Professionnaliser la danse, un des objectifs majeurs de Tche-Za school. Située entre le carrefour de Bonzamie et la montée de la rue de Hamaramba Est, l’école de danse ouvrira bientôt ses portes. Tche-Za school se munit des ressources nécessaires pour l’aménagement de l’établissement. C’est à la fois la première école de danse et d’art aux Comores. Salim Mze Hamadi Moissi et sa compagnie font plus pour l’art que le ministère de la Culture et d’autres artistes professionnels comoriens. Par Intissam Dahilou
Le succès de la compagnie Tche-Za de Salim Mze Hamadi Moissi dit Seush est incontestable. Sa première pièce chorégraphique de danse « Soyons fous » emporte les coeurs sur les scènes internationales. Aux Comores, les danseurs forcent de l’admiration. Pas seulement grâce à leurs succès, mais aussi grâce à leur rigueur et leur détermination. La compagnie n’a pas la grosse tête face aux gros titres des journaux. Elle mérite sa place d’ambassadeur de la danse aux Comores. Après leur deuxième pièce chorégraphique « Massiwa », les 7 danseurs de Tche-Za font un carton. Une chorégraphie qui surprend plus d’un et qui fait parler un grand nombre de médias français et comoriens.
Professionnaliser les jeunes
Depuis sa création en 2014, Tche-Za relève des défis qui inspirent toute la jeunesse comorienne. C’est le cas pour l’ouverture de la première école de danse contemporaine aux Comores. « …Cela fait 6 ou 7 ans que la danse commence à devenir un gagne-pain pour Tche-Za. Pour moi l’un des principes fondamentaux que Tche-Za a mis en place c’est de former et d’éduquer, affirme Seush. Donc si nous voulons ouvrir cette école c’est précisément pour amener ces jeunes-là à se professionnaliser… ». Professionnaliser des jeunes comme ceux de la compagnie Tche-Za, c’est parmi leurs objectifs. Les Comores regorgent de talents avec une culture riche de danses traditionnelles. Tche-Za school veut d’ailleurs mettre en relief ces danses traditionnelles en les mélangeant aux danses contemporaines.
La danse contemporaine aux Comores n’est pas considérée comme un métier. Mais cela va changer, car maintenant Tche-Za a une carte à jouer sur le plan international. Le hip-hop comorien fait chavirer les cœurs de milliers de spectateurs locaux et étrangers. Des pas de danses traditionnelles notamment le « Sambe », le « shigoma », le « wadaha », le « biyaya » accouplés aux pas de breakdance font un carton. « Nous aurons plusieurs styles académiques de danses, dont la danse contemporaine, le jazz et le classique… Nous sommes en train de faire un partenariat avec l’ambassade de France et l’île de la Réunion qui on espère va nous envoyer des professeurs de danses » nous dit Seush.
Intégrer les danses traditionnelles
Tche-Za school a mis en place un programme qui va satisfaire tout le monde. Notamment les danseurs qui veulent se professionnaliser, les passionnés de danses qui désirent apprendre des pas et même les personnes qui souhaitent perdre du poids. Un programme pour les enfants sera aussi proposé pour des activités précises. « …On aura plusieurs filières chez Tche-Za school, précise Salim. Il y a 6 danseurs qu’on va former durant 2 ans pour nous servir d’interprète ou de chorégraphe à l’extérieur…ensuite on va mettre en place une résidence internationale qui va durer un mois. C’est-à-dire accueillir des chorégraphes internationaux qui veulent venir aux Comores pour une résidence… ».
Tche-Za school ne se donne pas seulement pour objectif de former. L’école veut mettre en place une mobilité internationale pour une rencontre entre danseurs, chorégraphes professionnels et amateurs. Il s’agit aussi d’un point focal pour la danse, les danseurs comoriens et étrangers. Pour Salim Mze Hamada Moissi, le pari n’est plus énorme, il confirme avoir atteint un rêve d’enfance. Une réalité qu’il a encore du mal à y croire. Pour lui, le chemin n’a pas été facile, mais passer à l’action lui a toujours apporté des fruits. Tche-Za shool n’est pas seul à travailler sur ce projet. Elle a le soutien de plusieurs partenaires nationaux et internationaux comme la CCAC ou la cité des Arts de Paris.
La compagnie Tche-Za est prête à tout. Convaincue qu’on n’est jamais assez prêt pour se lancer. La danse n’est pas seulement un divertissement. Pour Tche-Za school, c’est une discipline pour la vie. Elle apprend à mieux connaitre le corps, à le maitriser, mais surtout à rester en bonne santé. « Dans Tche-Za school, tu peux trouver tout ce que tu veux. Si tu es là pour réussir à travers la danse, c’est bien. Si tu es là pour te sentir bien dans ta vie, c’est bien… Si tu veux perdre du poids, il y aura tout ce qu’il faut… », précise-t-il.
Tche-Za school est en plein aménagement. Cela ne décourage pas le chorégraphe de Tche-Za qui considère qu’il a atteint un de ses plus grands objectifs. « … J’ai commencé la folie il y a longtemps. Avant il n’y avait pas de Seush, il n’y avait pas de Tche-Za. Mais j’avais des projets comme Seush Studio. Ouvrir un espace de création… Enfin aujourd’hui, si j’arrive à ouvrir cette école de danse, ça serait un grand rêve réalisé depuis 25 ans de danse. J’attends le jour J pour faire éclater ma joie. Mais, maintenant, je ne peux pas encore me le permettre… », lâche Seush.
Après la compagnie Tche-Za, Salim Mze Hamada Moissi crée Tcheza School. En effet le danseur est déterminé à laisser ses traces sur le monde culturel aux Comores et partout dans le monde. Un pas de plus dans l’industrie de la danse. S’il y a 7 ans on n’en parlait pas, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. La danse contemporaine a conquis un grand territoire. Des danseurs affluent de toute part. Raison pour laquelle Salim Mze Hamada Moissi lance cette école de danse. Est-ce un risque ? En tout cas Tche-Za school est prêt à relever encore une fois le défi. Se professionnaliser dans l’art n’est pas seulement une question de passion, c’est aussi des infrastructures disponibles et capables de régénérer une économie durable.