Puisse-t-il exister un pays où seuls le mensonge et la démagogie s’imposent sur le droit et la loi ? Puisse-t-il exister un pays où le charlatanisme et la trahison règnent en toute liberté ? Pour un tel pays, il faut s’attendre à tout : du mieux comme du pire.
Par Abdillahi Mohamed, citoyen à la retraite
Pour le sort d’un peuple, parlons un peu des élections ! Aux iles de la Lune et des parfums, les Comores, qui évoluent selon leur rythme nonchalant et sans repère précis, les élections se suivent néanmoins ne se ressemblent nullement. Qu’on en dise sincèrement .Tant pis pour l’observateur rêveur qui puisse ne rien comprendre. Seulement il ne verra que de fumée.
En fait, ces dernières décennies, nous assistons à des faits inimaginables. Aussi étonnantes voire déroutantes que cela puisse paraitre, des élections lesquelles font jaser, même pour un habitué aux bonnes habitudes. Tant d’exemples font florès dans cet archipel qui, jadis, fut un petit havre de paix.
Il n’y a pas si longtemps, un candidat à l’élection « présidentielle » de l’ile de Ngazidja disait que « celui qui est arrivé en tête d’une élection au premier tour, le sera au second ». Une affirmation loin d’être valable et partagée par la majorité des Comoriens qui s’avèrent sceptiques. Vu le monde dans lequel ils vivent actuellement, surtout dans leur propre pays. En guis d’exemples frappants : en 1990, un candidat lors des élections présidentielles multipartites était arrivé en tète ; et au second tour le ministre de l’Intérieur d’alors l’a viré en « éteignant la lumière » pendant le décompte. Sur ce, il le dira plus tard en « se confessant ». En 2016, un candidat placé en 4ème position selon les résultats officieux et à en croire ceux qui étaient au pouvoir , s’est vu repêché au détriment d’un autre mieux placé faisant partie du trio en tête.. Seuls les deux premiers devaient s’affronter au deuxième tour en un duel pas comme celui des westerns où on peut voir la mort de l’un d’aux. Par un revirement favorable, le repêché a été élu grâce à la bénédiction d’un ancien président. La suite tout le monde la connait malheureusement.
Encore en 2019, après la modification de la Constitution par la volonté du dirigeant de l’archipel aux mangues qui se vendent chères plus que les produits, importés, occupait la troisième position, selon des sources concordantes. Décidément, par un tour « magique ou malveillante » par la grâce « divine », ce candidat a été proclamé « vainqueur » par la bienveillance de la CENI, du ministre de l’Intérieur et du chef de l’armée. Vraiment on aura tout vu et vécu dans ce pays à miracles.
Dernièrement, au 14 janvier de cette « bonne » année pas comme les autres, lors des élections présidentielles cinq candidats issus de l’opposition s’apprêtaient à en découdre avec le Président-candidat au pouvoir plus de sept ans et demi. En parcourant les iles et munis des moyens limités nonobstant animés d’un courage et d’une « fureur de vaincre » ces cinq candidats avaient réussi à convaincre la majorité de la population pour tourner la page de l’autoritarisme budgétivore.
Quoi de plus étonnant pour le déroulement du scrutin le jour J !
Malgré la pluie battante,nombreuse sont ceux qui ont fait le déplacement pour accomplir leur devoir civique. Par la suite, qu’est ce qu’on n’a pas vécu?
D’une part, un noble maire d’une grande localité était vu en train de sortir de son intimité des bulletins pour bourrer les urnes, d’autre part une bonne dame de la haute noblesse, sans se gêner, devant les mandataires et les observateurs, n’en parlons plus les curieux toujours aux aguets, s’est permise de sortir de son panier « des pommes d’or » pour satisfaire son cher honorable candidat. En outre, un candidat en lice, avant le 14 Janvier avait appréhendé des listes dont le candidat au pouvoir avait déjà eu la mention acceptable. D’autant plus que surtout sur l’île d’Anjouan, vers la mi-journée des militaires se sont emparés des urnes vers des destinations inconnues pour, Dieu seul le sait ! Autant de cas flagrants pour…
Quand les opposants ont crié aux fraudes et au bourrage des urnes, le porte-parole et chef de campagne de l’alliance présidentielle criait au mensonge, accusait ses adversaires de « mauvais perdants » et leur demandait d’apporter des preuves. Pour lui, des cas de flagrant délit vus par tout le monde sont loin d’être des preuves. Certes, le chef a toujours raison que la raison ignore, dit-on.
La suite ne se faisait pas attendre : des chiffres officieux connus par tous les observateurs et à travers les réseaux sociaux, vu les procès-verbaux légaux ont placé le président-candidat en 3ieme position. Et hop encore un miracle a eu lieu à la CENI laquelle a placé le chanceux » en tête : élu avec 62 pourcent ainsi que ses valeureux et illustres compagnons de lutte au poste de gouvernorat.
Qui peut douter d’un tel succès puisque ses partisans répétaient sans cesse, à qui voulait l’entendre, qu’ils allaient l’emporter en « unique grand coup »! La CENI, ainsi que la cour suprême ou « cour supprimée » selon un ancien membre de Pasoco (paix a son âme), qui a préféré passer outre les requêtes de l’opposition, en « modifiant » à sa façon les chiffres, tant pis pour les autres, « malheureux aux vaincus » je l’avais noté précédemment.
Ainsi, à partir de mai prochain, le chef de l’état commencera son 3ieme mandat, cinq belles années devant lui et aura les coudées franches pour conduire son pays à « l’émergence » chère à ses vœux.