Les Comores sont sans doute un des rares pays au monde où le chargé de communication à la présidence monte régulièrement au front pour défendre la politique du gouvernement. Par MiB
La dernière sortie d’Ahmed Ali Amir a eu lieu mardi dernier dans La Gazette des Comores. Et c’est en donneur de leçon que celui qui est chargé de maquiller la politique autocratique d’Azali en actions politiques normales est venu nous dire qu’il n’existe aucun pays où des gens refusent de dialoguer. Pour lui, si la vraie opposition du pays refuse de parler à son patron c’est qu’elle n’a pas de projets ni de bilan à défendre. On a presqu’envie de lui dire qu’il est temps qu’il accepte un poste de ministre, il en a déjà pris le langage et les nkalizi.
Que le coordinateur nous explique comment Ahmed Sambi, l’ex-président, Mohamed Ali Soilihi, ex-VP, ex-ministre de l’Économie, Abdou Salami, ex-Gouverneur d’Anjouan, Abdallah Agwa, ex-journaliste, les principaux opposants et tous les autres opposants en résidence surveillée, enfermés dans des camps militaires peuvent participer à ce faux dialogue. Qu’il nous dise comment ceux qui sont interdits de circuler sur le territoire national ou ceux qui ont été obligés de quitter le pays et emprunter le chemin forcé de l’exil pour sauver leur peau peuvent participer à ce dialogue.
Un homme a été torturé pendant plusieurs jours dans un camps militaire. Jusqu’à la mort. Il a été enterré rapidement dans la nuit, avec ses habits, dans des lambeaux, sans linceul, sans prières et sans les larmes de ses proches. Le gouvernement qui a proposé ce dialogue a promis une enquête qui n’a jamais été faite, voici bientôt un an. Comme des enquêtes ont été promises dans les assassinats à Ikoni, à Kandani et dans de nombreux cas ou des citoyens ont été torturés et ont témoigné, notamment ceux qui ont subi des tortures dans la prison secrètes du ministère de l’Intérieur (la fameuse « Immigration »).
Nous sommes dans un pays où aujourd’hui l’essentiel du pouvoir (exécutif, législatif, judiciaire et même la presse) sont entre les mains d’un seul homme, qui en abuse et s’en sert contre les citoyens. Où est la place de l’opposition sommée aujourd’hui par Ahmed Ali Amir de participer à un faux dialogue, remake des Assises qui ont permis au président Azali de prolonger son mandat ?
Monsieur le coordonnateur, il y a bien des contrées où le dialogue n’est pas possible et ces contrées s’appellent inhumanité, injustice, cruauté, autocratie. L’opposition a raison de laisser Azali organiser son monologue. Le parti présidentiel peut bien se diviser en deux ou trois camps et imposer d’autres règles après celles des Assises qui ont mené à la prolongation du mandat d’Azali. Le gouvernement peut également organiser un dialogue avec l’Union africaine, complice de ses exactions depuis 2018. Les diplomates de l’Union africaine adorent particulièrement les charmes des Comores. Mettez-les au Moroni ou au Golden et ils ressortiront de là le bleu à l’oeil et diront dans des rapports que le Dialogue s’est bien déroulé et que les élections de 2024 pourront se dérouler dans des conditions acceptables, aux normes de l’Union africaine. Puisque c’est le seul objectif recherché.