C’est officiel. La décision est tombée le 4 juin. L’équipe nationale de football desComores (les Cœlacanthes) vient d’être battue sur le papier après avoir perdu la bataille sur le terrain. Les Comores ne participeront pas à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui débute dans quelques jours, en Egypte, le 21 juin. Encore une désillusion pour lesVerts. Ali Mbae
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Une surprise
En effet, le Tribunal arbitral duSport (TAS) vient de rendre son verdict le mardi 4 juin. C’est un coup dur pour le football africain, et le football comorien en particulier. Le TAS maintient la participation de l’équipe du Cameroun, les Lions Indomptables,à la prochaine compétition continentale au détriment du respect strict de l’article 92-3 des statuts de la CAF qui stipule qu’en cas de retrait de l’organisation à un pays, ce dernier sera disqualifié.
Pour rappel, la Fédération de Football comorien (FFC) avait déposé une plainte demandant le respect du fameux article 92. Avec la plus grande surprise, les fans des Cœlacanthes ont découvert que le Tribunal arbitral a apposé une « irrecevabilité »à la dite plainte : « la FFC ne dispose d’aucun intérêt sportif digne de protection…il lui était ainsi mathématiquement impossible de se qualifier pour cette compétition ». Le TAS poursuit aussi sa motivation en déclarant que : « la FFC ne dispose d’aucun intérêt légal suffisant à demander que la FECAFOOT soit suspendue par la CAF ». Ainsi se résument les arguments avancés par cette instance.
Ces arguments de l’instance arbitrale suscitent des interrogations sérieuses sur la mise à l’écart du droit par cette organisation africaine du football. L’argumentaire explique implicitement que ça devrait être le Malawi, l’équipe qui a terminé troisième du groupe, de porter plainte. La CAF a-t-elle erré consciemment? Et pourquoi ne pas user du droit? Pourquoi le Malawi ne participe donc pas à la CAN ?
Ahmad Ahmad a-t-il joué un rôle sur ce rejet?
Plusieurs interrogations s’imposent à cause des déclarations « incendiaires » que le président de la CAF, Ahmad Ahmad a multiplié ces derniers temps. Il a,en quelque sorte, anticipé le verdict : « Le Cameroun ira à la CAN. Il le mérite plus que les Comores. Ils l’ont démontré sur le terrain. Les Cœlacanthes sont les derniers de leur groupe. Combien de fois, ils vont se taper pour pouvoir se plaindre auprès du TAS “, avait confié le président de la CAF, originaire de Madagascar. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas le seul dossier sportif qui a été mal géré par Ahmad Ahmad. Il vit dans la tourmente en ce moment. Les accusations se succèdent de jour en jour. Il vient d’être rattrapé par une affaire de pot de vin après l’affaire d’accusation de malversations. Cela lui a valu son interpellation hier dans la matinée dans un hôtel parisien pour des soupçons de corruption dans une affaire qui remonte à 2017.
Comment cette nouvelle a-t-elle été accueillie par les Comoriens ?
Le manager des Verts,Ben Amir Saadi,n’a pas tardé à réagir. Sur son mur Facebook, il affiche sa déception suite à l’annonce de la sentence tombée. Mais, il conserve son habituel fair-play : « le coup est rude mais nous ne regrettons aucunement d’avoir mené ce combat avec vous. Nous respectons les décisions prises par le TAS et souhaitons un très bon parcours aux lions indomptables. » Pourtant, Ben Amir Saadi est celui qui s’est battu pour que les Comores ne se fassent pas piétiner sans réagir. Il a sollicité les supporteurs des Verts pour contribuer au règlement des frais de justice. Le 29 mai dernier il était à Lausanne en compagnie du président de la FCC pour l’ouverture de l’arbitrage. Il attendait donc le résultat avec impatience. Mardi dernier, à l’annonce du verdict, il a eu une autre raison de se consoler, contrairement à ce qui se passe dans ce genre d’affaires, les Comores n’ont pas été condamnés à payer les frais de l’adversaire.
La décision du TAS ne passe pas chez certains supporteurs des Coelacanthes. Ils rêvaient qu’après tant d’injustice dues à l’arbitrage sur le terrain leur équipe pouvait accéder à la CAN pour la première fois : « C’est une mauvaise nouvelle pour l’ensemble du football africain. Malgré le talent qu’ont les équipes de notre continent, la corruption fait reculer ce sport. Au-delà du terrain, il y a des règles établies. Si les responsables décident de passer à côté des lois, les gens se désintéresseront de notre football ” regrette Mohamed Hassan, un fervent supporteur des hommes d’Amir Abdou. Une autre supportrice, Sonya Ahmed, présente une autre version de la déception : « Au moins, la CAF a compris que nous sommes petits par la taille mais pas au niveau sportif. Chaque pays a une seule voix. Un jour, le droit sera mis en avant ».
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