Plusieurs Breakdances-boys (BBoys) tanzaniens sélectionnés dans six régions de Tanzanie, douze danseurs des autres pays de la zone Afrique de l’Est (Burundi, Rwanda, Kenya, Ouganda, RDC-Goma, Comores et France-Mayotte) et une incroyable équipe de multiples champions mondiaux de breakdance, menés par le Bboy français Lilou avec son collectif Street Off, ont pris part au festival multidisciplinaire « ASILI hip hop Festival» du 21 au 25 juin 2022 à Dar Es-Salaam.
Par Hachim Mohamed.
Grâce au soutien des ambassades de France et des États-Unis en Tanzanie, des concerts rap, battle et des ateliers d’échanges ont rythmé ces cinq jours de festival pour connecter entre eux les acteurs hip hop de l’Afrique de l’Est et valoriser la dynamique de la scène hip hop à Dar Es Salaam. Et pour la première fois, le Battle of the year East Africa, qualificatif pour une autre compétition internationale au Japon en décembre 2022.
Stage avec le multiple champion du monde de breakdance, Bboy Menno
À l’échelle de la Tanzanie, selon les organisateurs, la deuxième édition du Asili Hip Hop Festival, a permis en collaboration avec l’association Attitude – Battle of the year de Montpellier, Street Off de Lyon et Hip Hop Évolution de Mayotte de proposer un programme riche.
Entre autres, un programme de workshops (stages) de haut niveau, avec Bboy Lilou, l’une des figures les plus populaires du breakdance, accompagné lors de cet événement par le danseur néerlandais, Bboy Menno. Les deux danseurs se sont donné les missions de soutenir, d’accompagner et de connecter les différents acteurs de la culture Hip-Hop à travers le monde. Bboy Menno a passé des années à créer un style qui lui a valu la réputation d’être l’un des B-Boys les plus exceptionnels et originaux de la planète.
Par ce Battle of the year East Africa, c’était donc un peu de son savoir et de ses méthodes de création de son style que Bboy Menno a transmis lors d’un atelier auquel nos compatriotes Bboy Banawassi et Bboy Faouz ont participé.
« Un rêve éveillé et presque inespéré qui s’est vite transformé en réalité pour Banawassi et Faouz, qui ont appris énormément de choses en très peu de temps, débloquant certaines transitions dans leur danse. Il faudra donc à nos danseurs des Comores savoir s’emparer des conseils, les transmettre aux autres du pays et surtout ne pas copier, pour que chacun puisse trouver son propre style, comme certains le font déjà aux Comores », a commenté le président du Ccac-Mavuna, Soumette Ahmed, sur les enjeux de la participation aux stages et aux battles des deux Bboys des Comores.
Des rencontres professionnelles « Hip Hop’22 Fabrique en Afrique de l’Est »
La programmation de cette deuxième édition du ASILI Hip Hop Festival a fait la part belle à des rencontres professionnelles sous le thème « Hip Hop’22 Fabrique en Afrique de l’Est » en plus de la possibilité de découvrir des horizons et des expressions artistiques divers comme des performances de graf et de démonstrations de skate.
Ainsi, les nombreux acteurs et artistes de la danse hip hop de la zone de l’Afrique de l’Est tels Jijo (Kenya), Drift (Kenya), Marie (Kenya), Faouz (Comores), Banawassi (Comores), Kiwembe (Rwanda), Faradja (RDC), Lucas (RDC), Stoubou (Mayotte), Houssam (Mayotte), Assez (Mayotte), Massondi (Mayotte), Matéi (Tanzanie), Abrams (Uganda ont travaillé ensemble tous les après-midis les 23, 24 et 25 juin à l’Alliance française de Dar Es Salaam.
Pour ces artistes et acteurs culturels, c’était l’occasion de se connaître, d’apprendre ce que chaque pays développe culturellement et artistiquement, bref de travailler aussi sur les valeurs hip hop défendues, sur un projet qui fédère tous les pays membres ainsi que la prise en compte des besoins spécifiques sur chaque territoire.
Un autre objectif important est la mise en réseau d’événements régionaux et internationaux de l’Afrique de l’Est ayant la volonté à plus long terme de se connecter à d’autres pays d’Afrique, en mobilisant les partenaires de la coopération internationale, les sociétés civiles et les partenaires privés.
Pour rappel, ce temps fort hip hop unissant plusieurs forces vives du mouvement hip hop africains et français a été imaginé à la suite de premières rencontres professionnelles à l’occasion du Nouveau Sommet Afrique-France qui avait réuni à Montpellier, en octobre 2021, plus d’une trentaine d’acteurs hip hop africains et français.
Toujours est-il que le credo de ces rencontres professionnelles est d’avancer vers de nouveaux modèles de coopération en Afrique, en s’appuyant sur les initiatives et attentes des opérateurs culturels en prise directe avec le terrain.
Des battles breakdance comme outil de coopération nationale et internationale
Au coup d’envoi de festival multidisciplinaire « ASILI hip hop Festival »,12 Bboys des régions de Mwanza, Arusha, Mbeya, Dodoma, Dar Es Salaam et Zanzibar ont été sélectionnés pour participer au Battle breakdance national de la Tanzanie au troisième jour du festival.
Les quatre meilleurs Bboys de ce battle national ont gagné leur ticket au côté des douze Bboys des territoires voisins, pour représenter leur pays au Battle of the year East Africa qui clôturait le festival.
Les danseurs ont pu faire le show grâce notamment au talent de DJ Tajmahal venu tout droit de Montpellier pour l’occasion.
Avec nos pays où l’ensemble des territoires participants souffrent d’un manque de DJ spécialisés dans les battles, ne facilitant pas le développement de l’expérience des danseurs en battle, l’importance du DJ fut un des sujets échangés lors des rencontres professionnelles
C’est aussi vrai pour les MC (Maître de cérémonie) qui jouent un rôle déterminant dans la dynamique et l’identité d’un battle, mais aussi pour la connexion avec le public.
Bboy Small de Dar Es-Salaam représentera l’Afrique de l’Est en décembre 2022 au Japon
Force est de constater que la culture hip hop nous fait rêver, nous émerveille par les talents et les prouesses qu’elle révèle, cette première édition du Battle Of The Year East Africa est un premier pas vers l’international, avec un représentant de l’Afrique de l’Est qui nous représentera au Japon en décembre 2022.
Et c’est Bboy Small de Dar Es Salaam qui a remporté le titre.
Les Bboys des Comores et des autres territoires n’ont pas démérité, car ils ont su donner le change dans des battles très engagés, faisant découvrir cette discipline à des centaines de Tanzaniens, venus voir l’événement.
Au-delà des deux danseurs comoriens, Banawassi et Faouz, qui ont participé à cet événement, le représentant du Ccac-Mavuna, Soumette Ahmed, était également présent et a d’ores et déjà imaginé contribuer à la dynamique du mouvement hip hop dans l’Afrique de l’Est en proposant un battle ouvert aux pays voisins pour fêter les 10 ans du CCAC-Mavuna en 2023, à l’image du Festival ASILI, pour créer une opportunité pour les Comoriens d’emboiter le pas de la réussite de tanzaniens dans les battles.