Les conflits fonciers font rage dans le pays, entre personnes, mais aussi entre communes, villages. Des situations de guerre civile surgissent puisqu’on brûle des maisons, on tue. On attendait une réaction de l’État. On espérait que la justice du pays soit saisie, qu’on conduise petit à petit les citoyens comoriens à ne plus se faire justice par la violence. Eh bien non et non. L’État abandonne le terrain aux notables.
La principale entreprise publique par son chiffre d’affaires et le nombre de ses employés subit des vols endémiques de ses câbles. Là encore, on espérait que la justice du pays soit saisie. Eh bien non et non. Là encore, l’État abandonne le terrain aux « charifs », à la justice divine. Enfin que dire de l’orientation de cette direction générale ? Comme si elle voulait afficher son mépris de la justice comorienne, son peu de foi en l’État !
L’État comorien serait-il incapable de traiter les grandes questions sociales qui mettent en danger la vie commune ? L’État comorien ne jugerait-il que les citoyens qui gênent le pouvoir ? Les détenteurs du pouvoir, en premier le président Azali, acceptent-ils que les citoyens n’aient aucune confiance en la justice du pays ?
D’un autre côté, on peut s’interroger sur l’attitude des détenteurs du pouvoir, en premier le président Azali, face à la dégradation accélérée des conditions de vie dans le pays, particulièrement celles des plus démunis.
Les pénuries se généralisent entraînant une flambée des prix qui plongent la plupart des citoyens dans une sorte de désespoir. Nourrir sa famille devient la quadrature du cercle pour de plus en plus de personnes. On espérait que l’État interviendrait, s’efforcerait de trouver des palliatifs à défaut de mieux. Eh bien là aussi c’est non et non. On croit pouvoir endormir les citoyens avec du mauvais temps qui empêcherait les bateaux de ravitailler le pays ?
Pourquoi ces ruptures cycliques ? Existeraient-ils des stocks stratégiques pour faire face aux imprévus ? Il semblerait que les hydrocarbures ne disposeraient que d’une réserve de 45 jours après plus de 46 ans d’indépendance ! Rien pour les autres produits de première nécessité !
Comment ceux qui détiennent le pouvoir envisagent-ils l’avenir ? Quelle politique comptent-ils mettre en œuvre pour préserver le pays des aléas climatiques, sécuritaires, et autres ?
Rien n’indique qu’un sursaut salutaire soit en gestation. On aborde superficiellement les questions liées à l’état des ports, aux services portuaires, à la chaîne logistique, car aucune mesure énergique n’est envisagée. On zappe la nécessité de stocks de réserve conséquents. Pour leur part les patrons insistent uniquement sur les taxes et les droits de douane.
La question clé concernant une production nationale de produits agricoles et d’une petite industrie agroalimentaire semble loin des préoccupations du président Azali et de son ministre de l’économie. Par contre pressurer le contribuable est leur sport de prédilection. Même en période de covid, on proclame la main sur le cœur un soutien aux entreprises alors qu’en réalité on augmente la pression fiscale par des augmentations fantaisistes de certaines taxes.
La réalité de l’État comorien dirigé par Azali laisse pour le moins perplexe, en tout cas n’inspire pas confiance, pire il nourrit l’inquiétude. Les nuages s’amoncellent sur le ciel des Comores !
Idriss 05/08/2021
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