Chaque année la fête de l’Aïd rassemble les Comoriens dans les préparatifs. Ainsi, l’affluence des dix derniers jours pour l’organisation de cet évènement permet rarement de prendre de l’avance. Les gens sont débordés jusqu’au dernier moment.
Par Hachim Mohamed.
Dans la capitale, chaque jour, règne un joyeux désordre quand les passants prennent tôt d’assaut les rues. Sur les petits trottoirs de Moroni, du matin au soir, on voit des gens qui vont et viennent, se croisent et se heurtent, se croisent encore dans les périmètres fréquentés. Les rues semblent se rétrécir, tant ces passants, ces vendeurs saisonniers, en nombre, empiètent sur la voie publique au point de s’approprier les espaces au grand dam des habitants de la ville.
Pendant l’affluence des dix jours, force est de constater que la frénésie est palpable dans les différents quartiers de Moroni. Pour faire face à l’affluence, les boutiques augmentent les effectifs. Malgré la crise, les clients sourient facilement et sont heureux à l’idée que la fin du ramadan est imminente.
Spectacle impensable il y a quelques années, les rues piétonnes de la vieille ville qui s’étendent en longueur de Djumwamdji à Volo-volo en passant par Magoudjou regorgent de plus en plus de femmes qui s’improvisent commerçantes.
Un jour de fête à vivre coûte que coûte
En attendant la date fatidique de l’Aid, c’est déjà la fête. Pour comprendre cette effervescence malgré les difficultés, il faut chercher dans les écritures religieuses : « Que Dieu soit satisfait de toi, que ta vie soit pleine de joie, et que le bonheur envahisse ton toit ! Que Dieu renforce ta foi, qu’il te réserve un heureux destin, qu’il te trace un bon chemin et qu’il fasse de toi une lumière qui jamais ne s’éteint, Aïd Moubarak. », peut-on y lire.
C’est la raison pour laquelle, selon les croyances, la préparation de la fête consiste à regarder autour de nous le bon, le beau, le bien et le reste attendra.
Plus la distance pour arriver au jour J s’amenuise, plus épiceries et boulangeries perdent leur clientèle au profit des boutiques de vêtements resplendissants, de chaussures et d’accessoires portant des marques internationales
« Je suis en train de chercher ce que je vais porter pour la fête, mais je n’ai pas encore trouvé boubou et chaussure à mon goût », a lâché Soilah qui, à Magoudjou, pointe du doigt la différence, quand il s’agit de faire les emplettes entre Moroni et Dakar.
Au bout du compte, si pour certains, ce sera vraiment un jour de fête, pour d’autres peut-être que non. Mais, pour la population comorienne comme les étrangers vivant parmi eux, il sera à vivre coute que coute, et c’est cela qui compte.
Des voleurs pendant le rush
À quatre jours de l’aïd, ils ne sont pas nombreux les parents à disposer suffisamment de temps pour courir les magasins dans le but de comparer et acheter les biens proposés. Cela d’autant plus que c’est aussi l’occasion pour les femmes de nettoyer derrière les meubles et de dépoussiérer à fond les tapis pour embellir leurs maisons.
Cependant, pendant la période de shopping, un vol à la tire a été commis. Une dame d’Iroungoudjani avait décidé d’aller se payer les vêtements et chaussures de ses trois enfants. En affrontant les dernières heures pendant lesquelles les activités sont au plus haut, elle fut victime d’un vol à la tire. La concentration de clients fait qu’il y a également des voleurs qui infestent les chemins.
« Pendant que j’étais en train de regarder les chaussures qui peuvent plaire à un de mes enfants, un quidam qui était derrière moi a subrepticement subtilisé mon porte-monnaie qui était dans mon sac. Je suis rentré à la maison bredouille, car il a pris tout mon argent. », raconte cette maman.
Moroni, « poubelle » pendant la fête
Dans un contexte de propagation du choléra, à Moroni, les autorités municipales ne prennent pas de mesures afin que les populations vivent et travaillent dans un environnement sain. Une situation qui fait que beaucoup de personnes continuent de tomber malades et mourir prématurément.
Nos compatriotes qui partent d’un quartier à un autre de la ville pour serrer des mains à l’occasion de l’aïd, se sont rendu compte que Moroni ressemblait à une ville poubelle, avec des montagnes de déchets.
« La capitale de Moroni de l’Union de Comores est actuellement submergée par les ordures et il est regrettable de constater que jusqu’à présent aucun membre du conseil n’a osé interpeller les administrateurs de la Mairie à ce sujet. Dire que deux jours de recouvrement de taxes municipales pourraient suffire à financer cette opération sans problème, c’est hallucinant », a expliqué l’ex-ministre de la Justice, Abass Mohamed El-HAD qui sur son mur Facebook s’est fendu d’une contribution de technicien du maire de Moroni.