Notre pays, les Comores, est au plus profond du gouffre, et continue à s’enfoncer tout simplement parce que les Comoriens que nous sommes, classe dirigeante, cadres, intellectuels et citoyens lambda refusons tous de nous parler avec franchise. L’hypocrisie nous colle à la peau. De cette hypocrisie doublée de multiples doubles langages dépourvus de véracité et de valeurs morales, nous sommes devenus les plus fourbes, un peuple de faux, malheureusement, parce que nous avons choisi, et c’est depuis notre indépendance de vivre dans le mensonge, même le plus absurde. Nous avons choisi d’honorer les plus médiocres, les rapaces, les plus véreux des Comoriens, en étouffant tout esprit bienveillant, intelligible, intelligent, généreux, ouvert, capable de diriger notre pays archipel vers un développement harmonieux et stable pour le bien-être de tous Comoriens.
Abdourahim Bacari
Il est malheureux de le dire. Pourtant, les Comores sont un pays des faux dans tous les domaines. Quelle triste vérité ! C’est le pays de beaucoup de faux diplômés : beaucoup de faux médecins exercent ce noble métier à partir des faux diplômes. Ils jouent avec la vie des pauvres Comoriens et en vivent. C’est le pays des multiples faux juristes, dont de faux avocats, le pays de multiples faux Docteurs dans bien des domaines, le pays des faux journalistes. Tout le monde, du Comorien lambda à l’intellectuel jusqu’à la classe dirigeante, connaît cette situation qui met la vie de toutes et de tous en danger, mais chacun fait la sourde oreille et préfère de garder un grand silence au lieu de dénoncer ce véritable danger. C’est un silence complice, parce qu’il laisse la voie libre aux dangers publics qui détruisent progressivement tout notre pays, le seul pays au monde où on intègre la Fonction publique systématiquement par « le piston » et non à partir d’un concours. L’École publique n’existe quasiment plus. Le niveau scolaire est donc plus bas que terre et continue à régresser de façon… progressive sans que personne ne lève son petit doigt pour dénoncer ce crime organisé.
Ce niveau scolaire plus bas que terre, doublé de notre hypocrisie, nous empêche de voir plus clair sur des sujets très sérieux à qui nous devons accorder beaucoup d’intérêt pour des solutions pérennes, justes et profitables pour tous. Nos dirigeants ne pensent jamais intérêt général, mais plutôt intérêt personnel. Dès leur arrivée à la tête du pays, ils pensent tout de suite comment ils vont faire pour s’éterniser au pouvoir au lieu de penser au développement socioéconomique, et culturel. Depuis 2016, Azali Assoumani a mis en place une stratégie macabre accompagnée de méthode sanglante pour briser qui osera l’empêcher de rester à la tête de l’Union des Comores jusqu’en 2030. Le Rapport du Département d’État (ministère des Affaires étrangères) des États-Unis de 2021 publié en 2022 décrit de façon plus concrète la situation sur les droits de l’Homme aux Comores depuis l’arrivée au pouvoir d’Azali Assoumani. C’est une description précise sur des agissements inhumains, de mascarades électorales et de massacres d’êtres humains, civils et militaires.
Tous ces crimes sont encore possibles et vont continuer à exister parce que nous manquons du courage pour nous dire la vérité, surtout que nous passons toujours à côté des vrais sujets qui doivent obligatoirement être traités pour une paix sociale, économique et politique durable dans notre pays archipel. Ces vrais sujets que nous devons obligatoirement aborder pour la sécurité des Comoriens dans tous les domaines sont la question de :
- De la justice,
- La démocratie aujourd’hui mise à mal par le régime actuel,
- L’exode des Comoriens des trois îles indépendantes vers Mayotte,
Le manque de Justice républicaine dans notre pays est l’origine de tout mal qui enfonce notre société. Notre palais de Justice est peuplé de juges qui savent pertinemment qu’ils exercent leur métier sous la contrainte du régime politique en place. Ce sont des juges qui servent de moyen pour le régime politique actuel pour condamner qui gêne. Cette situation est de notoriété publique. Les condamnations arbitraires des opposants politiques et certains journalistes honnêtes et le faux procès contre Ahmed Abdallah Mohamed Sambi démontrent sans ambiguïté les pratiques machiavéliques et anarchiques du régime politique d’Azali Assoumani. Le monde entier n’oubliera jamais cette fameuse expression qui déshonore note Justice déjà quasi inexistante du juge Omar Ben Ali : « Si chez vous ça se passe comme ça, chez nous ici ce n’est pas comme ça ». Il avait dit cela à un des avocats (un Belge) de l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Cette réaction résume l’injustice dans notre pays. Sans argument juridique, ni preuves, elle condamne quand même un homme séquestré injustement et illégalement depuis le 19 mai 2018. Mais, où sont les preuves ?
Dans notre pays, la démocratie souffre pour exister. Comment est-ce possible d’avoir une Assemblée nationale peuplée de Députés d’un seul parti pour un pays dit démocratique ? Le Parti CRC du président Azali Assoumani fait le plein au Palais de Hamramba. Ce signe fort montre sans tromperie que le régime politique actuel est autoritaire, même si aujourd’hui les partisans de ce dernier ne veulent pas le reconnaître. Pis, on voit des hommes qui se disent juristes intègres se déclarer prêts à servir un tel régime politique qui marche sur toutes les valeurs fondamentales soulignées dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui a une portée universelle. L’Histoire de notre pays retiendra que ce sont surtout des juristes, voire des avocats qui ont eu du mal à s’en sortir dans leur métier, qui courbent l’échine face à ce régime politique sanguinaire, des juristes vendent leur âme au diable pour leur survie.
Aucune perspective de développement n’est en vue. Pourtant, le régime politique actuel et ses partisans ne cessent de chanter « l’émergence à l’horizon 2030 ». La famine, le chômage, le manque de soins médicaux rendent difficile la vie des Comoriens chaque jour. Ce phénomène pousse beaucoup de nos compatriotes à traverser la mer depuis Anjouan pour rejoindre Mayotte. Cette traversée a coûté la vie de beaucoup d’hommes, femmes, enfants et personnes âgées de plusieurs nationalités, car il n’y a pas que des Comoriens qui en sont les seules victimes. Notre pays traverse un moment charnier de son Histoire. Il est dirigé par des hommes et femmes dépourvus d’humanité, qui veulent jouer sur tous les tableaux, pensant qu’en optant pour de cette stratégie, ils pourront se sauver quand la fin de leur règne sonnera. Ils font semblant d’être profrançais alors qu’ils jouent sur un autre tableau (Russie) au cas où la France les lâche.
Quelle coïncidence : des drapeaux de Russie ont été hissés à Anjouan et en Grande Comore après que l’Ambassade de France à Moroni ait publié un communiqué dans lequel elle déclare que « Des contenus accusatoires et haineux ont été diffusés récemment sur les réseaux sociaux. Ces procédés portent la signature de réseaux hostiles pro-russes. L’ambassade n’a pas organisé ou financé le match de football à Mirontsi dont elle a appris l’existence par la presse ». Aucun citoyen lambda n’est pro-russe. Ce sont des hommes du régime politique en place qui poussent des jeunes à de tels agissements. Aux Comores, la culture française gêne. C’est la raison pour laquelle les binationaux (nationalité française visée) ne doivent plus être à la tête de l’Union des Comores.