« Attroupement pour trouble à l’ordre public, appartenance à un groupe criminel organisé et association de malfaiteurs en vue de commettre un attentat terroriste » sont au total les trois chefs d’inculpation retenus contre Farhane Attoumani et Chamoun Soudjay et qui peuvent leur valoir de 10 à 20 ans de prison. Par Hachim Mohamed
Ces deux Français d’origine comorienne, membres de l’association Mabedja avaient été appréhendés le mercredi 25 août avec deux autres compatriotes tandis qu’ils circulaient et engageaient la discussion avec les commerçants au marché de Moroni. Après leur arrestation, les deux membres de l’association Mabedja ont été déférés devant un juge le jeudi 26 août et ensuite ont été placés en mandat de dépôt.
En conférence de presse le 28 août, Me Moudjahidi Abdoulbastoi et Me Gérard qui se sont constitués en avocats de Farhane Attoumani et Chamoun Soudjay soutiennent que les milieux politiques prêtent à leurs clients des intentions sinistres qui ne sont que de la pure fabulation.
Les autorités informées depuis la France.
Les membres de l’association Mabedja avaient prévenu les autorités comoriennes et françaises de ce qu’ils venaient faire aux Comores. Ils ont fait référence aux droits de marcher, de s’exprimer, de demander une vie digne. Tous ces droits font partie des droits fondamentaux de la personne protégés par la constitution, la Charte africaine de droits de l’homme et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Un collectif d’avocats comorien a été mis en place pour assurer la défense de Farhane Attoumani et Chamoun Soudjay. Ces robes noires travaillent en équipe de Moroni à la Réunion en passant par la France.
A en croire Moudjahidi Abdoulbastoi, plusieurs activités sont prévues dans le plan d’action du collectif d’avocats qui va démontrer à l’opinion nationale et internationale la fabulation sur les trois chefs d’inculpation. Sur la base de la connaissance du dossier, les deux avocats demandent l’application sans réserve de la Convention internationale pour les droits civiques ratifiée par les Comores.
Droit de manifester garanti par l’article 4 de la constitution
Comment expliquer et comprendre ce qui arrive à Farhane Attoumane et Chamoun Soudjay, quand le jour de l’arrestation, deux autres compatriotes ont été emmenés au commissariat puis libérés après quelques heures de détention ?
Pour Me Moudjahidi interpréter cet acte posé par le régime suffit pour comprendre sa manœuvre machiavélique, celle de l’intention délibérée de coller un procès aux deux Mabedja.
Les deux avocats sont d’autant plus outrés que le droit de manifeste, de s’exprimer librement est garanti par l’article 4 de la constitution.
« L’État est garant des droits et des libertés fondamentales des citoyens », a fait valoir Me Gérard.
Interrogé par Masiwa, sur la possibilité de porter plainte contre l’État comorien en violation flagrante de la Constitution, Me Moudjahidi n’a pas voulu se prononcer sur cet aspect au risque de dévoiler la ligne de défense du Collectif.
Le combat n’est pas que judiciaire, il est aussi diplomatique.
Le combat de la défense pour la reconnaissance des droits des deux Mabedja commence.
« Apparemment la marge de notre ligne de défense est réduite à plus 80% en matière de chance de succès, mais nous serons toujours là quand il s’agit de soutenir les contestations légitimes, de dénoncer les méfaits du régime, de créer les conditions qui permettent à nos compatriotes de jouir pleinement de leur citoyenneté », a insisté Me Moudjahidi. « Le gouvernement doit être rappelé au respect des engagements et obligations internationaux souscrits par notre pays. », a rappelé Me Gérard.
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