Plus d’une cinquantaine de journalistes ont assisté mercredi 2 juin 2021 à la conférence de presse du Front Commun de l’opposition comorienne dans la salle de réunion du restaurant Montbay. Plusieurs inquiétudes questions n’ont toutefois pas reçu de réponses satisfaisantes pendant cette séance. Par Hachim Mohamed
En revanche, les révélations se sont succédé à propos des abus du pouvoir perpétrés aussi bien dans la journée du 26 mai que dans tous les « coups d’État constitutionnels » du Président Azali Assoumani dans les prises de parole d’un Ibrahim Abdourazak, d’un Ahmed Barwane ou d’un Mohamed Abdou Soimadou.
L’interdiction pour l’opposition de se réunir ou de manifester
Les conférenciers sont revenus sur la tension existant entre le Front Commun et le gouvernement qui s’est montré hostile à toute réunion ou manifestation de l’opposition, des droits pourtant reconnus par la Constitution.
« De la part du gouvernement, il y a eu un amalgame criant lorsque qu’il a ramené la note d’information de notre réunion à un récépissé de dépôt de déclaration d’enregistrement d’association, de parti politique au ministère de l’Intérieur », a déclaré d’emblée Mohamed Abdou Soimadou répondant au porte-parole du gouvernement, Houmed Msaidié qui avait tenté de justifier le refus du régime en place d’autoriser les réunions et les manifestations depuis plus de deux ans.
« En plus d’un geste qui dénote l’attitude d’une personne qui ne manifeste pas de la considération pour ses concitoyens ni de sens civique, le ministre de l’Économie Houmed Msaïdié a intérêt à revoir sa copie car il s’agit d’éduquer les citoyens pour leur permettre de mieux comprendre la sphère politique, et pour leur donner la possibilité de remplir leurs devoirs en connaissance de cause » a rajouté Abdou Soimadou.
Le bilan d’Azali
Les rapports entre le gouvernement et le Front Commun se sont encore dégradés à cause de ces interdictions faites à l’opposition le 26 mai.
« Au lieu de venir nous disperser, ils ont commencé à gazer la population depuis l’hôpital El-Maarouf jusqu’au périmètre où se trouve le salon de thé de Salimamoud et ses environs. Vous vous rendez compte ! On a arrêté arbitrairement des gens qui vaquaient à leurs occupations », a raillé le secrétaire exécutif du Front Commun, Ahmed Barwane qui poursuit sur d’autres éléments jugés scandaleux.
« Connaissez-vous le bilan de cinq ans d’Azali ? Le bilan d’Azali est libellé dans l’article 12-3 de la constitution où il concentre entre ses mains des pouvoirs exceptionnels. Le bilan d’Azali n’est rien d’autre si ce n’est ce qu’il a fait de notre constitution en 2018. Son bilan, c’est d’avoir évincé impunément un gouverneur pour nommer un autre à la place. Son bilan, c’est de virer les sept membres de la Cour constitutionnelle et de mettre d’autres personnes à la place. Son bilan, c’est de bafouer, détruire ainsi les valeurs fondatrices de la République que sont notre Constitution et nos institutions ».
Beit-Machaka
Ahmed Barwane revient sur les Comoriens qui ont été tués par les forces de l’ordre dans des circonstances qui demeurent mystérieuses, sans véritable enquête, sans jugement et sans sanction.
« Nous avons une dictature sanguinaire pour laquelle la vie humaine n’a pas beaucoup de valeur. Est-ce que le Président Azali prend la mesure et comprend les conséquences de son attitude quand il compare nos compatriotes tués ici et un Afro-Américain qui a succombé sous un genou d’un blanc yankee ? »
Sur la même lancée, un autre intervenant a proposé de changer le nom de Beit-Salam «
Car ce palais de la République est devenu Beit-Machaka », un lieu « où sont fomentées la haine, la discorde et la violence ».
Mettre fin à la dictature
En tout état de cause, le Front Commun considère que depuis le 26 mai 2021, Azali Assoumani est un président illégitime et illégal et que de ce fait ses actes sont frappés de nullité juridique. « Encore une fois, nous le Front Commun des forces vives réaffirmons notre détermination a mettre fin à la dictature d’Azali Assoumani et à œuvrer pour faire respecter les Accords de Fomboni et nous battre dans ce cadre pour la tournante à Anjouan en 2021 et Mohéli en 2026 », pouvait-on lire sur un communiqué du Front Commun en date du 2 juin.
Certains journalistes se sont dits déçus par la conférence de presse. La réaction du porte-parole de l’opposition ne s’est pas fait attendre. « Quand il s’agit du régime et de ses affidés, il y a toujours une possibilité de se réunir sans enregistrer un ministre de l’Intérieur. Et vous les journalistes vous n’osez pas poser les questions sensibles, mais vous le faites devant l’opposition » faisant ainsi référence à des conférences en petit comité avec le ministre de l’Intérieur.