Du service de prélèvement du « projet-palu » au laboratoire de Mdé qui est le Centre national de référence en matière de PCR, prélever, collecter, traiter et analyser les échantillons a toujours été effectué selon les prescriptions scientifiques applicables et en respectant des protocoles médicalement établis. C’est ce que soutient le Coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme le Dr Affane Bacar. Notre interlocuteur se dissocie de la position de la compagnie Éthiopien Airlines qui a méprisé les compétences de médecins et biologistes comoriens via l’installation d’un autre centre de dépistage à l’aéroport. Propos recueillis par Hachim Mohamed
Masiwa – La compagnie Éthiopien Airlines accuse le pays de faire des faux tests PCR et a installé un autre centre de dépistage rapide à l’aéroport de Hahaya, qu’en pensez-vous?
Dr Affane Bacar – Si vous me posez la question sous un angle politique, je ne saurais pas quoi répondre. Par contre, je peux vous expliquer comment le service de prélèvement travaille dans le souci de permettre à nos compatriotes d’être en possession du document exigé quand ils voyagent.
Masiwa – Comment sont organisés les prélèvements ?
Dr Affane Bacar – Les prélèvements se font du lundi au samedi et les résultats des tests peuvent être obtenus 24 heures après. Compte tenu du scandale des tests PCR traficotés avec de faux documents, désormais il est demandé à la personne qui veut se faire tester, de déposer son passeport.
Masiwa – Combien faites-vous de tests par jour au centre et comment ça se passe ?
Dr Affane Bacar – Je pense qu’au bas mot, 200 prélèvements sont opérés sur place selon une lourde procédure d’échantillonnage. Chaque test coûte 30000fr pour l’intéressé. Ensuite, les échantillons recueillis sont envoyés pour le test PCR à INRAPE (NDLR : Institut National de Recherche pour l’Agriculture, la Pêche et l’Environnement), à Mdé pour être analysés.
Masiwa – Est-ce que les mesures barrières sont suffisamment respectés pendant les prélèvements ?
Dr Affane Bacar – Vous connaissez la mentalité de chez nous. Tout le monde veut être le premier servi. Et quand c’est le désordre dans le service de prélèvement, devant la foule, régulièrement, je prends la parole pour leur rappeler le respect des gestes barrières, notamment la prise en compte de la forte circulation du variant sud-africain qui est plus contagieux et plus létal.
Masiwa – Qu’est-ce qui se passe quand la personne testée a réceptionné les résultats et qu’elle apprend qu’elle est positive ?
Dr Affane Bacar : Malheureusement, certains compatriotes contestent les résultats. Ils disent comment une personne peut être positive alors qu’elle n’a aucun symptôme de la maladie. Evidemment, il y a parfois du grabuge dans le service.
Masiwa – Avec ce qui est arrivé récemment à nos compatriotes bloqués à Addis-Abeba où ils se sont vus refuser l’embarquement pour la France, l’image de nos médecins et biologistes s’est dégradée au niveau international…?
Dr Affane Bacar : Franchement, je suis scandalisé par ces accusations qui ne sont pas étayées par des preuves. Je connais d’excellents biologistes et médecins comoriens qui sont formés les uns en France, les autres en chine et d’autres pays et ils sont compétents. Et ils font correctement leur travail aussi bien ici que dans le laboratoire de Mdé. Que ces gens arrêtent de détracter les compétences, la matière grise de nos compatriotes qui valent mieux que ce que cette compagnie aérienne prétend.