements du public.
Puis vint l’heure de la délivrance. Alors que le jury se préparait à rendre les résultats, des orateurs triés parmi le public, évoquent les souvenirs de la Médina ou encouragent la réédition de telles initiatives redécouvrant à travers la littérature, les facettes d’une cité chargée d’histoires, de vestiges et de parcours de vie, dont la jeune génération n’a guère conscience. Suit la remise par les organisateurs, des attestations de participation à ce concours. Des cadeaux offerts par le CPC, bouclent cette séquence de récompense collective. « Et maintenant, place aux gagnants du concours ! », lance le président du jury. Une ovation venue de la salle couvre le stress habitant les candidats en ce moment crucial pour eux.
Farna Abdallah Abdou, remporte le premier prix de 100.000 frs pour son récit sur le rôle de la mère. Sans surprise, la lycéenne de la classe de Seconde, avait séduit le public. Nayr Abdallah Abdou, ne passait pas inaperçu dans sa tenue traditionnelle, qui dégageait déjà un charisme qui s’est vérifié lors de sa prestation sur les danses traditionnelles. Le jury ne s’est pas trompé en lui décernant le deuxième prix de 75.000 frs. Le Troisième prix de 25000 frs, a été remporté par Ahmed Nassuf Tadjir, un des plus jeunes lauréats.
Comme une illustration des récits que l’on venait d’entendre, la maman de Farna et Fayna Abdallah Abdou demanda à s’adresser au public. « Je voulais vous remercier pour les deux premiers prix décernés à mes deux enfants, Farna et Nayr. Et témoigner devant vous que la réussite de nos enfants est aussi le résultat de l’encadrement des parents. Je voulais témoigner ici, mon expérience de mère qui fait tout pour retenir mes enfants à la maison, les aider à travailler leurs leçons et surtout à leur donner l’envie d’aimer la lecture ». Une dernière salve d’applaudissements accompagne ces mots d’encouragement, qui sont aussi ceux de la fin de la cérémonie.
Pour le Collectif du Patrimoine des Comores
Kamal’Eddine Saindou














