La préfecture du centre a interrompue la marche pacifique pour la liberté d’expression organisée par les journalistes. Les forces de l’ordre sont appelés à la rescousse pour disperser les manifestants.
Par TM
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Samedi dans la journée, les journalistes effectuent une marche pacifique depuis le lycée de Moroni jusqu’à la place de l’indépendance. Les forces publiques réquisitionnées par le préfet du centre ont coupé court à cette marche à laquelle avaient pris part des membres de la société civile, un artiste de renom et des militants des droits de l’homme en général et de la liberté d’expression en particulier.
Environ une vingtaine de manifestants sont partis du lycée Said Mohamed Cheikh pour se diriger, pancarte à la main, à la place de l’indépendance. Arrivé à Badjanani, une poignée de gendarmes surgis de Mtsangani et empêche le cortège de poursuivre son chemin. Les gendarmes n’étaient pas munis de l’interdiction du préfet. Ce à quoi se sont entêtés les journalistes qui avaient au préalable déposé une déclaration à la préfecture, définissant le motif, l’heure et l’itinéraire de la marche.
Un motard est envoyé en urgence à la gendarmerie récupérer la fameuse réquisition. Dans ce laps de temps, un accrochage est déclenché. Les gendarmes, dans leur excès de zèle, empêchent les journalistes de se filmer ou de se prendre en photo, encore moins de faire un pas en avant. Ils ont essayé de confisquer les téléphones portables, sans succès. Soudain, le motard est revenu avec le document qu’un gendarme a lu, à haute voix, devant les manifestants. Les journalistes ne pouvaient qu’obtempérer, bon gré mal gré.
Un peu avant, la presse a pu lire contre vents et marées une déclaration préparée à l’occasion. «Deux journalistes d’une radio très critique à l’endroit du président comorien Azali Assoumani ont été arrêtés et incarcérés après avoir été présentés à un juge mardi dernier», lisait Mbae Ali, journaliste de Masiwa. Notons que l’élément déclencheur de la manifestation est juste l’arrestation de nos deux confrères Abdallah Agwa et Oubeid Mchangama. Deux journalistes vedettes de la très suivie page Fcbk FM qu’ils ont ouvertes suite à la fermeture arbitraire de leurs stations radio LaBaraka FM et Radio Kaz.
«Les chroniqueurs politiques comoriens Abdallah Abdou Hassan dit Agwa et Oubeidillah M’changama ont respectivement été arrêtés samedi 9 et lundi 11 février, sans raisons officielles connues, ils ont été incarcérés à la prison de Moroni ce mardi 12 février. Reçus directement depuis la gendarmerie par le juge d’instruction, sans leurs avocats à qui on avait indiqué une date ultérieure de comparution, les deux collègues -qui ont fait de la vérité crue leur marque de fabrique- semblent avoir froissé des personnalités au plus haut niveau de l’État. L’ensemble des professionnels des médias s’indigne que la liberté d’expression puisse être à ce point menacée à fortiori à l’aune d’une campagne électorale présidentielle», devait-il poursuivre.
«Les journalistes comoriens craignent que la liberté de la presse ne connaissent des heures sombres dans un tout proche avenir». En effet, dans cette période électorale, l’inquiétude ne peut que gagner les professionnels qui ne jouent pas le jeu du régime d’Azali. Le rappeur Cheikh MC partage d’ailleurs cette crainte. «Ils ont leur propre constitution qu’ils appliquent. Et cette constitution s’appelle «dictature», ironisait l’auteur de «Moibie». Quant à Ben Abdallah, il regrette que même une marche pacifique qui ne représente aucune menace à l’ordre publique soit interdite. Peut-être que si nous manifestions en faveur d’une cause défendue par le régime, nous pourrions finir notre trajet.
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