L’international comorien, Chadhuli Mradabi alias Tchenko, joueur de Volcan Club de Moroni, revient sur ces débuts, dans sa région de hamahame. Son passage au Djabal Club d’Ikoni, où dès la première année, il a été sacré champion des Comores. Il évoque son expérience avec l’équipe nationale et son avenir après le football.Propos recueilli par Ahmed Said Badraoui.
Masiwa – Que retiens-tu de ta carrière ?
Tchenko – J’ai débuté ma carrière en 2006 à Itsandzeni, puis j’ai enchaîné avec l’équipe de mon village (Ngole), jusqu’en 2012 ou je suis parti pour Djabal Club. De 2015 à 2019 j’ai fait un aller-retour entre Ngaya et Bonbon Ndjema, avant d’atterrir cette saison au Volcan Club de Moroni.
Masiwa – Quel est le club qui t’a marqué le plus ?
Tchenko – Sans l’ombre d’un doute, c’est Djabal. Malgré mon départ, ça reste mon club de cœur. Il m’a permis d’avoir le parcours qui est le mien aujourd’hui. Pour cette raison, je serai toujours redevable à la ville d’Ikoni et aux dirigeants de Djabal Club ( mention spéciale à Youssouf Ismaël Adolphe). J’espère d’ailleurs que ce club, arrivera à surmonter les problèmes et revenir en D1 car c’est là où est sa place.
Masiwa – Considéré comme l’un des meilleurs attaquants de notre championnat, quel est ton secret pour rester au top ?
Tchenko – C’est le travail et beaucoup de sérieux. Bien qu’on ne soit pas des professionnels, il faut quand même respecter une certaine sobriété et une hygiène de vie impeccable, pour garder une certaine performance. Dès ma jeunesse, on connaissait mon sérieux. Je préférerais faire l’école buissonnière, au lieu de rater un entraînement.
Masiwa – Les attaquants bénéficient-ils d’un traitement de faveur de la part des arbitres ?
Tchenko – Les défenseurs sont très rugueux et agressifs, le marquage individuel est très dur à vivre pour les attaquants. Souvent les arbitres ferment les yeux. Donc je dirais qu’on ne reçoit aucun traitement de faveur de la part des arbitres. C’est d’ailleurs l’une des raisons, avec l’âge, qui m’ont poussé à revenir sur l’axe de l’attaque. Une position qui me permet d’être moins la cible des défenseurs que sur les côtés.
Masiwa – Tu as avais tenté l’aventure maoraise, qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Tchenko – À Mayotte, il est très difficile pour un joueur sans papier de faire carrière. On est obligé de jouer des matchs sans enjeux. Aucune perspective de carrière, ni local ni au niveau national. La coupe de France impossible de participer si tu es un pwere. Et les clubs maorais ne participent pas aux compétitions africaines. En plus si tu tombes sur un dirigeant peu scrupuleux, il va t’utiliser en te faisant miroiter une régularisation, jusqu’au jour où il aura plus besoin de toi. Donc moi qui avais l’ambition de rejoindre un jour la sélection nationale, il était inconcevable que je reste à Mayotte.
Masiwa – Une fois au sein des Coelacanthes, les coéquipiers en club, ont-ils plus de considération ?
Tchenko – Jouer pour la sélection nationale, c’est le summum. En même temps, en club tu te sens plus responsable, car tu as envie de justifier ton nouveau statut. Tu es obligé d’être exemplaire, sinon tu risques de créer des tensions dans le vestiaire, du coup ça peut se retourner contre toi.
Masiwa – Le football ne fait pas vivre aux Comores, que feras-tu après le foot ?
Tchenko – Même en Europe ceux qui gagnent des millions, s’ils n’ont pas de plans, après la fin de leur carrière, ils finissent souvent ruiner (Emmanuel Eboué, ancien joueur d’Arsenal). Certes on ne gagne pas assez, mais le peu que j’ai pu avoir lors de mes signatures, j’ai mis un peu de côté pour un projet que j’ai en-tête. Avec l’aide de mon père, j’espère pouvoir me lancer sur des activités qui m’aideront à garder mon statut. Sinon être sur le banc, en tant que coach, me tente aussi.