Nafouenta Msaïdié est une femme d’origine comorienne qui réside en France. Âgée de trente-cinq ans, cette mère de famille est une préparatrice en pharmacie depuis quatorze ans. Passionnée de papeteries et d’écriture, elle s’est lancée dans l’entrepreneuriat en exerçant son métier initial à « temps choisi ». Depuis juin 2018, elle a créé une marque de papeterie dénommée Justnaf Créations. Elle crée des designs originaux en proposant des accessoires qui assemblent tradition et modernité : « Avec cette marque, j’allie ma passion pour la papeterie et mes racines comoriennes. Je suis fière de mes origines et je veux transmettre une partie des traditions comoriennes au grand public, mais également à mes enfants », affirme cette créatrice. Néanmoins, Nafouenta Msaïdié aperçoit ses designs dans le maillot officiel de l’équipe nationale comorienne sans être informée.
Propos recueillis par Natidja HAMIDOU
Masiwa – Vous avez dénoncé sur les réseaux sociaux que vos designs ont été « volés » et « utilisés de façon illicite sur le maillot officiel » de l’équipe de football des Comores. Comment pouvez-vous être sûre que ce sont vos motifs ? Ne s’agit-il pas d’une forte ressemblance ?
Naofouenta Msaïdie – J’en suis sûre, car ce sont des designs originaux que j’ai réalisés avec ma graphiste en 2018. Je lui explique mes idées et elle les réalise ensuite. Ces motifs n’existent nulle part ailleurs. J’ai fait mes recherches avant de commercialiser mes objets de papeterie avec ces designs. Ils sortent de mon imagination. Ce sont des motifs déposés à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI).
« L’équipementier est revenu vers moi presque immédiatement, en me disant que mes allégations étaient fausses et que je ferais mieux de laisser tomber ».
Masiwa – Qu’avez-vous fait après cette découverte ?
Naofouenta Msaïdie – Quand mes abonnées m’ont informée, j’ai directement pris la parole en stories sur Instagram en interpellant (tague) l’équipementier et la fédération. Je voulais qu’ils réalisent leur erreur et avoir des explications. L’équipementier est revenu vers moi presque immédiatement, en me disant que mes allégations étaient fausses et que je ferais mieux de laisser tomber. J’ai ensuite engagé un avocat. Je sais que face à de gros acteurs comme eux je ne pèse pas lourd dans cette bataille, mais je suis bien décidée à défendre mes droits.
Masiwa – Avez-vous porté plainte ?
Naofouenta Msaïdie – Non, je n’ai pas porté plainte. J’aimerais ne pas avoir besoin d’aller aussi loin et trouver un accord à l’amiable. Grâce à la force que je reçois des nombreux soutiens, oui j’envisage de porter plainte si les choses n’avancent pas dans le bon sens et rapidement.
Masiwa – Qu’est-ce que vous réclamez ? Des droits d’auteur ou une simple reconnaissance ?
Naofouenta Msaïdie – Je souhaite la reconnaissance de mon œuvre, des excuses pour avoir volé mon travail et une compensation financière pour le préjudice subi et couvrir les frais engagés.
Masiwa- À la lumière de ce qui vous est arrivé, quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs et créateurs comoriens ou d’origine comorienne ?
Naofouenta Msaïdie – Je les encourage à ne pas se laisser faire, à se battre pour leurs droits. Et surtout de continuer à être créatifs et de représenter la culture comorienne avec fierté.