Deux experts internationaux sont actuellement aux Comores pour présenter le rapport pays sur la formation continue des enseignants. Un rapport flagrant qui fait état de manquements, de remise à niveau des maîtres sur le plan pédagogique. 25% des instituteurs ne sont pas qualifiés. Pas mieux au collège. C’est pire au lycée, la notion est inexistante.
Lorsqu’on parle de l’éducation nationale comorienne, on évoque à coup sûr de multitudes de problèmes. Parmi lesquels, la formation des enseignants. C’est dans une jungle totale que ces dernières sont organisées. Aucune harmonisation. Aucun contrôle. Les départements du ministère de l’éducation nationale ne communiquent pas entre eux. C’est le premier constat révélé par les experts nationaux dans le rapport fait au niveau national.
Ce sont des faits flagrants. Que ce soit dans l’enseignement primaire, collège ou lycée. Les enseignants ne reçoivent aucune formation préalable à l’exercice de la profession, hormis pour le primaire. Pour les premier et deuxième cycles du secondaire, la formation des enseignants est inexistante. Le métier d’enseignant professionnel est en voie de disparation dans l’archipel.
C’est pour cela que dans l’amélioration du contexte pays du niveau de l’enseignement, le ministère de l’éducation nationale a eu l’appui d’Initiative Francophone pour la formation des maîtres (Ifadem), pour se doter d’une stratégie nationale de formation continue des enseignants. Deux experts, en l’occurrence, Cédric Armand, coordonNateur à l’initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (IFADEM) et Julie Collombier séjournent actuellement à Moroni pour appuyer le projet.
Des spécialistes du monde de l’éducation nationale, comme l’inspecteur Zaitoun Mounir, Said Houssein, Afretan sont réunis pour trouver des solutions par rapport à cette question. A travers ce projet de l’ifadem, plus de 300 enseignants comoriens sont formés et certains sont en cours. Pour Said Houssein, président de la séance, il s’agit d’harmoniser les formations des enseignants qui sont la plupart du temps financés par les partenaires, à l’exemple de l’afd, de l’oif de l’ambassade de France et autres. Car «dès fois on se trouve avec des doublons. Les départements du ministère de l’éducation ne communiquent pas. C’est une grande faiblesse de pilotage à laquelle nous nous heurtons».
Une formation inexistante
Le constat fait par Amroine Darkaoui, l’un des experts nationaux, qui ont rédigé le rapport est criant. Pour lui, si ces dernières années le niveau des élèves est en baisse, s’il y’a des mauvais résultats à répétitions, la responsabilité incombe aux enseignants. « On ne peut pas dire que ce sont les parents, car en matière d’éducation, c’est une question de méthodologie, de pédagogie de l’enseignant. Les parents c’est juste un plus. Particulièrement dans une société comme la nôtre». Pour arriver à renverser la tendance, il faut que la formation des enseignants devienne une préoccupation majeure. Aujourd’hui le pré-élémentaire explique t-il « n’a même pas de référence de formation des maîtres. Aucune formation initiale. Ce sont des personnes avec des compétences quelconques qui ont cette responsabilité. Certaines sont des enseignants du primaire avec de la chance».
Le niveau des enseignants du primaire est inquiétant. 25% d’entre eux pour le primaire ne sont pas qualifiés. Presque 3000 enseignants n’ont même pas le cap.
Les années 80, raconte Darkaoui, il était important de passer par l’Enes, pour devenir professeur au collège et l’Eni à Anjouan pour les instituteurs. En 1993 l’ifere a pris le relais. Cependant à partir de 1994 « aucune formation initiale des enseignants au collège n’a été organisée. Les enseignants ne sont pas formés. Seulement, ce sont des diplômés académiques».
Le plus inquiétant reste le lycée. Alors là les choses sont simples. « Il n’ya jamais eu de formation de professeurs dans ce pays » affirme-t-il.
Et pourtant en 1993 il y’a eu les états généraux de l’enseignement, avec un plan pour y remédier. Cependant, comme toujours le manque de suivi et de volonté politique font que l’éducation nationale est devenue un monde sans boussole. Quelle perspective, malgré les efforts des partenaires, des financements, dans un pays où rien n’est archivé, et les gouvernements se succèdent et recommencent tout à zéro?
Par Hayatte Abdou