Houssam-Eddine Mirdane est un peintre talentueux dans un pays où les arts plastiques sont peu considérés. Il essaie de vivre sa passion tout en effectuant un stage au sein des Parcs nationaux.
Nezif-Hadj Ibrahim
Natif de Tsembehou, titulaire d’une licence de sciences de la terre et d’un Master en Géotourisme Écotourisme et Développement durable obtenu au Maroc, Houssam-Eddine Mirdane n’a pas oublié son hobby d’enfance, aujourd’hui ses tableaux forcent l’œil, même de celui des profanes de par leur beauté et leur sens de l’expression artistique. Actuellement stagiaire aux Parcs nationaux des Comores, notre jeune artiste rêve grand malgré les difficultés que connait le domaine de l’art dans son pays.
L’art, le jeune âge
Le dessin est une activité que Houssam-Eddine Mirdane a débutée depuis ses quatre ans. Comme la plupart des artistes, notre jeune homme a eu des inspirations qui l’ont porté à choisir cet art comme une vocation aujourd’hui. « En fait, j’étais plus influencé par les bandes dessinées et dessins animés », souligne-t-il. Cependant, il reconnaît l’absence de soutien des proches, compte tenu notamment de l’incompréhension des siens pour une telle passion. Comment en serait-il autrement quand les politiques publiques ignorent les arts, surtout ceux qui se rapportent à la peinture, au dessin et aux arts plastiques ? Des filières qui sont représentées dans l’enseignement dans les pays qui se donnent le souci de relever le potentiel artistique des élèves. L’idée étant aussi de nourrir l’imagination et la créativité de ceux-ci en mettant en place des programmes et des ateliers capables d’offrir un champ de pratiques artistiques dans un domaine qui porte les cultures des pays à travers l’histoire et représente des métiers porteurs surtout pour le tourisme.
Et Houssam-Eddine n’hésite pas à faire valoir cet état de fait : « Je trouve que c’est à cause du fait qu’ils n’avaient jamais vu quelqu’un gagner sa vie en faisant des dessins. En fait, puisque je faisais des sketchs tout le temps, pour ma famille, c’était une perte de temps », concède-t-il. Toutefois il n’a jamais abandonné son envie de dessiner. « Cela a toujours été ma passion depuis mon enfance, rappelle-t-il, mais j’avais arrêté à cause des découragements issus de la famille et tout ». Alors qu’auparavant il se contentait de dessins, avec le temps il a su magnifier son talent au point d’en faire son moyen le plus adéquat d’expression. « Oui, pendant ce temps, c’était que des dessins, ce n’était pas vraiment des tableaux », note-t-il.
Le moyen d’expression approprié
Pour le jeune artiste Houssam-Eddine Mirdane, l’art est un moyen d’expression. Ses tableaux sont les images qu’il retient de son rapport avec son environnement social, ils lui permettent donc de traduire en retour ses impressions ainsi que ses sentiments, à travers des couleurs souvent vives. Il dit donc « qu’en général, chaque tableau que je fais a un message parfois subliminal. Pour moi l’art est le principal moyen d’expression de mes sentiments. Donc j’essaye à chaque tableau d’exprimer une leçon de vie ou une expérience marquante que j’ai vécue pour ainsi faire inspirer le public ». Il s’agit plus précisément de tisser des liens communicatifs avec son public « puisqu’en fait c’est comme si je veux faire découvrir au public un monde qui n’a jamais été exploré à travers des concepts artistiques ». Ses tableaux évoquent aussi des pans de regards sur le monde, ce qui fait que « lorsque je dis « monde », c’est métaphorique pour dire une expérience que j’ai vécue, mais la manière dont je l’exprime à travers mes œuvres est unique à moi (authentique). C’est ça ce « monde » ».
Un besoin d’en faire davantage
Comme pour tout artiste, le besoin de montrer son travail au public est essentiel, pour Houssam-Eddine Mirdane rencontrer le public s’impose de plus en plus. Il admet que « l’exposition est très importante pour tout artiste. Pour moi c’est une occasion de présenter mon travail pour que le public l’apprécie. Je ne fais pas mes tableaux pour moi, mais pour le public et l’exposition est le moyen le plus efficace pour cela ». Le jeune diplômé en Géotourisme Écotourisme et Développement durable a beaucoup d’ambitions qui s’articulent autour du développement de son activité artistique, seulement aux Comores le secteur n’est pas développé, comme lui-même n’a pas hésité à le relever. Il est encore embryonnaire. Ce qui met en péril le rêve du jeune artiste dont la relation avec le public se résume à des partages d’images dans les réseaux sociaux.
Un milieu où les artistes prêchent dans un désert
Alors que la directrice nationale de la Culture aux Comores est aux manettes depuis 4 août 2006, son secteur est représentatif de l’abandon total de politique dans ce domaine dont la négligence ne suscite pas l’attention de l’opinion publique. Ainsi ni une volonté ni une pression ne contribuent à poser une amélioration, sinon des dispositions pour le secteur des arts afin de pouvoir y avoir un développement.
Des artistes comme Houssam-Eddine Mirdane sont nombreux aux Comores, seulement il leur est difficile de vivre de leurs activités. « Pour l’instant, je n’ai pas un plan précis vu que l’art n’est pas assez développé, populaire aux Comores par rapport aux autres pays. Donc disons qu’actuellement je pense sur cette problématique », assure-t-il. Alors que l’art et la culture forment, selon l’UNESCO, des moyens pour apporter la paix dans le monde et aussi de permettre d’atteindre les objectifs du développement durable aux Comores, il n’en est rien, laissant les acteurs du domaine dans la débrouillardise et les galères sans fin.