Baigné dans les sons des guitares et des basses à Moroni, Hamza Anouar Housseine dit Papaloté découvre la musique avec ses ainés, apprenant à jouer avec eux tantôt des percussions, tantôt de la guitare, et s’exerce à manier sa voix.
Propos recueillis par Hachim Mohamed
Sur scène, il peut bondir, s’envoler, tournoyer, porté par un bonheur immense qu’il est capable de communiquer au spectateur le plus blasé ! Dès les premiers pincements de cordes de guitare, le ton est donné et le public rapidement conquis se laisse porter par les flots de ses mélodies tantôt intimistes, tantôt pure énergie surgie des profondeurs. Papaloté est admiré pour la beauté de sa voix, pour son sens musical et sa présence sur scène.
Masiwa – D’où vous vient cette passion de la musique ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – Je suis né à Moroni, dans le quartier populaire de Djomani. J’ai grandi avec la musique. C’est entouré de musiciens que j’ai vu naitre cette passion. Comme voisin direct, j’avais et j’ai aujourd’hui encore Abdallah GP (ancien musicien de Maalesh qui a ensuite suivi sa propre carrière). Avec lui, j’ai d’ailleurs fait mes premières scènes. Et bien avant cela, j’ai eu Tonton Tchtcha qui m’a mis une « percu » dans les mains. A une centaine de mètres de là, habite notre grand frère Maalesh. Une inspiration pour toute une nation. Même si vous ne le demandez pas, le quartier dans lequel j’ai grandi et où je vis aujourd’hui encore a été un réel catalyseur de ma fougue musicale.
Masiwa – Vous donnez l’impression de vouloir rester loin des regards et des aléas de la célébrité, n’est-ce pas préjudiciable à votre carrière ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – L’ombre est parfaite pour aiguiser ses armes, créer, répéter, ajuster, affiner, etc. D’ailleurs ça a été le cas pour moi d’abord pendant plus d’une année, pour mes acolytes, Yasser et Badé, pendant plus de 4 mois. Car seul le travail paie. Nous avons travaillé dur, sans cesse pour pondre un spectacle qui plaise. Puis bien sûr pour plaire. Oui, il faut bien que ça plaise, car il s’agit avant tout d’un métier de partage ! Mais ce n’est pas le but ultime. Le but est de transmettre des émotions des messages ou même des souvenirs. Donc quand vous parlez de célébrité, c’est bien sûr nécessaire pour un court instant. Puis quand le rideau tombe, je redeviens le même. De toute façon, il faut bien avoir les pieds sur terre pour créer, je pense.
Masiwa – Vous considérez-vous d’abord comme un auteur-compositeur-interprète ou musicien autodidacte ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – J’écris, je compose et chante mes chansons. C’est un fait. Maintenant qu’il s’agisse de musicien autodidacte, je ne le crois pas. Nous apprenons toujours de quelqu’un. Mieux encore, de plusieurs personnes. Dans la rue et non dans une école de musique ou conservatoire, j’ai bien appris des gens comme Tchatcha, Abdallah, Eliasse, Maalesh, et tant d’autres. Ce qui est certain, je ne me définis pas. Ce n’est pas mon rôle.
Masiwa – Quel est votre instrument de prédilection ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – Je suis avant tout artiste. Mais, je joue principalement de la guitare, des percussions et de la voix, car la voix, je la considère aussi comme un instrument, le meilleur d’ailleurs.
Masiwa – Est-ce sur scène ou en studio que vous donnez la pleine mesure de votre talent ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – La scène reste l’espace de prédilection pour un artiste. Comme je le dis toujours, l’art c’est un partage. Le studio est un espace magnifique, mais il lui manque juste un élément important, le public. La scène c’est…magique !
Masiwa – Comment vous travaillez ? Avec les plus grands producteurs ou les plus grands musiciens ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – C’est avant tout avec les amis, les voisins, au marché, dans la rue, etc. Je cherche une inspiration, une émotion ressentie que je tente ensuite de retranscrire. De l’étincelle, je travaille ensuite avec les musiciens pour d’abord voir si l’émotion passe aussi avec eux et ensuite pour qu’ils l’enrichissent à leur tour. Mais ce n’est pas une formule figée. Car ça peut aussi être avec les musiciens qu’une idée, une mélodie germe. Les producteurs ont leur travail et ce n’est pas celui de créer à notre place.
Masiwa – La plupart des artistes puisent leur inspiration à la fois dans le patrimoine national, les musiques du monde et toutes les autres tendances. Est-ce votre cas ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – Certainement. Je pourrais dire que la création est inconsciente pour moi. Mais je cherche partout. J’écoute de tout pour enrichir et exercer mon oreille à la diversité. Mais, je reste tout de même inspiré par Eliasse que je considère comme mon mentor, de la force créative de Maalesh que je considère comme l’oncle protecteur et de la ténacité de feu Adina, le grand frère, à qui je rends hommage. En fait, je ne m’inspire pas d’eux, ils m’ont inspiré !
Masiwa – Certains artistes ont exprimé leurs talents aussi bien sur scène que dans des musiques de films, de pub, de clips et de génériques. En faites-vous autant ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – Je considère juste que ma musique doit être écoutée. Quelle que soit la plateforme d’écoute, je ne me limite pas à la seule scène. En effet, une de mes créations « Mdru mudu » est sur le film de renom « Carton Rouge » de Mohamed Said Ouma (diffusé sur Canal+ et TV5 Monde). Je le reprécise : ma musique est faite pour être écoutée.
Masiwa – De quels courants musicaux vous inspirez-vous ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – Je me considère initialement du folk. Mais je ne dresse aucune barrière, aucune limite à mes créations. Je pense profondément que le mélange est la voix pour toucher le cœur des mélomanes.
Masiwa – Y a-t-il un album en préparation actuellement ?
Hamza Anouar Housseine Papaloté – Au-delà de l’EP (Extenués Play, format situé entre single et l’album en nombre de titres) qui porte 4 titres (« Raya », « Mahélé », « Mdru mudu », il y en a d’autres. Pour la sortie de l’album, ça va se construire avec les différentes scènes que nous aurons pour nos tournées prochainement.