Samedi 30 janvier, le seul candidat dont le dossier a été retenu par le Comité de Normalisation (CONOR), Saïd Ali Saïd Athoumani (SASA), a été élu par acclamation président de la Fédération de Football des Ccomores (FFC). C’est un retour trois ans après son exclusion de l’instance de direction du football comorien. Par Ali Mbaé
Trois ans après avoir été suspendu de ses fonctions à la fédération de football des Comores, Said Ali Said Athoumani (SASA) fait son retour à la tête de la plus haute institution footballistique de l’Union des Comores. L’élection organisée le samedi dernier par le comité de normalisation (CoNor) s’est tenue sans opposant, sous les yeux et le silence complice de la FIFA et de la CAF. SASA été acclamé par les délégués présents. Et ce, malgré le décès brusque du vice-président du comité de normalisation, Fakridine Abdulhalik, emporté par la deuxième vague de la COVID-19 qui ravage les Comores depuis le mois de décembre. Un drame qui a occasionné l’annulation de l’inauguration du stade et le report de tous les matchs de l’ensemble des divisions.
Mission accomplie pour le CoNor
Mis en place par la FIFA le 23 octobre 2019, le CoNor a réussi à accomplir les missions qui lui ont été confiées, entre autres l’adoption des statuts conformes à ceux de la FIFA et de la CAF et l’organisation des élections de la présidence de la Fédération de Football des Comores et celles des ligues des îles.
Le nouveau président revient de loin. Au début de la saison 2019, Said Ali Said Athoumani décide seul et en violation des règles en vigueur de présenter Volcan Club de Moroni, le club dans lequel il a évolué et dont le directeur sportif n’est autre que son bras droit (devenu aujourd’hui son directeur de campagne), à la coupe UAFA, tournoi de la FIFA des équipes du monde arabe au détriment de l’équipe championne de 2018. Cela constitue le début d’un véritable feuilleton qui se transforme en déstabilisation de la FFC. SASA est suspendu trois mois provisoirement par le comité d’éthique de la fédération. À son tour, il prend sa revanche et dissout ledit comité d’éthique. La FIFA intervient quelques semaines plus tard et installe le Comité de Normalisation (CoNor) avec Kanizat Ibrahim (voir interview dans Masiwa n°308), présidente et 4 autres membres : Hamada Bacar, procureur de la République, Soulaimana Soudjay, un avocat au barreau de Moroni, Fakridine Abdulhalik et l’ancien joueur de l’Olympique de Marseille Hamada Jambay. Une équipe mise en place pour diriger et normaliser le fonctionnement de la tête de la FFC.
Une élection pleine d’irrégularités
En septembre 2020, le comité de normalisation a réuni plusieurs acteurs du football comorien des trois îles pour faire des statuts conformes à ceux de la FIFA. Ce sont ces statuts qui ont régi les élections de samedi dernier. Trois candidatures étaient enregistrées par le CoNor et le secrétariat de la fédération le jour de la fermeture des dépôts des listes.
Le 5 janvier 2021, date à laquelle le CoNor se prononce sur les candidats qui répondent aux normes imposées par les textes adoptés en Assemblée générale le mois de septembre, révèle beaucoup d’irresponsabilités. Deux candidats sont recalés et Said Ali se re trouve seul candidat.
Plus tard, on apprendra que ces textes n’ont aucune base juridique. Les nouveaux statuts ne sont même pas enregistrés au ministère de l’Intérieur, comme tous les statuts des associations ou organisations qui ont leur siège aux Comores. Ils n’ont même pas été soumis au ministère des Sports pour avis comme le stipulent les mêmes textes.
Sur le procès-verbal de l’Assemblée générale du 5 janvier, il est mentionné que les cinq membres du CoNor ont pris part, ont signé et aucune procuration n’a été évoquée bien que Hamada Bacar, un membre de ce comité se trouvait bloqué à Moheli depuis le 28 décembre à cause du blocus imposé à l’île à cause des conditions sanitaires liées à l’apparition du variant Sudafricain. Soulaimana Soudjay, quant à lui, se trouvait en France.
Le CoNor évoque un problème un problème de parrainage pour éliminer les deux autres candidats : Said Abdallah Salim, ancien conseiller spécial Jeunesse et Sports du chef de l’État et Mahmoud Aboud, ancien ambassadeur des Comores en Chine. Les deux candidats ont dénoncé pendant une semaine les dérives du CoNor et ont promis d’aller jusqu’au bout pour que « ces bêtises » commises soient réparées.
Aucun recours possible
Le CoNor a brillé également par la violation de ses propres règles. Il a transgressé le règlement qu’il a établi lui-même en septembre 2020. Les deux candidats éliminés n’ont pas eu droit à un recours. Ils ont demandé au comité d’éthique d’annuler le scrutin, mais aucune réponse ne leur a été notifiée, selon des sources proches du candidat Said Abdalah Salim.
La seule voie pour faire un recours aurait été de porter cette affaire qu’ils qualifient de « mascarade » auprès du Tribunal d’arbitrale du Sport (TAS). Mais, cela est impossible, car le recours au TAS se limite aux contestations liées au sport. Il ne siège pas pour les affaires locales des organisations membres.
Et la FIFA ?
« Une mission de la Fédération internationale de football association (FIFA) sera aux Comores avant cette élection, nous allons leur exposer la situation », avait déclaré un des membres de la liste conduite par le candidat Mahmoud Aboud.
Et en effet, le 28 janvier, une délégation conduite par Veron Mosengo Omba un proche du président de la FIFA Gianni Infatinno et le président de la fédération de football de Djibouti, représentant de la confédération africaine de Football ont atterri aux Comores le 28 janvier 2021.
Sans surprise, l’équipe conduite par ces deux personnalités s’est rangée derrière le CoNor et SASA. Elle n’a pas tenu compte des irrégularités qui ont marqué l’organisation de cette élection ayant conduit à la réélection par acclamation de Said Ali. Un ancien membre proche de SASA qui a souhaité garder l’anonymat nous a indiqué que les deux candidats rejetés se sont fait « avoir » : « Attendre que la FIFA de Gianni Infatinno, l’homme qui a offert 295 000 dollars à Said Ali en 2019 pour préparer sa campagne, annule l’élection était un rêve de trop. »