Plusieurs explosions dont on ignore encore l’origine à Wani en début de soirée du 5 juillet, à Mirontsy et Sima jeudi alimentent les spéculations. KAY
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]
La veille de la fête de l’indépendance, en début de soirée du 5 juillet, à l’heure où l’armée et des civiles s’apprêtaient à exécuter la traditionnelle parade nocturne connue ici sous le nom de « Tariaro »,
une forte déflagration est entendue dans les environs du front de mer de l’aéroport de Wani. Quelques minutes après, un pick-up plein de soldats lourdement armés part de la caserne de la gendarmerie de Mutsamudu en direction de Wani.
Puis, personne n’a écho de cette histoire. Après recoupement, on apprendra mardi 9 juillet, d’une source officielle qu’ils s’agissait de pêcheurs à la dynamite qui opéraient dans le secteur et que l’affaire n’aurait rien d’alarmant. D’ailleurs le Tariaro s’est déroulé bien que retardé semble-t-il pour avoir des échos de Wani.
Des pêcheurs ?
Mercredi, Masiwa a interrogé des pêcheurs de la région pour savoir qui aurait eu l’ingénieuse idée de pratiquer la pêche à la dynamite dans le noir, mais personne n’a donné crédit à cette hypothèse.
« La zone où nous avons entendu cette déflagration est une zone où nous avons interdit la pêche aux filets et il me semble inimaginable que des braconniers iraient mettre de la dynamite à quelques centaines de mètres seulement de la brigade de la gendarmerie de Wani. Et il faut être un fou à lier pour faire ça la nuit. Qu’on nous présente ces gens, on veut les connaître » raconte un pêcheur de la région.
D’autres sources, mettent cette explosion dans le registre des rumeurs persistantes d’éventuelles tentatives d’organisation d’une autre forme de contestation contre le régime, qui seraient semble-t-il en préparation et qui fait qu’en haut lieu les autorités civiles et militaires chercheraient une stratégie préventive et dissuasive. Les renseignements ne suffiraient plus. Dans la Médina de Mutsamudu ces rumeurs d’une « libération » proche font tâche d’huile depuis des semaines et certainement ces rumeurs qui remontent jusqu’au plus haut niveau des autorités, agiteraient l’armée.
Sinon quelle lecture faire des simulations guerrières commentées de la place Mzingaju, du gouverneur de l’île qui devrait officier la cérémonie qui s’est retrouvé finalement sur la place de l’indépendance de Moroni, tout comme son homologue de Mohéli. Comment ne pas faire un lien entre tout cela avec la paupérisation de la situation politique et sécuritaire qui s’impose de fait dans cette partie du territoire national ?
Mercredi soir, peu après la prière de l’aensha, une déflagration plus importante que la première s’est faite entendre, de nouveau.
Des mines artisanales
Le mystère des explosions nocturnes à Anjouan,plane toujours, huit jours après une première explosion (d’une série d’au moins quatre) entendue aux abords de l’aéroport de Wani en début de soirée du 5 juillet. 3 personnes seraient auditionnées (tous du parti Juwa) ce jeudi par les enquêteurs mais rien pour l’instant ne confirme qu’ils seraient impliqués dans cette série d’explosions nocturnes.
Il s’agirait visiblement des mines artisanales selon des indices laissées sur place à Mluwale-Mirontsy à environ 500m du dépôt d’Anjouan de la société Comores hydrocarbures vers Wani où plusieurs témoins à Mirontsy affirment avoir entendu la déflagration vers 5h08.
Pendant que les riverains de Wani s’interrogeaient sur une première explosion mercredi vers 20h00,à l’aube de jeudi à 4h06 et 4h08, deux explosions quasi simultanées ont été entendues à Wani et à l’entrée ouest de Mirontsy. Ces explosions n’ont pas fait de victimes mais quelques dégâts mineurs à l’aéroport du côté de l’ail administratif et de la suite VIP. Celle de Mluwale n’a écorché que l’enrobé de la chaussée. Une quatrième explosion auraitentendu à Sima ce même jeudi à l’aube.
Aucune autorité n’a communiqué sur l’affaire alors que nous mettions sur presse. Les autorités judiciaires et militaires approchées par Massiwa jeudi en fin de journée, n’étaient toujours pas en mesure de dire que ce que nous savions déjà. Nous apprenons un peu tard l’interpellation, pour auditions de 3 militants du parti Juwa à Mutsamudu. Un opérateur économique, un agent de Comores Télécom et un agent de la Chambre des Commerce, de l’industrie et de l’artisanat de Ndzuani . Des militants très impliqués du parti Juwa.
Ce que l’on peut retenir de cette vague mystérieuse d’explosions, c’est que le mode opératoire semble plus organisé et exécuté par probablement des professionnels voulant bien afficher leur signature. Pour quelle finalité ? Il est trop tôt pour le dire.
Rappelons que depuis quelques temps couraient la rumeur à Anjouan selon laquelle après les épreuves du Bac, il y aurait des actions décisives pouvant dissuader Azali de garder le pouvoir.
Dans l’opposition officielle comme dans les plus hautes sphères dirigeantes du parti Juwa, régulièrement ciblé par le pouvoir comme étant les « fauteurs de trouble à Anjouan », personne n’étaient mesure de nous dire si la rumeur était fondée ou être impliqué dans opérations d’envergure allant jusqu’à l’usage d’armes à feu ou d’explosifs.
Dans les milieux politiques proches du pouvoir, la prudence est de mise. Personne ne veut prendre le devant pour réagir.
Au palais de justice de Mutsamudu, les vas-et-vient des gendarmes chez le procureur confirment que l’enquête est en cours et que le procureur attend toujours les premières éléments d’enquête pour communiquer, comme il a lui-même confié à Massiwa ce midi.
[/ihc-hide-content]