Jeudi 29 novembre, Sambi s’est présenté devant le juge d’instruction. Mais, il a refusé de répondre aux questions. Son avocat demande au préalable la levée de la mesure consistant à interposer un militaire entre lui et son client lors de ses visites.
Chose promise, chose faite. Me Mahamoudou Ahamada et son client Ahmed Abdallah Sambi n’en démordent pas. Ce jeudi 29 novembre en début d’après-midi, l’ancien président Sambi accusé de détournement de deniers publics dans l’affaire de la citoyenneté économique était convoqué devant le juge d’instruction. Sur place, Sambi adopte un comportement pour le moins inattendu par le juge d’instruction chargé du dossier. En effet, l’ancien président, accompagné de son avocat, a décidé de prêter sa langue au chat.
Par ce refus de répondre au juge, Sambi conteste la présence militaire dans ses entrevues avec son avocat, depuis qu’il est mis en détention provisoire le 20 août dernier, dans son logement de Voidjou devenu annexe de la maison d’arrêt. Pour trouver un modus vivendi afin que l’inculpé et la justice reprennent langue, Me Mahamoudou n’y va pas par quatre chemins : la présence militaire pendant ses tête-à-tête avec son client doit purement et simplement être interdite, et ce conformément à l’article 116 du code de procédures pénales.
Une revendication vieille comme Mathusalem mais qui, malheureusement, prend de la poussière dans les tiroirs de la Cour suprême, qui doit donner son verdict sous peu. « Devant le juge, j’ai montré que les conditions me permettant d’exercer librement mon boulot ne sont pas réunies. La présence permanente d’un gendarme entre moi et mon client viole le secret professionnel. C’est un non respect du droit de la défense. Peut-être ne me croyait-on pas lorsque je disais que je n’allais pas pouvoir le défendre si ça continue », a fait savoir l’avocat, devant des médias qui l’ont suivi du palais de justice à son cabinet.
Fin septembre en effet, Me Mahamoudou avait déjà annoncé qu’il n’assistera pas son client devant le juge si celui-ci venait à le convoquer. Non seulement il aura tenu parole, mais son client s’aligne sur sa position. L’avocat avait saisi le juge d’instruction pour mettre un terme à l’intrusion d’un gendarme entre lui et son client. La démarche s’est avérée infructueuse, le juge ayant rejeté la demande. S’il se dit « déçu » par l’ordonnance du juge d’instruction qui a évoqué des raisons sécuritaires « qui n’ont aucun lien avec [s]a demande », il ne désarme pas et intente, confiant, un appel auprès de la chambre d’accusation. Rebelote, l’arrêt de ladite chambre en date du 22 septembre n’a pas assouvi sa soif de droit (lire notre édition du 26 septembre).
Ce revers ne l’a pas abattu. Il se tourne vers la Cour suprême, l’ultime recours. « J’attends qu’elle se prononce sur l’article 116 du code de procédures pénales », confie-t-il. L’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, opposant encombrant du régime en place, a été placé en résidence surveillée par le ministère de l’intérieur depuis le 19 mai pour « trouble à l’ordre public ». Le 20 août, le juge d’instruction chargé du dossier de la citoyenneté économique a décidé de le placer en détention provisoire pour détournement de deniers publics entre autres griefs. Son avocat estime que son client qui a « des garanties de représentation» mérite une liberté conditionnelle. En attendant, Sambi se porterait « apparemment en bonne santé » selon son avocat.
Par Toufé Maecha