Quatre jours après avoir défait dans la douleur l’équipe d’Espagne championne du monde 2010 aux tirs au but (0-0, 3-0 t.a.b) le 6 décembre au stade Al Rayyan de Doha, les Lions de l’Atlas s’offrent le billet de demi-finale pour la première fois de leur histoire et de celle de l’Afrique en battant le Portugal sur la marque de 1 but à 0 au Althumama Stadium.
Par Hachim Mohamed.
La victoire du Maroc contre le Portugal est d’autant plus historique qu’auparavant le Maroc était à son premier quart de final en Coupe du monde. Pendant cette rencontre au stade Al Rayyan de Doha, l’équipe du royaume chérifien a été une des meilleures équipes de la compétition. Devant les Espagnols, ce fut aussi le deuxième huitième de finale de Coupe du monde du Maroc depuis 1986.
Présentement, le Maroc est la seule sélection africaine encore en lice dans le « Qatar 2022 » après l’élimination de la Tunisie et du Cameroun au premier tour, et celles du Ghana et du Sénégal en huitièmes de finale.
Pour l’Afrique, les deux victoires aux matchs de poule de la vaillante formation marocaine et celle qui a vu sa qualification pour la première fois aussi bien en quart de final qu’en demi-final ont incontestablement ouvert la voie à une belle Coupe du monde du contient, notamment la possibilité qui lui tend les bras de se hisser en finale, niveau jamais atteint par les cinq représentants africains.
La fierté de tout un continent
En coupe du monde, les qualifications sont toujours très disputées, mais l’adage nous enseigne que les courses pour aller loin dans la bataille ne sont intéressantes que sous la pluie…
Avant la confrontation avec l’Espagne en 8e de finale et le Portugal en quart de finale, le Maroc n’avait plus encaissé le moindre but depuis 662 minutes toutes compétitions confondues, l’équivalent de six matches. À ce stade de la compétition, c’est aussi une équipe qui a effectué 373 passes dans le match, son total le plus élevé dans un même match de cette Coupe du Monde 2022.
À en croire le journal « L’Équipe », à la 100e minute de jeu de ce 8e de finale, son adversaire, a eu à dépasser la barre des 800 passes sans compter les 2489 passes réussies en phase de groupes de cette Coupe du Monde, son plus haut total sur une même édition à ce stade depuis 1966 !
C’est sans doute le seul représentant de l’Afrique qui possède des individualités et des joueurs d’expérience susceptibles de faire basculer les matches à élimination directe.
Les talents marocains
Dans ces exploits, le milieu défensif du Maroc Sofyan Amrabat a été d’un grand rendement. Il a été le grand artisan de la victoire comme il a été le chef de file de son équipe, monopolisant le milieu de terrain et ne laissant aucune chance dans son rôle de sentinelle aux attaquants espagnols.
Vient ensuite l’international Yassine Bounou, un portier sacré meilleur joueur africain du championnat espagnol pour la première moitié de la saison et qui a réalisé un exploit devant la frappe du médian Ibérique Sergio Busquets et celle de l’attaquant parisien Soler pendant les tirs au but.
Sous le charme de la démonstration des talents marocains, difficile de ne pas se pâmer d’admiration aussi devant les prouesses de l’exception qui confirme la règle avec un Achraf Hakimi, meilleur latéral droit du monde qui, sur un panenka a propulsé le Maroc sur le chemin des demi-finales ou un Noussair Mazroui, un gaucher vif, tranchant, imaginatif, lumineux qui dans son couloir sait apprivoiser le cuir !
Ces talentueux Marocains et avec leur hargne de vaincre sans demi-mesures ont largement contribué à la victoire de l’équipe marocaine.
Les exploits du Maroc chantés partout
D’un but à l’autre, le 8e de finale, comme le quart s’est joué sur un rythme terrible, avant une prolongation, et une fin de match à rebondissement. Le cœur de l’Afrique palpitait par crainte d’un échec si près de l’exploit !
Match par match, les spectateurs ont pu constater de visu que le niveau de l’équipe marocaine dans « Qatar 2022 » est bien supérieur à celui d’il y a quatre ans en Russie.
C’est un atout majeur pour l’actuelle sélection marocaine qui peut désormais tenir tête à n’importe quel adversaire, à commencer par la France qu’il rencontre en demi-finale.
Cette série d’exploits individuels, collectifs et accomplis par les lions de l’Atlas les a déjà fait entrer dans la légende et rendus leurs noms dignes d’être chantés et acclamés. On peut dire que tout a commencé à la 104e minute de Maroc-Espagne, pendant la prolongation, quand Ounahi a fixé la défense espagnole et glissé avec finesse le ballon à Cheddira. Malheureusement, en filant droit au but, l’attaquant a raté la balle du match par manque de pugnacité !
Rebelote à la 114e minute, Cheddira a vendangé une autre énorme occasion quand sur une balle grattée dans les pieds espagnols, le rugueux Amrabat l’a lancé en profondeur avec Rodri Hernandez à ses trousses !
Il eut encore plus de prouesses, de spectacle et du panache de la part des lions de l’Atlas au quart de finale. Youssef En-Nesyri a signé une réussite marquée du sceau du buteur racé qu’il est devenu. Sur un centre parfait de Yahya Attiat-Allah, le Sévillan qui avait déjà marqué en sautant plus haut que les Espagnols au mondial 2018 (2-2), et cette année dans la Liga avec le Séville FC, a encore hissé sa carcasse de grand attaquant pour réaliser le même tour de force. Et pendant sa détente phénoménale, on a été surpris de voir ses opposants, les centraux portugais et le gardien Diogo Costa plafonner un mètre au-dessous de lui via une tête puissamment piquée. Le ballon a fini sa course au fond du filet. (1-0, 41’).
Dans cette série d’exploits individuels et collectifs, il est impossible de ne pas évoquer les arrêts décisifs du portier Bounou dans cette rencontre, notamment sa magnifique parade qui a privé Joao Felix d’un superbe but ou encore les trois « clean sheets » dans une même Coupe du monde comme un symbole de la solidité de ce groupe Maroc.
On imagine aisément la joie dans et la fierté des populations dans les pays arabes. La même joie était présente dans les restaurants, les bars et les fans-zones des pays du continent africain. Du début à la fin les yeux étaient rivés sur les écrans, les spectateurs jubilaient de tous ces exploits des seuls représentants africains.
En route vers la finale
L’excellent parcours du Maroc durant cette compétition ne relève pas du hasard. Invaincu depuis le début de la compétition, le Maroc qui a dominé la Belgique (2-0) et le Canada (2-1), a un coup à jouer en demi-finale face à la France. La qualification des Marocains acquise au forceps au deuxième tour a fait croître leur force et leur motivation.
À la performance s’ajoute la « patte technique » du coach de la sélection Walid Regragui qui a réussi en trois mois à construire la meilleure équipe marocaine de ces 30 dernières années avec un moral de battants.
La qualification est un exploit historique pour le Maroc et le continent africain dans la mesure où ce pays a été la première équipe africaine à atteindre les 8e de finale de la compétition en 1986, même si l’Égypte en 1934 a été la première équipe africaine à montrer le chemin pour la première qualification africaine en quart de finale en 1990.
Dans ce sillage les Camerounais ont été suivis en 2002 par le Sénégal (éliminé par la Turquie), et en 2010, par le Ghana (éliminé par l’Uruguay).
Comme l’appétit de victoire vient en « mangeant », les Lions de l’Atlas ont surmonté l’écueil portugais, pourquoi ne pas tiller aussi la France comme l’ont fait les Sénégalais en 2002 (1-0).