Le journaliste Oubeidillah Mchangama a été très sérieusement agressé samedi 23 avril 2022, à la prison de Moroni alors qu’il était venu pour voir son ami Abdallah Agwa. L’incident est surprenant dans un lieu censé être gardé par des gendarmes.
Oubeidillah Mchangama, journaliste de FCBK FM, était arrivé dans la prison de Moroni accompagné par Faïza Soulé Youssouf, une collègue d’Alwatwan. Ils venaient juste d’entamer la discussion avec Abdallah Agwa, l’ancien journaliste condamné pour avoir voulu organiser une manifestation à Moroni, quand soudain ils entendirent les cris du dénommé Américain. Ce dernier est arrivé de la partie où son situées les cellules en criant des insanités. Il est passé devant plusieurs gardiens jusque dans le parloir qui n’a qu’une seule issue. Parvenu presque au niveau des deux journalistes, il a d’abord lancé un caillou sur le visage d’Oubeidillah Mchangama, avant de le rouer de coups de poing. Faiza Soulé Youssouf, témoin de l’agression, a tenté de l’éloigner de son collègue en vain. Elle a même pris elle-même des coups. Finalement, ce sont les gendarmes qui l’ont maîtrisé et ont amené Oubeidillah Mchangama à l’hôpital militaire.
Ni Oubeidillah Mchangama ni Faiza Soulé Youssouf n’arrivent encore à comprendre l’acharnement de ce prisonnier. Si l’on en croit Oubeidillah Mchangama lui-même, dans une déclaration vidéo, l’agresseur a fait une erreur et pensait que le journaliste avait écrit sur sa condamnation pour meurtre sur Facebook. Or c’est une autre personne qui l’a fait.
Les deux journalistes s’étonnent du fait qu’un homme condamné pour meurtre puisse se promener si facilement dans la prison et parvenir dans le parloir, agresser des visiteurs sans que les gardiens s’en rendent compte. C’est pourquoi, en plus d’une plainte contre l’agresseur, le journaliste a décidé de porter plainte également contre les gendarmes gardiens de la prison qui étaient présents où il recevra plusieurs points de sutures.
Oubeidillah Mchangama est un journaliste courageux, qui a souvent été mis en prison par le gouvernement pour des futilités, seul ou en compagnie de son mentor Abdallah Agwa. La dernière fois, en 2021, alors qu’il couvrait la manifestation des Mabedja à Moroni, il a été arrêté, contraint de ramasser des pierres qui gênaient la circulation des voitures avant d’être relâché.
Il a rapporté dans sa déclaration vidéo que le même Américain qui l’a attaqué dans la prison de Moroni samedi, l’a également enlevé en 2017, agressé et relâché. La même année, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoud, s’est permis de le gifler au sein même de l’Assemblée de l’Union.
Pourtant, Oubeidillah est actuellement le journaliste comorien le plus suivi dans les réseaux sociaux, grâce à ses enquêtes très documentées.
Dans une déclaration en date du 23 avril, le Syndicat national des Journalistes comoriens a apporté son soutien au journaliste agressé et a déploré « la lenteur d’intervention des forces de sécurité » au sein de la prison. Le syndicat demande une meilleure sécurisation du parloir de la prison de Moroni. Il appelle également « le ministre de la Justice à reconnaître la gravité de cette agression ».