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Masiwa – L’Union de l’opposition a finalement décidé de ne pas participer aux prochaines élections législatives. Pourquoi ?
Youssouf Said Soilihi – C’est un choix qu’il n’a pas été difficile de faire dans la mesure où la plupart des partis qui composent tant l’Union de l’Opposition que le Conseil national de Transition (CNT) ont constaté que rien ne va. Tirant les enseignements du passé, nous nous sommes rendu compte qu’aller à ces élections serait une grave erreur, parce que c’est continuer à crédibiliser les autorités de fait qui sont aux commandes de notre pays. L’union de l’opposition a estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour avoir un scrutin libre, démocratique, crédible et transparent. Et donc la conclusion est venue d’elle-même : il n’y a pas lieu d’y aller. Nous nous réjouissons du fait que nous avons eu raison de remettre en cause la décision des autorités de fait de transférer les compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême. Nous estimons que depuis cette époque, les actes posés par ces autorités sont illégaux. Tirant donc les conclusions de cette situation, nous avons estimé qu’il n’y a pas lieu de participer à cette mascarade. Ça ne sera pas des élections, ça sera comme la mascarade des présidentielles et des gouverneurs. Ce qui s’est passé à Anjouan et à Moheli nous a amenés à en déduire qu’il n’y a pas eu d’élections. C’est pour cela que nous avons tenté d’empêcher les élections à Ngazidja.
Masiwa – Donc si la Cour constitutionnelle est rétablie, vous participerez ?
Youssouf Said Soilihi – Nous avons certains points qui sont non négociables. D’abord, l’état de droit, le rétablissement de la Cour constitutionnelle est nécessaire, mais l’état de droit nous parait fondamental. La commission électorale qui est là ne répond pas du tout à nos attentes. Nous avons besoin d’une structure qui sera la plus neutre possible, or celle qui existe n’est indépendante que le nom. Ce que Dafine et Djaza ont fait montre qu’ils sont à la solde des autorités. D’ailleurs, c’est pour cela qu’ils sont maintenus. Sinon la logique aurait voulu que Djaza s’en aille. Ce n’est pas un hasard s’ils sont toujours là. Mais puisque la volonté de ces autorités de fait est de se maintenir au pouvoir. Elles savent qu’elles sont impopulaires. Leur seul moyen est de maintenir ses hommes pour que justement ils valident chaque élection. Il y a un certain nombre de conditions qui devaient être remplies avant qu’on participe.
Masiwa – Le collège électoral n’a toujours pas été convoqué, pourtant une date a été annoncée, pensez-vous qu’Azali recule ?
Youssouf Said Soilihi – Je ne pense pas. Je ne vois pas une raison qui l’amènerait à faire marche arrière. Peut-être qu’il réfléchit. Il est peut-être surpris de notre position parce qu’il s’attendait à ce que, comme aux présidentielles et à l’élection des gouverneurs, nous allions glisser et lui donner à chaque fois les moyens pour kidnapper les élections. Nous devions renoncer à ces élections. Ce qui est passé en mars dernier est une preuve de ses manigances.
Masiwa – En lisant vos derniers communiqués, on sent que vous vous sentez déjà au pouvoir. Vous ne pensez qu’à la transition ?
Youssouf Said Soilihi – Tout le monde sait que nous n’avons pas le pouvoir. C’est une stratégie de lutte. Comme celui qui est aux commandes est illégal, alors on prépare sa relève. C’est pourquoi nous raisonnons en ces termes là. Nous parlons d’une transition parce que c’est ce qui permettra à l’île d’Anjouan de récupérer son tour en 2021. Nous pensons que le régime qui dirige notre pays est fini. Donc,il faut qu’on le remplace.
Masiwa – Donc vous ne réclamez pas de nouvelles élections ?
Youssouf Said Soilihi – Tant que les conditions ne seront pas réunies, il n’y a pas eu lieu de réclamer des élections. Comment peut-on réclamer la tenue d’une élection avec un Djaza à la tête de la CENI, avec Azali Assoumani, non. Il faut renoncer à tous. C’est-à-dire tout ce qu’ils ont fait jusque-là. Si ce n’est pas le cas,nous n’imaginons pas des élections avec ce régime.
Masiwa – Quelles sont les stratégies mises en place pour reprendre le pouvoir ?
Youssouf Said Soilihi – On ne peut pas dévoiler nos stratégies. Il y en a qui sont clandestines, il y en a qui ne peuvent pas être annoncés comme vous le demandez. Nous sommes en train de combattre un régime. Nous voulons qu’il s’en aille. Nous voulons une alternance. Comment va-t-elle se tenir, Dieu seul qui le sait. Nous voulons une transition pour qu’Anjouan récupère son tour et le plus tôt serait mieux.
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